Ton rire est clair, ta caresse est profonde, Tes froids baisers aiment le mal qu'ils font ; Tes yeux sont bleus comme un lotus sur l'onde, Et les lys d'eau sont moins purs que ton front. Ta forme fuit, ta démarche est fluide, Et tes cheveux sont de légers réseaux ; Ta voix ruisselle ainsi qu'un flot perfide ; Tes souples bras sont pareils aux roseaux, Aux longs roseaux des fleuves, dont l'étreinte Enlace, étouffe, étrangle savamment, Au fond des flots, une agonie éteinte Dans un nocturne évanouissement.
Sieben Lieder nach Renée Vivien
Song Cycle by Klaus Miehling (b. 1963)
1. Ondine  [sung text not yet checked]
Authorship:
- by Pauline Mary Tarn (1877 - 1909), as tarn under the pseudonym Renée Vivien, "Ondine", appears in Etudes et préludes
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Épitaphe  [sung text not yet checked]
Doucement tu passas du sommeil à la mort, De la nuit à la tombe et du rêve au silence, Comme s’évanouit le sanglot d’un accord Dans l’air d’un soir d’été qui meurt de somnolence. Au fond du Crépuscule où sombrent les couleurs, Où le monde pâli s’estompe au fond du rêve, Tu sembles écouter le reflux de la sève Murmurer, musical, dans les veines des fleurs. Le velours de la terre aux caresses muettes T’enserre, et sur ton front pleurent les violettes.
Authorship:
- by Pauline Mary Tarn (1877 - 1909), as Renée Vivien, "Épitaphe", appears in Cendres et Poussières, first published 1902
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Lassitude  [sung text not yet checked]
Je dormirai ce soir d’un large et doux sommeil… Fermez bien les rideaux, tenez les portes closes. Surtout, ne laissez pas pénétrer le soleil. Mettez autour de moi le soir trempé de roses. Posez, sur la blancheur d’un oreiller profond, De ces fleurs sans éclat et dont l’odeur obsède. Posez-les dans mes mains, sur mon cœur, sur mon front, Les fleurs pâles au souffle amoureusement tiède. Et je dirai très bas : « Rien de moi n’est resté… Mon âme enfin repose… ayez donc pitié d’elle. Qu’elle puisse dormir toute une éternité. » Je dormirai, ce soir, de la mort la plus belle. Que s’effeuillent les fleurs, tubéreuses et lys, Et que meure et s’éteigne, au seuil des portes closes, L’écho triste et lointain des sanglots de jadis. Ah ! le soir infini ! le soir trempé de roses !
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- by Pauline Mary Tarn (1877 - 1909), as Renée Vivien, "Lassitude", appears in Cendres et Poussières, first published 1902
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Roses du soir  [sung text not yet checked]
Des roses sur la mer, des roses dans le soir, Et toi qui viens de loin, les mains lourdes de roses ! J'aspire ta beauté. Le couchant fait pleuvoir Ses fines cendres d'or et ses poussières roses... Des roses sur la mer, des roses dans le soir. Un songe évocateur tient mes paupières closes. J'attends, ne sachant trop ce que j'attends en vain, Devant la mer pareille aux boucliers d'airain, Et te voici venue en m'apportant des roses... Ô roses dans le ciel et le soir ! Ô mes roses !
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- by Pauline Mary Tarn (1877 - 1909), as Renée Vivien, "Roses du soir", written 1903, appears in Évocations
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Let the dead burry their dead  [sung text not yet checked]
Voici la nuit : je vais ensevelir mes morts, Mes songes, mes désirs, mes douleurs, mes remords, Tout le passé... je vais ensevelir mes morts. J'ensevelis, parmi les sombres violettes, Tes yeux, tes mains, ton front et tes lèvres muettes, Ô toi qui dors parmi les sombres violettes ! J'emporte cet éclair dernier de ton regard... Dans le choc de la vie et le heurt du hasard, J'emporte ainsi la paix de ton dernier regard. Je couvrirai d'encens, de roses et de roses, La pâle chevelure et les paupières closes D'un amour dont l'ardeur mourut parmi les roses. Que s'élève vers moi l'âme froide des morts, Abolissant en moi les craintes, les remords, Et m'apportant la paix souriante des morts ! Que j'obtienne, dans un grand lit de violettes, Cette immuable paix d'éternités muettes Où meurt jusqu'à l'odeur des douces violettes ! Que se reflète, au fond de mon calme regard, Un vaste crépuscule immobile et blafard ! Que diminue enfin l'ardeur de mon regard ! Mais que j'emporte aussi le souvenir des roses, Lorsqu'on viendra poser sur mes paupières closes Les lotus et les lys, les roses et les roses ! ...
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- by Pauline Mary Tarn (1877 - 1909), as Renée Vivien, "Let the dead burry their dead", appears in Cendres et Poussières, first published 1902
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Sommeil  [sung text not yet checked]
Ô Sommeil, ô Mort tiède, ô musique muette ! Ton visage s'incline éternellement las, Et le songe fleurit à l'ombre de tes pas, Ainsi qu'une nocturne et sombre violette. Les parfums affaiblis et les astres décrus Revivent dans tes mains aux pâles transparences Évocateur d'espoirs et vainqueur de souffrances Qui nous rends la beauté des êtres disparus.
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- by Pauline Mary Tarn (1877 - 1909), as Renée Vivien, "Sommeil", appears in Cendres et Poussières, first published 1902
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]7. L'ondine  [sung text not yet checked]
[Un soir d'automne, je]1 vis l'Ondine qui sourit au fond des fjords. Sa voix ruissela dans le silence tiède. « Donne-moi des roses, des roses pour ma chevelure. « Ma chevelure est pareille au reflet de la lune sur les ondes. « Donne-moi des roses pour ma chevelure. » Je cueillis les églantines qui blanchissent les vallées, Et je les semai sur les flots. « Et toi, que me donneras-tu en échange de mes roses ? -- Je ne te donnerai rien. » Un soir d'automne, je vis l'Ondine qui sourit au fond des fjords. « Donne-moi des fruits pour le festin des Sirènes et des Noyés... « Ils se meuvent avec lenteur et leurs mouvements ont le rythme des marées. « Leur âme est pareille à une conque où vibre éternellement le remous de la mer. « Ils ne se souviennent d'aucun amour. » Je cueillis les baies sauvages qui rougissent la montagne, Et je les semai sur les flots. « Ne me donneras-tu rien en échange des fruits de la montagne ? -- « N'espère rien de moi. Je suis Celle qui ne donne jamais. Mais plutôt, jette dans mes mains tendues le collier d'or que jadis t'apporta l'Être aimé. « Car les Noyés m'apparaissent au fond de la brume, et leurs gestes suppliants me convient au festin... » J'ôtai le collier d'or et je l'égrenai sur les flots. « Donne-moi tes yeux, afin que tes regards ne soient jamais ravis par aucune autre vision de beauté... « Car les Noyés m'apparaissent dans la brume et leurs gestes suppliants me convient au festin. » J'arrachai mes yeux qui sombrèrent au fond des flots. « Donne-moi ton âme, afin que tu deviennes pareille aux Noyés, mes amants, qui ne se souviennent d'aucune tendresse humaine... » Et mon âme s'abîma dans les flots. Je lui criai dans la brume : « Ne me donneras-tu rien en échange de mon âme immortelle ? -- « Je ne te donnerai rien. »
Authorship:
- by Pauline Mary Tarn (1877 - 1909), as Renée Vivien, "L'ondine", appears in Brumes de fjords, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1908
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View original text (without footnotes)1 Breville: "Je"; further changes may exist not noted above.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]