Chantez, chantez, ô mes chansons, Et comme de gais échansons Versez l'ivresse A celle que l'amour vainqueur Dans le royaume de mon cœur Fit la maîtresse. Nous prendrons un pan du ciel bleu, Depuis la ligne du milieu Jusques aux pôles. Afin qu'elle drape en riant Dans un lambeau de l'Orient Ses deux épaules. Cette nuit-ci, pendant qu'il dort, Nous irons au grand soleil d'or Ravir sa flamme, Et ses rayons ardents feront Un diadème pour le front De notre dame. Chantez, chantez, ô mes chansons, Chantez, et que vos plus doux sons Versent les rêves ! Chantez ces chants lointains et frais Que la brise chante aux forêts Et l'onde aux grèves.
Les caresses
Song Cycle by Auguste Chapuis (1858 - 1933)
1. Aubade  [sung text not yet checked]
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Sérénade", subtitle: "Variations sur un motif d'Henri Heine", written 1877, appears in Les Caresses, in 1. Floréal, no. 5, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], pages 10-14.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
2. Au jardin de mon cœur  [sung text not yet checked]
Quand vos yeux amoureux ne me sont point moroses, Mon cœur est un jardin plein d'œillets et de roses. Tout est joyeux, les fleurs, les couleurs, les odeurs, Les abeilles vibrant, les papillons rôdeurs. Les moineaux, les pinsons, les linots, les mésanges, Tous les oiseaux grisés chantent comme des anges. Le jet d'eau, qui gazouille aussi doux que du miel, Semble un iris ayant pour fleur un arc-en-ciel. Quand votre Majesté, madame, est satisfaite, Au jardin de mon cœur tout le monde est en fête. Mais quand vos yeux se font cruels et mécontents, Adieu les fleurs et les oiseaux ! Adieu printemps ! Les roses, les œillets, se fanent sur leur tige. Aucune abeille, aucun papillon n'y voltige. Mésanges, et moineaux et linots et pinsons S'en vont loin de chez moi pour chanter leurs chansons. Ôtant son arc-en-ciel ainsi qu'on ôte un masque, Le jet d'eau rauque et lourd sanglote dans sa vasque. Tant que je n'ai pas vu vos regards adoucis, Mon cœur est un jardin tout planté de soucis.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Au jardin de mon cœur", written 1877, appears in Les Caresses, in 1. Floréal, no. 16, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "In the garden of my heart", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ITA Italian (Italiano) (Francesco Campanella) , "Al giardino del mio cuore", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], pages 34-35.
Researcher for this page: Corinne Orde
3. Le bateau rose  [sung text not yet checked]
Je m'embarquerai, si tu le veux, Comme un gai marin quittant la grève, Sur les flots dorés de tes cheveux, Vers un paradis fleuri de rêve. Ta jupe flottante au vent du soir Gonflera ses plis comme des voiles, Et quand sur la mer il fera noir, Tes grands yeux seront mes deux étoiles. Ton rire éclatant de vermillon Fera le fanal de la grand'hune. J'aurai ton ruban pour pavillon Et ta blanche peau pour clair de lune. Nos vivres sont faits et nos boissons Pour durer autant que le voyage. Ce sonts des baisers et des chansons Dont nous griserons tout l'équipage. Nous aborderons je ne sais où, Là-bas, tout là-bas, sur une grève Du beau pays bleu, sous un ciel fou, Dans le paradis fleuri de rêve.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Le bateau rose", written 1877, appears in Les Caresses, in 1. Floréal, no. 31, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Corinne Orde) , "The pink boat", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ITA Italian (Italiano) (Francesco Campanella) , "La barca rossa", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], pages 68-69.
Researcher for this page: Corinne Orde
4. Un miracle  [sung text not yet checked]
Pour embaumer ses toilettes, Je lui cueillais Des roses, des violettes Et des œillets. Sur sa figure rosée, Je fis ce jeu De secouer la rosée Pour rire un peu. Se cambrant à la renverse, Le cher trésor Ferma vite sous l'averse Ses longs cils d'or. Elle enflait ses belles joues Et suffoquait, Et soufflait avec des moues Sur le bouquet. Et soudain les fleurs follettes, Filles du sol, Œillets, roses, violettes, Prirent leur vol, Et partirent vers les nues En tourbillons. Les fleurs étaient devenues Des papillons.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Un miracle", written 1877, appears in Les Caresses, in 1. Floréal, no. 18, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], pages 38-39.
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5. Pluie d'étoiles  [sung text not yet checked]
Il pleut, il pleut, bergère, Tout là-haut, tout là-bas. La pluie est si légère Que l’on ne l’entend pas. Il pleut ! Cela traverse Tout le ciel et s’enfuit. Il pleut ! C’est une averse D’étoiles dans la nuit. Il pleut ! Il pleut ! Peut-être Au firmament qui dort Un soleil vient de naître Comme un papillon d’or. Il pleut ! Ces étincelles Pour nous font flamboyer La poudre de ses ailes Qu’il vient de déployer. Il pleut, il pleut, mon ange ! Courons là-bas ! Je veux De cette poudre étrange Poudrer tes blonds cheveux.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Étoiles filantes", written 1877, appears in Les Caresses, in 1. Floréal, no. 17, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Anyi Sharma) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], pages 36-37.
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6. Pâquerettes d'amour  [sung text not yet checked]
Aux prés de l'enfance on cueille Les petites amourettes, Qu'on jette au vent feuille à feuille Ainsi que des pâquerettes. On cueille dans ces prairies Les voisines, les cousines, Les amourettes fleuries Et qui n'ont pas de racines. Ô douce gerbe liée Avec des rubans d'aurore, Fraîche rosée oubliée, Me parfumez-vous encore ? Hélas ! bouquets éphémères, Depuis celte heure lointaine Combien de larmes amères Ont coulé dans ma fontaine ! Des choses se sont passées Qui m'ont changé ma jeunesse Beaucoup trop, ô trépassées, Pour que je vous reconnaisse. Le dur amour qui ravage Dans mon cœur a pris racines, Gomme un grand rosier sauvage Aux épines assassines. Qu'ètes-vous près de ces roses Sanglantes, éblouissantes, pâquerettes écloses Dans les prés aux vertes sentes ? Qu'est votre parfum qui rôde Évaporé dans la brise. Près de l'odeur Acre et chaude Qui me pénètre et me grise ? Ô mignonnes marguerites, Enfantines amourettes, Hélas ! mes pauvres petites. Je ne sais plus qui vous êtes. Dans de vagues mausolées, Enfants blondes, rousses, brunes, Pour moi vous dormez voilées Au pays des vieilles lunes.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Vieilles amourettes", written 1877, appears in Les Caresses, in 2. Thermidor, no. 2, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], pages 75-77.
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7. Mauvais augure  [sung text not yet checked]
Sur mon beau jasmin d'Espagne Trois oiseaux de la campagne Ce matin se sont posés. J'ai dit : « Puisque je vous loge, Chantez-moi deux mots d'éloge Pour ma mie et ses baisers. » Le pinson et l'alouette Ont fait une pirouette, Et sont partis tout à coup. Le troisième, d'un air grave. Pour qu'en mon cœur je le grave, Reste et dit: « Coucou! coucou! »
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), no title, appears in Les Caresses, in 3. Brumaire, no. 18
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Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], page 186.
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8. Les deux baisers  [sung text not yet checked]
Te souviens-tu du baiser, Du premier que je vins prendre ? Tu ne sus pas refuser, Mais tu n'osas pas le rendre. Te souviens-tu du baiser, Du dernier que je vins prendre ? Tu n'osas pas refuser ; Mais tu ne sus pas le rendre.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Te souviens-tu du baiser ?", written 1877, appears in Les Caresses, in 4. Nivôse, no. 27, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Peter Low) , copyright © 2022, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], page 273.
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9. Deuil  [sung text not yet checked]
Le ciel est transi. Sur la terre nue La neige est venue. Sur mon cœur aussi. Dans l'air obscurci Les feuilles dernières Roulent aux ornières. Mon bonheur aussi. Il fait froid ici. Les cailles, les grives, Ont quitté nos rives. Ma maîtresse aussi.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), no title, written 1877, appears in Les Caresses, in 4. Nivôse, no. 1, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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- ENG English (Corinne Orde) , "Winter's day", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
- ITA Italian (Italiano) (Francesco Campanella) , "Giorno d'inverno", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Les caresses, Nouvelle Édition, Paris, G. Charpentier, [no date], page 217.
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10. Premier souvenir  [sung text not yet checked]
Je n'oublierai jamais ton premier mot d'amour, Quoi qu'il m'en ait coûté d'en avoir fait ma bible. Aux regrets, aux remords, je saurai rester sourd. Je ne penserai pas à ce qui fut terrible, Mais à ce qui fut doux, n'aurait-ce été qu'un jour. Je n'oublierai jamais ta caresse première. Ni le mal enduré, ni le temps, ni l'oubli N'en terniront la pure et lointaine lumière. Au livre de mon sort j'ai fait un large pli Pour y mettre le cœur de ma rose trémière. Je n'oublierai jamais notre premier printemps, Lorsque le ciel, le bois, le soleil qui se couche, Tout me parut plus beau dans tes yeux éclatants, Lorsque je buvais l'air au sortir de ta bouche. Je n'oublierai jamais, quand je vivrais cent ans. Les oiseaux se grisaient au suc d'or des corolles ; Mille chansons dansaient avec mille couleurs. Car, rien que pour avoir écouté nos paroles, Les oiseaux étaient fous, folles étaient les fleurs. Nos paroles, hélas ! étaient encor plus folles. Nous étions à cette heure absurde qu'on bénit, Où l'on croit que tout passe et que l'amour demeure. Où l'on arrange son avenir comme un nid. Pauvres, pauvres enfants, nous étions à cette heure Où l'on commence avec ce mot : Rien ne finit. Mais non ! je ne veux pas réveiller ma rancune, O ma maîtresse, ô ma bien-aimée, ô ma sœur ! Des souffrances d'antan je n'en irrite aucune. Je veux me rappeler seulement la douceur De tes baisers pareils à des baisers de lune. Je veux me rappeler aussi ton corps divin, Ton corps que mes désirs avaient pris pour leur crèche. Le parfum de ta peau plus capiteux qu'un vin. Les effluves troublants de ta gorge si fraîche, Et notre lit fougueux creusé comme un ravin. Je veux me rappeler. Je veux souvent descendre Au plus profond de mon souvenir adoré. Et quand je serai vieux, laid, froid, tel qu'un Cassandre, Au feu de mon avril je me réchaufferai, Car je saurai toujours le trouver sous la cendre. Quand l'hiver et la mort viendront dans ma maison, Je me rappellerai notre saison première. Je n'aurai qu'à souffler sur le dernier tison Pour emplir ma pensée et mon cœur de lumière, Et pour mourir en paix dans un clair horizon.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Le bon souvenir", written 1877, appears in Les Caresses, in 4. Nivôse, no. 33, Paris, Éd. M. Dreyfous, first published 1882
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