Un mois s’ensauve, un autre arrive. Le temps court comme un lévrier. Déjà le roux genévrier A grisé la première grive. Bon soleil, laissez-vous prier, Faites l’aumône ! Donnez pour un sou de rayons. Faites l’aumône À deux pauvres vieux papillons. La poudre d’or qui nous décore N’a pas perdu toutes couleurs, Et malgré l’averse et ses pleurs Nous aimerions à faire encore Un petit tour parmi les fleurs. Faites l’aumône ! Donnez pour un sou de rayons. Faites l’aumône À deux pauvres vieux papillons. Qu’un bout de soleil aiguillonne Et chauffe notre corps tremblant, On verra le papillon blanc Baiser sa blanche papillonne, Papillonner papillolant. Faites l’aumône ! Donnez pour un sou de rayons. Faites l’aumône À deux pauvres vieux papillons. Mais, hélas ! les vents ironiques Emportent notre aile en lambeaux. Ah ! du moins, loin des escarbots, Ô violettes véroniques, Servez à nos cœurs de tombeaux. Faites l’aumône ! Gardez-nous des vers, des grillons. Faites l’aumône À deux pauvres vieux papillons.
5 chansons tirées de la Chanson des gueux
by Ernest Cabaner (1833 - 1881)
1. Les vieux papillons  [sung text not yet checked]
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Les vieux papillons", written 1876, appears in La chanson des gueux, in 1. Gueux des champs, in 2. Les plantes, les choses, les bêtes, no. 6
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Confirmed with Jean Richepin, La Chanson des gueux, Paris, Maurice Dreyfous, 1881, pages 50-51.
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2. Le merle à la glu  [sung text not yet checked]
Merle, merle, joyeux merle, Ton bec jaune est une fleur, Ton œil noir est une perle, Merle, merle, oiseau siffleur. Hier tu vins dans ce chêne, Parce qu’hier il a plu. Reste, reste dans la plaine. Pluie ou vent vaut mieux que glu. Hier vint dans le bocage Le petit vaurien d’Éloi Qui voudrait te mettre en cage. Prends garde, prends garde à toi ! Il va t’attraper peut-être. Iras-tu dans sa maison, Prisonnier à sa fenêtre, Chanter pour lui ta chanson ? Mais tandis que je m’indigne, Ô merle, merle goulu, Tu mords à ses grains de vigne, Ses grains de vigne à la glu. Voici que ton aile est prise, Voici le petit Éloi ! Siffle, siffle ta bêtise, Dans ta prison siffle-toi ! Adieu, merle, joyeux merle, Dont le bec jaune est en fleur, Dont l’œil noir est une perle, Merle, merle, oiseau siffleur.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Le merle à la glu", written 1876, appears in La chanson des gueux, in 1. Gueux des champs, in 2. Les plantes, les choses, les bêtes, no. 4
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Confirmed with Jean Richepin, La Chanson des gueux, Paris, Maurice Dreyfous, 1881, pages 46-47.
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3. Du mouron pour les p'tits oiseaux  [sung text not yet checked]
Grand’mère, fillette et garçon Chantent tour à tour la chanson. Tous trois s’en vont levant la tête : La vieille à la jaune binette, Les enfants aux roses museaux. Que la voix soit rude ou jolie, L’air est plein de mélancolie : Du mouron pour les p’tits oiseaux ! Le mouron vert est ramassé Dans la haie et dans le fossé. Au bout de sa tige qui bouge La fleur bonne est blanche et non rouge. Il sent la verdure et les eaux ; Il sent les champs et l’azur libre Où l’alouette vole et vibre. Du mouron pour les p’tits oiseaux ! C’est ce matin avant le jour Que la vieille a fait son grand tour. Elle a marché deux ou trois lieues Hors du faubourg, dans les banlieues, Jusqu’à Clamart ou jusqu’à Sceaux. Elle est bien lasse sous sa hotte ! Et l’on ne vend qu’un sou la botte Du mouron pour les p’tits oiseaux ! Les petits trouvant le temps long Traînent en allant leur talon. La sœur fait la grimace au frère Qui, sans la voir, pour se distraire, Trempe ses pieds dans les ruisseaux, Tandis qu’au cinquième peut-être On demande par la fenêtre Du mouron pour les p’tits oiseaux ! Mais la grand’mère a vu cela. Un sou par-ci, deux sous par-là ! C’est elle encor, la pauvre vieille, Qui le mieux des trois tend l’oreille, Et dont les jambes en fuseaux, Quand à monter quelqu’un l’invite, Savent apporter le plus vite Du mouron pour les p’tits oiseaux ! Un sou par-là, deux sous par-ci ! La bonne femme dit merci. C’est avec les gros sous de cuivre Que l’on achète de quoi vivre, Et qu’elle, la peau sur les os, Peut donner, à l’heure où l’on dîne, À son bambin, à sa bambine, Du mouron pour les p’tits oiseaux !
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Du mouron pour les p’tits oiseaux", written 1876, appears in La chanson des gueux, in 2. Gueux de Paris, in 2. Les quatre saisons, no. 2
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Confirmed with Jean Richepin, La Chanson des gueux, Paris, Maurice Dreyfous, 1881, pages 101-103.
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4. Les violettes  [sung text not yet checked]
Adieu, mars ! Déjà l’on peut voir Le soleil dorer le trottoir ; Avril sourit dans les toilettes, Et sur le devant des cafés Les messieurs fument, décoiffés. — Achetez mes belles violettes ! Le pierrot flâneur et bavard Dit que le long du boulevard Les arbres ne sont plus squelettes. La feuille pousse, je l’entends. La poussière sent le printemps. — Achetez mes belles violettes ! Les amoureux cherchent un nid. Les femmes, boursicot garni, Vont aux printanières emplettes. Tout le monde sans y penser A bien deux sous à dépenser. — Achetez mes belles violettes ! Fleurissez-vous, les beaux messieurs ! Mes bouquets sont couleur des cieux. Mesdames, levez vos voilettes. Fleurez-moi ça, comme c’est doux ! Fleurez-moi ça, fleurissez-vous. — Achetez mes belles violettes !
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "Achetez mes belles violettes", appears in La chanson des gueux, in 2. Gueux de Paris, in 2. Les quatre saisons, no. 1
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Confirmed with Jean Richepin, La Chanson des gueux, Paris, Maurice Dreyfous, 1881, pages 99-100.
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5. La pêche à la ligne  [sung text not yet checked]
Un chapeau de paille jaune Dont les bords n’ont pas d’ourlet, Au bout de sa pointe en cône Une plume de poulet, Un chapeau de paille encore, Un troisième, un autre ! Ainsi Le rivage se décore Du Point-du-Jour à Bercy. Sous ces éteignoirs sans nombre Rien ne bouge. On ne peut voir Que les pas lents de leur ombre Qui s’allonge avec le soir. Pourtant de chaque statue Sort un grand sceptre en roseau, Et ce peuple s’évertue. À tremper du fil dans l’eau. Tout le long de la journée, Ô destin, tu leur promets La douce proie ajournée Qu’ils n’attraperont jamais. Et pas un ne s’en indigne, Pas un ne songe à partir ! Car le pêcheur à la ligne Vit et meurt vierge et martyr.
Authorship:
- by Jean Richepin (1849 - 1926), "La pêche à la ligne", written 1876, appears in La chanson des gueux, in 2. Gueux de Paris, in 2. Les quatre saisons, no. 5
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Confirmed with Jean Richepin, La Chanson des gueux, Paris, Maurice Dreyfous, 1881, pages 110-111.
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