Belle rebelle, C'est moi qui t'appelle Du fond des bois ! Belle cruelle, Sens frémir mon aile, Entends ma voix ! Ah! daigne entendre Ma plainte si tendre, Laisse-toi surprendre Comme autrefois ! O Reine blonde, A l'âme profonde Il n'est rien au monde Qui vaille ma voix ! O fleur sacrée, Par les Dieux parée De l'or du jour ! Rose adorée, Par les Dieux livrée Au mal d'amour. Je viens t'apprendre Mon chant le plus tendre, Gravis pour l'entendre Ta blanche tour ! O Reine blonde, A l'âme profonde Il n'est rien au monde Qui vaille l'amour ! Dans l'herbe mûre Où l'eau qui murmure Vient se briser, Sous la ramure Où le vent susurre Comme un baiser, A l'heure tendre Tu daignas m'entendre, Et sans te reprendre, Sans refuser. O Reine blonde, A l'âme profonde Il n'est rien au monde Qui vaille un baiser !
Contes de fées
Song Cycle by Augusta Mary Anne Holmès (1847 - 1903)
1. La chanson de l'oiseau bleu  [sung text checked 1 time]
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- by Augusta Mary Anne Holmès (1847 - 1903), written 1892
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Research team for this page: Guy Laffaille [Guest Editor] , Johann Winkler2. La Lampe merveilleuse  [sung text checked 1 time]
Je suis enfermée Dans la sombre tour ; J'étais bien aimée, Et je meurs d'amour ! Le Prince que j'aime Est bien loin d'ici ! Prisonnier lui-même, Il languit aussi ! Des gardes farouches Veillent sans repos. Il sort de leurs bouches Le cris des corbeaux ! Eblis le Rebelle ! O funeste Roi ! Eblis ! je t'appelle ! Eblis ! sauve-moi ! « J'obéis ! Prends la lampe Où la lumière vibre En sept rayons égaux ! Allume-là ! Tu seras libre Malgré les barreaux. Tu verras surgir Dans cette lumière enchantée, Celui qui t'a domptée Et dont les yeux le font rougir. Adieu ! Ne doute pas. Quand tu pleureras, Tu me rappelleras. » Eblis avait dit vrai ! Quand la lampe s'allume A la chute du jour, Dans une étincelante brume Je revois mon amour !! Et, jusqu'aux rayons de l'aurore, Dont le Bosphore Au loin se dore, Dans les bras si blancs que j'adore, Je meurs d'amour !
Authorship:
- by Augusta Mary Anne Holmès (1847 - 1903)
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Researcher for this page: Johann Winkler3. La belle du roi  [sung text checked 1 time]
C'est la Belle du Roi Qui rêve avant l'aurore, C'est la Belle du Roi Qui rêve qu'on l'adore. C'est la Belle du Roi Qui rêve d'un très beau visage, C'est la Belle du Roi Qui rêve qu'elle aime son Page. C'est la Belle du Roi Qui rêve d'un bois sombre, Où le Page amoureux S'est enhardi dans l'ombre, Au ramage des oiseaux, Au murmure des ruisseaux, Et qu'une Fée Très bien coiffée Leur dit: « Mes pauvres enfants, Soyez heureux et triomphants ! » C'est la Belle du Roi Qui rêve qu'on l'éveille, Que le Roi n'entend rien, Que le palais sommeille. Oui ! le galop d'un destrier A frappé son oreille ! Le beau Page, à franc étrier, Accourt dans l'aurore vermeille ! Viens au pied de ces tours ! C'est ton Page d'amours Qui t'appelle ! Viens, ô Belle du Roi ! Viens, et fuis avec moi ! C'est ton Page d'amours si fidèle !
Authorship:
- by Augusta Mary Anne Holmès (1847 - 1903), written 1892
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Researcher for this page: Johann Winkler4. La Princesse Neige  [sung text checked 1 time]
Le Prince Ivan : Fille aux blonds cheveux, Rapide et voilée, Toi qui t'enfuis Au fond des nuits, Tu troubles et séduis. Aux lueurs des feux Sur la Neva gelée, Retourne-toi ! Regarde-moi ! Il faut subir ma loi ! Viens ! Tu dois m'apparaître ! Oui, viens, car je suis ton maître ! Ô mon désir, Ô mon plaisir, Viens ! laisse-toi saisir ! Viens ! Ta blancheur m'enivre ! J'ordonne ! Il faut me suivre ! Dans mes bras Tu sentiras L'ardeur dont tu vivras ! Dis ton nom ! Fais voir ta mine, Belle de hasard ! Je suis Ivan, le fils du Barine, Le plus près du Tzar ! La Princesse Neige : Je viens des cimes glacées, Où le givre parsème l'air, Sans rêves, sans nulles pensées Brille mon regard froid et clair. Fuis, ô fils du Barine ! Ne fais pour me joindre aucun effort : Un cœur de neige emplit ma poitrine, Et mon baiser, c'est la mort ! Le Prince Ivan : Ton regard est doux, Ta voix m'attire l'âme ! Dans mon palais Aux gais reflets Viens vivre désormais ! Prends cet or si roux, Prends ces rubis en flammes ! Par un baiser Viens m'apaiser, Tu ne peux refuser ! Viens, et sois la maîtresse D'un prince ivre de tendresse ! Vois, un amant Noble et charmant T'implore tendrement ! Ah ! ne sois point cruelle, Des belles toi la plus belle ! Sur mon cœur Si plein d'ardeur Renonce à ta rigueur ! Mais si ta fierté me brave, Tremble dans mes bras ! Le Prince Ivan t'aura pour esclave, Et tu souffriras ! La Princesse Neige : Viens donc ! reçois ma caresse ! Sous ma lèvre incline ton front ! Ton âme et ton cœur pleins d'ivresse Sur mon sein glacé se glaceront. Viens, ô fils du Barine ! Puisque tu le veux, meurs dans mes bras ! Je suis à toi, neigeuse et câline. Meurs ! Rien ne vaut ce trépas. Le Prince Ivan : Enfin ! enfin je t'enlace ! Sois à moi, ô mes amours ! Ah! ta lèvre me glace ! Tout s'efface ! Je meurs ! Je t'appartiens pour toujours !
Authorship:
- by Augusta Mary Anne Holmès (1847 - 1903), written 1892
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Research team for this page: Guy Laffaille [Guest Editor] , Johann Winkler5. Les trois serpentes  [sung text checked 1 time]
Entendez-vous Ces chants si doux Qui montent du lointain des vertes allées ? Au bord des eaux, Dans les roseaux Les trois Serpentes sont allées. Le Roi Charmant Languissamment Suit les contours de la pâle rivière ; Il pleure encor, Les cheveux d'or De la si belle Trop cruelle A sa prière ! Au bord des eaux Dans les roseaux Luisent les glauques vœux des froides Serpentes Aux bras si blancs, Nus et troublants, Blondes, câlines et rampantes. « Accueillez-moi ! Je suis le Roi, Et je me meurs d'une peine mortelle ! Je vis, privé Du bien rêvé, De cette ivresse, La caresse De la plus belle ! » « Oui, viens à nous ! Nos chants si doux Evoqueront pour toi la douce contrée Où, dans nos bras, Tu oublieras Cette cruelle désirée ! » Et pour toujours, Loin des amours, Le Roi Charmant dort aux bras des Charmeuses, Au fond des eaux Sous les roseaux, Parmi les vagues Aux voix vagues Et langoureuses !
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- by Augusta Mary Anne Holmès (1847 - 1903), written 1893
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Research team for this page: Guy Laffaille [Guest Editor] , Johann Winkler6. Le chevalier belle‑étoile  [sung text checked 1 time]
Les femmes : Où vas-tu, beau chevalier, Qui chevauches par le monde Sans lance et sans bouclier, Laissant flotter au vent ta chevelure blonde ? Tes yeux sont pleins d'éclairs, Et ta main est frêle ! Ton coursier fend les airs, Tu nous parais plus beau que la plus belle ! Nous avons des bluets des champs, Nous savons des contes très attachants Pour calmer les fatigues des routes ; Nous savons toutes Des chants Bien touchants ! Viens, nous avons les mains parfumées Par les muguets du chemin ! Viens ! tu trouveras parmi nous des bien aimées Pour ce soir ou pour demain ! Belle-Etoile : Laissez-moi ! Ne m'appelez pas ! Ma route est la route infinie ! Vous ne trouveriez dans mes bras Que le dégoût de votre vie ! Voyez ! Sur mon cimier Brille un astre sans voile ! Je suis guerrière et guerrier, Et je m'appelle Belle-Etoile ! Les hommes : Arrêtez la guerrière aux yeux bleus, Qui s'avance vers l'Aurore ! Arrêtez, arrêtez, compagnons valeureux, Le guerrier qui vous brave encore ! Qu'il apprenne la peur, Ce hardi vainqueur ! Par l'insulte et l'outrage Excitez sa rage ! Désarmez son bras ! Donnez-lui le trépas ! Courage ! Belle-Etoile : Arrière de mon chemin, Soldats de la nuit et du doute ! Le glaive que brandit ma main, Ma volonté, vous barre la route ! Mon étoile est celle du matin ! Mon coursier me mène à la gloire ! Les Dieux ont tracé mon destin Vers la bataille et la victoire !
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- by Augusta Mary Anne Holmès (1847 - 1903)
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Research team for this page: Guy Laffaille [Guest Editor] , Johann Winkler7. La chatte blanche  [sung text checked 1 time]
Dans ce bois sombre où dort le clair de lune, O voyageur, qui vas cherchant fortune, Prends garde à toi ! car depuis l'heure brune La Chatte Blanche a suivi tous tes pas ! Bien doucement sa fourrure te frôle, (O miaulements plus doux que la parole !) Puis tu crois voir une neigeuse épaule, Et deux bras nus s'enlacer à tes bras ! Et les baisers d'amour entrouvrent leur corolle, Et ton cœur brûle, et ta raison s'envole. Car la Féline a soupiré tout bas En miaulements plus doux que la parole : Miou ! Miou ! Miou ! Emportez-moi, Beau fils de Roi ! Miou ! Miou ! Miou ! Caressez-moi ! Adorez-moi ! Miou ! Je suis si belle ! Miou ! Et si fidèle ! Et vous serez toujours Mes seules amours, Et vous aurez ma foi ! Aux sons menteurs d'une harpe illusoire, Dans un palais de songe aux tours d'ivoire Tu dormiras sans souci de ta gloire, Que la si Blanche effeuilla de ton front ! Parmi les chants, les parfums, les caresses, Le cœur noyé sous l'or des fauves tresses, Tu subiras les suprêmes ivresses, Et ta pensée et ta force mourront ! Et des roses de feu fleuriront tes paresses, Et pour toujours les paroles traîtresses En miaulements très doux résonneront Au cœur noyé sous l'or des fauves tresses : Miou ! Miou ! Miou ! Je suis à toi, Beau fils de Roi ! Miou ! Miou ! Miou ! Adore-moi ! Caresse-moi ! Miou ! Je suis si belle ! Miou ! Et si fidèle ! Et vous serez toujours Mes seules amours, Et vous aurez ma foi !
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- by Augusta Mary Anne Holmès (1847 - 1903)
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Researcher for this page: Johann Winkler8. La source enchantée  [sung text checked 1 time]
Près d'une source murmurante J'étais assis au fond des bois ; Et les oiseaux, tous à la fois, Gazouillaient dans la brise errante. Mais j'étais triste et mécontent, Car la Belle aux cheveux d'aurore Par ces rigueurs qu'Amour déplore Navrait mon cœur, qui l'aime tant ! Soudain, parmi l'herbe et la mousse Qui s'étoilaient de cailloux ronds, Parmi les frêles liserons, Une voix s'éleva, très douce : « Chante bien tes chansons d'amour De la nuit jusqu'au petit jour. Tu charmeras ta belle ! » J'ai chanté mes chansons d'amour De la nuit jusqu'au petit jour, Et l'on me fût toujours aussi cruelle ! Lendemain, l'âme brisée, Je vins encor au fond des bois. Les papillons, tous à la fois, Voltigeaient parmi la rosée ! Les papillons, couleur de ciel, Se posaient sur les fleurs écloses, Et palpitants au cœur des roses S'enivraient d'amour et de miel ! Moi, je pleurais, plein de colère, Et mes pleurs devenaient sanglots, Quand soudain, dans le bruit des flots, J'entendis une voix très claire : « Donne bien les baisers d'amour De la nuit jusqu'au petit jour. Tu charmeras ta belle ! » J'ai donné les baisers d'amour De la nuit jusqu'au petit jour ! Et l'on cessa de m'être aussi cruelle. Oui, j'ai charmé ma belle !
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- by Augusta Mary Anne Holmès (1847 - 1903)
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Researcher for this page: Johann Winkler9. La belle aux cheveux d'or  [sung text checked 1 time]
La Belle aux Cheveux d'Or en tunique de lin Est assise dans sa tourelle. Un beau Page farouche au regard très câlin, A genoux se languit pour elle ! Ô mon beau Page, armez-vous et partez Vers ces monts que la lune argente ; Pour « grâce et merci » de moi, rapportez L'Oiseau qui parle et l'Eau qui chante ! Et vous cueillerez, au retour, Sur ma lèvre un baiser d'amour ! Le beau Page est parti, bravant tous les dangers, Vers les monts de glace escarpée ! Les démons de l'enfer et les spectres légers Fondent au vent de son épée ! Sans blessure et sans peur, en un rire d'enfant, Il abat la horde méchante, Et rapporte à sa Belle, amoureux triomphant, L'Oiseau qui parle et l'Eau qui chante ! « Belle aux Cheveux d'Or, je reviens en vainqueur ! A toi de tenir ta promesse ! Il faut donner ta lèvre ! il faut donner ton cœur ! Je veux l'esclave et la maîtresse ! » « Oui, je t'appartiens, j'appartiens au vainqueur ! Je veux bien tenir ma promesse ! La Belle aux Cheveux d'Or n'a que toi dans le cœur. Je suis l'esclave et la maîtresse ! » L'Oiseau qui parle dit : « Il faut aimer toujours ! La gloire n'est rien sans tendresse ! » L'Oiseau qui parle dit : « Voici les heureux jours ! » L'Eau qui chante dit : « Il n'est rien sans les amours ! »
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- by Augusta Mary Anne Holmès (1847 - 1903)
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Research team for this page: Guy Laffaille [Guest Editor] , Johann Winkler10. Les voix du rêve  [sung text checked 1 time]
Sous l'églantier de la colline Je m'étais un soir endormi. La lune, au ciel, voguait câline, Se voilant de brume à demi. Mais Finvarra, le Roi des âmes, M'emporta, tout en pleurs, Dans son palais d'or et de flammes, Plain de chants et de fleurs, Où résonnaient des Voix de femmes Aux surnaturelles langueurs. Puis, je voulus, lassé d'ivresse, Revoir le soleil et l'azur ! Et Finvarra, dans sa tendresse, Me donna la Harpe au son pur. Et j'ai chanté pour vos victimes, O Tyrans aux fronts lourds ! J'ai montré la clarté des cimes Aux humaines amours, Mais le regret des Voix sublimes M'a brisé le cœur pour toujours !
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- by Augusta Mary Anne Holmès (1847 - 1903)
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Research team for this page: Guy Laffaille [Guest Editor] , Johann Winkler