Je vous envoie un bouquet, que ma main Vient de trier de ces fleurs épanies, Qui ne les eut à ces vêpres cueillies, [Tombées]1 à terre elles fussent demain. Cela vous soit un exemple certain, Que vos beautés, bien qu'elles soient fleuries, En peu de temps, seront toutes flétries, Et, comme fleurs, périront tout soudain. Le temps s'en va, le temps s'en va ma Dame, Las ! le temps non, mais nous nous en allons, Et tôt serons étendus sous la lame, Et des amours, desquelles nous parlons Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle : [Donc, aimez-moi]2, cependant qu'êtes belle.
Poèmes de la Pléiade, Vol. I
Song Cycle by Jacques Leguerney (1906 - 1997)
1. Je vous envoie  [sung text checked 1 time]
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Sonnet à Marie", written 1555?, appears in Continuation des Amours, no. 35
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
- GER German (Deutsch) (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
1 Leguerney: "Chutes"
2 Leguerney: "Pour ce aimez-moi"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
2. Genièvres hérissés  [sung text checked 1 time]
Genièvres hérissés, et vous, houx épineux L'un hôte des déserts, et l'autre d'un bocage ; Lierre, le tapis d'un bel antre sauvage, Sources qui bouillonnez d'un surgeon sablonneux ; Pigeons qui vous baisez d'un baiser savoureux Tourtres qui lamentez d'un éternel veuvage. Rossignols ramagers qui d'un plaisant langage Nuit et jour rechantez vos versets amoureux ; Vous, à la gorge rouge, étrangère arondelle. Si vous voyez [aller ma Nymphe]1 en ce printemps Pour cueillir des bouquets par cette herbe nouvelle, Dites-lui pour néant que sa grâce j'attends, Et que, pour ne souffrir le mal que j'ai pour elle, J'ai mieux aimé mourir que languir si longtemps.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Bristling junipers", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Humbert Wolfe) , no title, first published 1934
1 Leguerney: "ma Nymphe aller"
Researcher for this page: Guy Laffaille [Guest Editor]
3. Je me lamente  [sung text checked 1 time]
Je [lamente]1 sans réconfort, Me souvenant de cette mort Qui déroba ma douce vie; Pensant en ses yeux qui soulaient Faire de moi ce qu'ils voulaient, De vivre je n'ai plus d'envie... [Quand son âme au corps s'attachait, Rien, tant fût dur, ne me fâchait, Ni destin, ni rude influence ; Menaces, embûches, dangers, Villes et peuples étrangers M'étaient doux pour sa souvenance. En quelque part que je vivais, Toujours en mes yeux je l'avais, Transformé du tout en la belle ; Si bien Amour à coups de trait Au cœur m'engrava son portrait, Que mon tout n'était sinon qu'elle. Espérant lui conter un jour L'impatience de l'Amour Qui m'a fait des peines sans nombre, La mort soudaine m'a déçu ; Pour le vrai le faux j'ai reçu Et pour le corps seulement l'ombre. Ciel, que tu es malicieux ! Qui eût pensé que ces beaux yeux Qui me faisaient si douce guerre, Ces mains, cette bouche et ce front Qui prirent mon cœur, et qui l'ont, Ne fussent maintenant que terre? Hélas! où est ce doux parler, Ce voir, cet ouïr, cet aller, Ce ris qui me faisait apprendre Que c'est qu'aimer? Ah, doux refus ! Ah, doux dédains! vous n'êtes plus, Vous n'êtes plus qu'un peu de cendre.]2 Hélas! où est cette beauté, Ce Printemps, cette nouveauté, Qui n'aura jamais de seconde ? Du ciel tous les dons elle avait ; Aussi parfaite ne devait Longtemps demeurer en ce monde... [Si je n'eusse eu l'esprit chargé De vaine erreur, prenant congé De sa belle et vive figure, Oyant sa voix, qui sonnait mieux Que de coutume, et ses beaux yeux Qui reluisaient outre mesure, Et son soupir qui m'embrasait, J'eusse bien vu qu'ell' me disait : "Or' saoule-toi de mon visage, Si jamais tu en eus souci ; Tu ne me verras plus ici, Je m'en vais faire un long voyage. " J'eusse amassé de ses regards Un magasin de toutes parts, Pour nourrir mon âme étonnée Et paître longtemps ma douleur ; Mais onques mon cruel malheur Ne sut prévoir ma destinée. Depuis j'ai vécu de souci, Et de regret qui m'a transi, Comblé de passions étranges. Je ne déguise mes ennuis ; Tu vois l'état auquel je suis, Du ciel assise entre les anges. Ah! belle âme, tu es là-haut Auprès du bien qui point ne faut, De rien du monde désireuse, En liberté, moi en prison; Encore n'est-ce pas raison Que seule tu sois bienheureuse. Le sort doit toujours être égal ; Si j'ai pour toi souffert du mal, Tu me dois part de ta lumière ; Mais, franche du mortel lien, Tu as seule emporté le bien, Ne me laissant que la misère. En ton âge le plus gaillard Tu as seul laissé ton Ronsard, Dans le ciel trop tôt retournée, Perdant beauté, grâce et couleur, Tout ainsi qu'une belle fleur Qui ne vit qu'une matinée... A la Mort j'aurai mon recours : La Mort me sera mon secours, Comme le but que je désire. Dessus la Mort tu ne peux rien, Puisqu'elle a dérobé ton bien, Qui fut l'honneur de ton empire.]2 Soit que tu vives près de Dieu Ou aux champs [Elysés]3, adieu ! Adieu cent fois, adieu, Marie ! [Jamais Ronsard]4 ne t'oubliera, Jamais la mort ne déliera Le nœud [dont]5 la beauté me lie.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Stances", appears in Sur la mort de Marie, first published 1578
Go to the single-text view
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "I lament", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Leguerney: "me lamente"
2 omitted by Leguerney
3 misspelled in Leguerney's Salabert edition as "Élysées"
4 Leguerney: "Ronsard jamais"
5 Leguerney: "où"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
4. Bel aubépin  [sung text checked 1 time]
Bel aubespin verdissant,
Fleurissant
Le long de ce beau rivage,
Tu es vestu jusq'au [bas]1
[Des longs]2 bras
D'une lambrunche sauvage.
Le gentil rossignolet
Nouvelet,
Avecque sa bien aymée,
Pour ses amours aleger
Vient loger
Tous les ans [dans]3 ta ramée:
[ ... ]
Or vy, gentil aubespin,
Vy sans fin,
Vy sans que jamais tonnerre,
Ou la coignée, ou les vens,
Ou les tems
Te [puissent]6 ruer par terre.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Ode", appears in Nouvelle continuation des Amours, first published 1556
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Janequin: "bras" (possibly a typo)
2 Millot: "De long"
3 Hawley, Janequin, Millot: "en"
4 Hawley, Millot: "Dans laquelle"
5 Hawley, Millot: "s'eclorront"
6 Janequin: "puisse"
Modernized version (used by Rivier and Leguerney)
Bel aubépin, verdissant, Fleurissant Le long de ce beau rivage, Tu es vêtu jusqu'au bas [Des longs]1 bras D'une lambruche sauvage. Deux camps drillants de fourmis Se sont mis En garnison sous ta souche; Et dans ton tronc mimangé, Arrangé, Les avettes ont leur couche. Le gentil rossignolet Nouvelet, Avecque sa bien-aimée, Pour ses amours alléger Vient loger Tous les ans [en]2 ta ramée. Sur ta cime il fait son nid Bien garni De laine et de fine soie, Où ses petits écloront, Qui seront De mes mains la douce proie. Or vis, gentil aubépin, Vis sans fin, Vis sans que jamais tonnerre, Ou la cognée, ou les vents, Ou les temps Te puissent ruer par terre.
1 Leguerney: "De tes"
2 Rivier: "dans"
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , David Wyatt
5. Prière au sommeil  [sung text checked 1 time]
Somme, doux repos de nos yeux. Aimé des hommes et des dieux, Fils de la Nuit et du Silence, Qui peux les esprits délier, Qui fait les soucis oublier, Endormant toute violence. Clos mes yeux, fais-moi sommeiller, Je t'attends sur mon oreiller, Où je tiens la tête appuyée : Je suis dans mon lit sans mouvoir, Pour mieux ta douceur recevoir, Douceur dont la peine est noyée.
Authorship:
- by Philippe Desportes (1545 - 1606), "Prière au Sommeil", appears in Les Amours de Diane
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Judith Kellock) , "Prayer to sleep", copyright © 2007, (re)printed on this website with kind permission
6. Si mille œillets  [sung text checked 1 time]
Si mille oeillets, si mille liz j'embrasse, Entortillant mes bras tout à l'entour, Plus fort qu'un cep, qui d'un amoureux tour La branche aimée, en mille plis [enlasse]1 : Si le soucy ne jaunist plus ma face, Si le plaisir fait en moy son [le jour]2, Si j'aime mieux les Ombres que le jour, Songe divin, [ce bien]3 vient de ta grâce. [Suyvant ton vol je volerois]4 aux cieux : Mais [son portrait qui me trompe les yeux]5, Fraude tousjours ma joye entre-rompue. [Puis]6 tu me fuis au milieu de mon bien, Comme un éclair qui se finist en rien, Ou comme au vent s'évanouyt la nuë.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Si mille oeillets, si mille liz j'embrasse", appears in Les Amours (1552)
See other settings of this text.
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "If a thousand pinks", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
Leguerney uses modernized spelling, for example:
liz -> lis
soucy -> souci
jaunist -> jaunit
moy -> moi
tousjours -> toujours
joye -> joie
entre-rompue -> interrompue
finist -> finit
1 Leguerney: "l'enlace"
2 Leguerney: "séjour"
3 Leguerney: "cela"
4 Leguerney: "En te suivant je volerais"
5 Leguerney: "ce portrait qui nage dans mes yeux"
6 Leguerney: "Et"
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]