Je fuy les pas frayez du meschant populaire, Et les villes où sont les peuples amassez : Les rochers, les forests desja sçavent assez Quelle trampe a ma vie estrange et solitaire. Si ne suis-je si seul, qu'Amour mon secretaire N'accompagne mes pieds debiles et cassez : Qu'il ne conte mes maux et presens et passez A ceste voix sans corps, qui rien ne sçauroit taire. Souvent plein de discours, pour flatter mon esmoy, Je m'arreste, et je dy : Se pourroit-il bien faire Qu'elle pensast, parlast, ou se souvint de moy ? Qu'à sa pitié mon mal commençast à desplaire ? Encor que je me trompe, abusé du contraire, Pour me faire plaisir, Helene, je le croy.
Poèmes de la Pléiade, Vol. III
Song Cycle by Jacques Leguerney (1906 - 1997)
1. Je fuis les pas frayés  [sung text checked 1 time]
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), appears in Le Premier Livre des Sonnets pour Hélène, no. 26, first published 1578
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "I avoid the paths well-trodden", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
Je fuis les pas frayés du méchant populaire, Et les villes où sont les peuples amassés : Les rochers, les forêts déjà savent assez Quelle trempe a ma vie étrange et solitaire. Si ne suis-je si seul, qu'Amour mon sécretaire N'accompagne mes pieds débiles et cassés, : Qu'il ne conte mes maux et présents et passés A cette voix sans corps, qui rien ne saurait taire. Souvent plein de discours, pour flatter mon émoi, Je m'arrête, et je dis : Se pourrait-il bien faire Qu'elle pensât, parlât, ou se souvînt de moi ? Qu'à sa pitié mon mal commençât à déplaire ? Encor que je me trompe, abusé du contraire, Pour me faire plaisir, Hélène, je le croi.
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2. Ode anacréontique  [sung text checked 1 time]
Cependant que ce beau mois dure, Mignonne, allons sur la verdure, Ne laissons perdre en vain le temps; L'âge glissant qui ne s'arrête, Mêlant le poil de notre tête, S'enfuit ainsi que le printemps. Donc, cependant que notre vie Et le temps d'aimer nous convie, Aimons, moissonnons nos désirs, Passons l'amour de veine en veine; Incontinent la mort prochaine Viendra dérober nos plaisirs.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in L'inspiration anacréontique , no. 10
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "Ode, in Anacreon's style", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
3. À Cupidon  [sung text checked 1 time]
Le jour pousse la nuit,
Et la nuit sombre
Pousse le jour qui luit
D'une obscure ombre.
L'Autonne suit l'Esté,
Et l'aspre rage
Des vents n'a point esté
Apres l'orage.
[Mais la fièvre d'amours
Qui me tourmente,
Demeure en moy tousjours,
Et ne s'alente.]1
Ce n'estoit pas moy, Dieu,
Qu'il falloit poindre,
Ta fleche en autre lieu
Se devoit joindre.
Poursuy les paresseux
Et les amuse,
Mais non pas moy, ne ceux
Qu'aime la Muse.
[ ... ]
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "À Cupidon"
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Jonathan Justman) , "To Cupid", copyright © 2002, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Faith J. Cormier) , "To Cupid", copyright ©, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Laura Claycomb) , "To Cupid", copyright © 2011, (re)printed on this website with kind permission
1 A five-stanza version of this poem exists with a different third stanza:
Mais le mal nonobstant D'amour dolente Demeure en moi constant Et ne s'alente.The text set by Leguerney and Milhaud has five stanzas but uses the third stanza of the longer poem. Here is the modernized form they set (with spelling changes only):
Le jour pousse la nuit Et la nuit sombre Pousse le jour qui luit D'une obscure ombre. L'Automne suit l'Été Et l'âpre rage Des vents n'a point été Après l'orage. Mais la fièvre d'amours Qui me tourmente Demeure en moi toujours Et ne s'alente. Ce n'était pas moi, Dieu, Qu'il fallait poindre; Ta flèche en d'autre lieu Se devait joindre. Poursuis les paresseux Et les amuse, Mais non pas moi, ni ceux Qu'aime la Muse...
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4. La fontaine d'Hélène  [sung text checked 1 time]
Afin que ton honneur coule parmy la plaine [Autant]1 qu'il monte au Ciel engravé dans un Pin, Invoquant tous les Dieux, et respandant du vin, Je consacre à ton nom ceste belle Fontaine. Pasteurs, que voz troupeaux frisez de [blanche laine]2 Ne paissent à ces bords : y fleurisse le Thin, Et la fleur, dont le maistre eut si mauvais destin, Et soit dite à jamais la Fontaine d'Heleine. Le Passant en Esté s'y puisse reposer, Et assis dessus l'herbe à l'ombre composer Mille chansons d'Heleine, et de moy luy souvienne. [Quiconques en]3 boira, qu'amoureux il devienne : Et puisse, en la humant, une flame puiser Aussi chaude, qu'au cœur je sens chaude la mienne.
Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in Le Second Livre des Sonnets pour Hélène, no. 50, first published 1578
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "The fountain of Helen", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
1 Leguerney: "Afin"
2 Leguerney: "laine blanche"
3 Leguerney: "Quiconque y"
Leguerney uses modernized spellings:
parmy -> parmi
respandant -> répandant
ceste -> cette
voz -> vos
frisez -> frisés
thin -> thym
maistre -> maître
Heleine -> Hélène
Esté -> Été
moy -> moi
luy -> lui
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