by Émile André (1838 - 1897)
Les fées
Language: French (Français)
Une veuve avait deux filles, Dont l'ainée était une horreur. L'autre était des plus gentilles, Douce et belle comme un vrai cœur. Tous les jours de la semaine Il fallait qu'à la fontaine Elle allât puiser de l'eau Avec un énorme seau. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. Une vieille sale et noire Boitant, toussant et crachotant, Lui demande un jour à boire ; « Volontiers, » dit la belle enfant. Et vite elle se dépêche De tirer de l'eau bien fraîche. La vieille lui dit: « C'est bon ! Je m'en vais te faire un don. » A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. Cette vieille décrépite Était une fée en haillons. Elle dit à la petite : « Tiens, voici quel sera mon don : Ma fille, à chaque parole Qui de tes lèvres s'envole, De ta bouche il sortira Un diamant d'un carat. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. Notre belle, heureuse et fière, Revient tout droit à la maison. « C'est trop fort ! » lui dit sa mère, « As-tu donc perdu la raison ? Rester, si longtemps sortie ! » « Pardon ! ma mère chérie ... » Et crac ! de ses blanches dents Il sort quatre diamants. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. « Qu'ai-je vu ? » dit la mégère. Notre enfant s'explique aussitôt. A l'aînée alors la mère Dit : « Va vite tirer de l'eau. » L'aînée y va, bougonnante ; Vient une dame élégante La priant de lui quérir De l'eau pour se rafraîchir. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. « Suis-je votre domestique ? » Dit alors la vilaine horreur. « Tu n'es guère sympathique, » Lui répond la fée en douceur. « Aussi, voici, ma mignonne, Le don qu'ici je te donne : De ta bouche à chaque mot Je veux qu'il sorte un crapaud. » A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. Elle rentre. « Eh bien ! ma fille ? » « Quoi, ma mère ... » Et sur ces trois mots, Dieu ! sa bouche se tortille, Il en tombe trois gros crapauds. « Ah ! » dit la mère en colère, Ta sœur a causé l'affaire ... » Elle bat la belle enfant, Qui se sauve incontinent. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense. Mais le prince voit la belle, Qui pleurnichait pour tout de bon. « Qu'avez-vous, mademoiselle ? » Lui dit-il. Elle lui répond : « Ma mère et ma sœur me chassent ... » A ces mots sept diamants passent !!! Le prince tombe amoureux, Il l'épouse et fut heureux. A servir le prochain montrez de l'obligeance Et, tôt ou tard, vous aurez la récompense.
Authorship:
- by Émile André (1838 - 1897), appears in Perrault : Histoires ou contes du temps passé (Contes de ma mère l'Oye) [author's text not yet checked against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Paul-Jean-Jacques Lacôme d'Estalenx (1838 - 1920), "Les fées" [ medium voice and piano ], from Les contes de Perrault mis en chansons, no. 3, Éd. Enoch Frères & Costallat [sung text checked 1 time]
Researcher for this page: Johann Winkler
This text was added to the website: 2020-07-19
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