Je vous revois ! Heureux moments !
Combien fut longue votre absence !
Mais, vous voilà ! Votre présence
En joie a changé mes tourments !
Voyons, parlez, je vous en prie ;
J'écoute, et ma raison se perd :
Au loin, avez-vous bien souffert ?
Pas tant que moi, je le parie !
Malgré ces pleurs dans mon regard,
Combien j'ai de bonheur dans l'âme !
Et vous ? Répondez ? Non, non, plus tard !
Ah, laissez-moi parler, le cœur est un peu femme ;
Il a le droit d'être bavard !
Ah ! laissez-moi parler ; vous parlerez plus tard.

Qu'avez-vous fait ? Moi, j'ai pleuré !
Et je me disais à toute heure:
« Pense-t-il à moi, quand je pleure ?
Moi qui jamais ne l'oublierai ! »
Répondez donc ! Je vous écoute.
Vrai ! vous étiez bien malheureux ?
Quant à moi, je l'étais pour deux,
Vous, aussi, n'est-ce pas, sans doute ?
Malgré ces pleurs dans mon regard etc.

Oui, vous absent, que m'importait,
Mon Dieu ! que m'importait de plaire !
J'étais, je crois, laide ou colère ;
Et ma voix jamais ne chantait ...
Maintenant, ce n'est plus de même :
L'oiseau va retrouver sa voix,
Le miroir reprendre ses droits,
Car je veux plaire à ce que j'aime !
Malgré ces pleurs dans mon regard etc.