Je n'emporte avec moi sur la mer sans retour Qu'une rose cueillie à notre long amour. J'ai tout quitté ; mon pas laisse encore sur la grève Empreinte au sable insoucieux sa trace brève Et la mer en montant aura vite effacé Ce vestige incertain qu'y laissa mon passé. Partons ! que l'âpre vent en mes voiles tendues Souffle et m'entraîne loin de la terre perdue Là-bas. Qu'un autre pleure en fuite à l'horizon La tuile rouge encore au toit de sa maison, Là-bas, diminuée et déjà si lointaine ! Qu'il regrette le clos, le champ et la fontaine ! Moi je ferme la porte et je ne pleure pas. Et puissent, si les dieux me mènent au trépas, Les flots m'ensevelir en la tombe que creuse Au voyageur la mer perfide et dangereuse ! Car je mourrai debout comme tu m'auras vu, Sur la proue, au départ, heureux et gai pourvu Que la rose à jamais de mon amour vivant Embaume la tempête et parfume le vent.
Quatre poèmes , opus 3
by Albert Roussel (1869 - 1937)
1. Le départ  [sung text checked 1 time]
Authorship:
- by Henri Francois-Joseph de Régnier (1864 - 1936), "Le départ", appears in Les Médailles d'Argile, in 4. Médailles marines, no. 6
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- ENG English (Garrett Medlock) , "The departure", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
Confirmed with Henri de Régnier, Les Médailles d’argile, Paris, Société du Mercure de France, 1903 (4e éd.), pages 102-103.
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Geoffrey Wieting , Garrett Medlock [Guest Editor]
2. Vœu  [sung text checked 1 time]
Je voudrais pour tes yeux la plaine Et une forêt verte et rousse Lointaine Et douce À l'horizon sous un ciel clair Ou des collines aux belles lignes Flexibles et souples et vaporeuses Et qui sembleraient fondre en la douceur de l'air Ou des collines Ou la forêt... Je voudrais que tu entendes Forte, vaste, profonde et tendre La grande voix sourde de la mer Qui se [lamente tout]1 près de toi Dans l'intervalle Que tu entendes Tout près de toi Une colombe dans le silence Et faible et douce Comme l'amour Un peu dans l'ombre Que tu entendes Sourdre une source. Je voudrais des fleurs pour tes mains Et pour tes pas Un petit sentier d'herbe et de sable Qui monte un peu et qui descende Et tourne et semble S'en aller au fond du silence Un tout petit sentier de sable Où marqueraient un peu tes pas Nos pas Ensemble!
Authorship:
- by Henri Francois-Joseph de Régnier (1864 - 1936), "Vœu", written 1900, appears in Les Médailles d'Argile, in 6. À travers l'an, no. 3, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1900
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- ENG English (Garrett Medlock) , "Wish", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
1 Roussel: "lamente comme l'amour/ Et par instant, tout"
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3. Le jardin mouillé  [sung text checked 1 time]
La croisée est ouverte, il pleut Comme minutieusement, à petit bruit et peu à peu Sur le jardin frais et dormant Feuille à feuille, la pluie éveille L'arbre poudreux qu'elle verdit Au mur on dirait que la treille S'étire d'un geste engourdi. L'herbe frémit, le gravier tiède crépite Et l'on croirait là-bas Entendre sur le sable et l'herbe Comme d'imperceptibles pas. Le jardin chuchote et tressaille, Furtif et confidentiel L'averse semble, maille à maille Tisser la terre avec le ciel. Il pleut et les yeux clos j'écoute De toute sa pluie à la fois Le jardin mouillé qui s'égoutte Dans l'ombre que j'ai faite en moi.
Authorship:
- by Henri Francois-Joseph de Régnier (1864 - 1936), "Le jardin mouillé", written 1900, appears in Les Médailles d'Argile, in 6. À travers l'an, no. 5, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1900
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Researcher for this page: Geoffrey Wieting4. Madrigal lyrique  [sung text checked 1 time]
Vous êtes grande de tout un corps charmant Dont l'ombre est à vos pieds parmi les roses Qu'effeuillent vos mains en rêvant; La douce fleur pétale à pétale, se pose En papillons légers et lents La tige peu à peu s'envole de sa rose Et la flûte à l'écho s'accorde dans le vent. Vous êtes belle de tout un visage qui sourit De vos yeux clairs qui vous font douce A votre bouche Où le sourire en sa grâces'endolorit Comme l'espoir Qui lèvre à lèvre joint et touche Les lèvres de la tristesse qui lui sourit en son miroir. La flûte avec le vent s'est tue au fond du soir. Vous êtes belle de toute votre vie et de vos jours Qui, un à un, vers vous s'en viennent Menant l'amour Nu dans sa robe d'or et de laine Avec sa gourde et son diadème A vos roses il mêlera ses épis lourds Et, pas à pas, la main dans la sienne, Vous irez vers l'aurore et dans la nuit sereine Où s'est brisée avec le vent ma flûte vaine Vous entendrez Une à une sous les roses et les cyprès Chanter dans l'ombre les fontaines.
Authorship:
- by Henri Francois-Joseph de Régnier (1864 - 1936), "Madrigal lyrique", written 1900, appears in Les Médailles d'Argile, in 6. À travers l'an, no. 12, Paris, Éd. du Mercure de France, first published 1900
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- ENG English (Garrett Medlock) , "Lyric madrigal", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission