Loin du bruit des humaines fêtes, Allons, pauvre être vieillissant, Des blessures qu'Amour t'a faites Recueille, aujourd'hui, tout le sang... Combien de ce sang, sur ta route, Déjà, le sol fut humecté ! Oh ! vois comme il sort goutte à goutte De ta plaie ouverte au côté ! Ton âme anxieuse s'étonne Qu'il en puisse couler autant. Au soleil roux de ton automne Il sèchera dans un instant. Et bientôt viendra l'heure grise Où, plein d'une morne langueur, Tu verras voler dans la brise La cendre rouge de ton cœur.
La cendre rouge
Song Cycle by Charles Camille Saint-Saëns (1835 - 1921)
1. Prélude  [sung text checked 1 time]
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- by Georges Louis Edmond Docquois (1863 - 1927)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Âme triste  [sung text checked 1 time]
Qui saura t'émouvoir, âme triste, Et calmer, un instant, ton ennui ? Quel exquis et câlin guitariste Saura donc te bercer, aujourd'hui ? Quel flacon grisera ma cervelle ? Quelle femme ouvrira mon cœur clos ? Quel bouffon, par sa farce nouvelle, Fera taire, un instant, mes sanglots ? Exilé, même avant que de naitre, D'un pays vierge encor de tout pas, En mon cœur j'ai le mal qui pénêtre D'un pays que je ne connais pas...
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- by Georges Louis Edmond Docquois (1863 - 1927)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Douceur  [sung text checked 1 time]
Je t'aime tant, frêle mignonne, Que, du matin au soir, sans trève, (Suave obsession) je rêve À ton doux profil de madone. Je t'aime au point, vois, que je n'ose Et que je n'oserais sourire, Lorsque tu passes, ni te dire Bonjour, ni t'offrir une rose... Et je ne dors plus guère... Écoute, Il faut m'aimer et me le dire ; Il faut, de temps en temps, sourire, Afin d'illuminer ma route. Alors, mignonne, en récompense, Je veux tant épurer ma flamme Que tu pourras te chauffer l'âme Au feu de mon amour immense.
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- by Georges Louis Edmond Docquois (1863 - 1927)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Silence  [sung text checked 1 time]
À quoi bon vouloir m'exprimer Par des paroles que tu m'aimes ? La prudence est de nous aimer Sans trop regarder en nous-mêmes. Car il suffit de ressentir... Et le silence est nécessaire, Puisque les mots me font mentir, Lorsque je suis le plus sincère. Tu voudrais attester les cieux, Mais je ne veux pas que tu l'oses : Ne nous parlons que par les yeux, Et demeurons les lèvres closes. Car, vois-tu, rien n'est décevant, Ici-bas, comme les paroles, Puisque, bientôt, le moindre vent Les disperse comme des folles ! Aussi, je t'en prie à genoux, Sous ce joli ciel d'azur tendre, Taisons-nous toujours, taisons-nous, Pour que nos cœurs puissent s'entendre ! Car pour être longtemps heureux, Les vrais amants doivent se taire, Puisque l'amour est si peureux Qu'il ne peut vivre sans mystère!
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- by Georges Louis Edmond Docquois (1863 - 1927)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]5. Pâques  [sung text checked 1 time]
Pâques ! Pâques ! Joie extrême ! Le carême Est fini! Le poissonier Ferme, faute de pratique, Sa boutique Et va chez le tavernier. Pâques ! Pâques ! Ris, pauvre homme, Car de Rome Les cloches, clochin clochant, Sont, par un beau ciel sans nues, Revenues! Écoute leur joyeux chant. Pâques ! L'exquise aventure ! La nature Reprend tous ses falbalas ! Et, dans quinze jours à peine, Quelle aubaine ! Nous cueillerons du lilas. Ris ! A rire tout t'invite ! Et mets vite, Pauvre homme, ton habit neuf. Sors ! Et pour ta doucelette, Fais emplette, Chez le confiseur, d'un œuf. Et pour cette sucrerie La chérie Te donnera son baiser. Et puis allez, d'un pas souple, Heureux couple, Dans les bois vous amuser. Le soleil, comme un bon drille, Là-haut brille ; Le merle siffle gaîment. Pauvre homme, avec ta jolie, Chante, oublie Tes soucis pour un moment.
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- by Georges Louis Edmond Docquois (1863 - 1927)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]6. Jour de pluie  [sung text checked 1 time]
Le jour s'assombrit, lugubre et glacé: Il pleut, et le vent jamais n'est lassé. La vigne au mur gris qui tombe en poussière Se cramponne encor désespérément; Mais ses feuilles vont où s'en va le vent, Et je viens de voir voler la dernière... Et le jour est sombre et morne et glacé. Mon cœur s'assombrit, lugubre et glacé: Le destin fatal jamais n'est lassé. Mon âme au passé qui tombe en poussière Se cramponne encor désespérément. Les illusions vont où va le vent, Et je sens en moi mourir la dernière... Et mon cœur est sombre et morne et glacé.
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- by Georges Louis Edmond Docquois (1863 - 1927)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]7. Amoroso  [sung text checked 1 time]
Elle me demandait: "Que deviennet les roses Que je vois se flétrir et mourir ? Vont-elles au néant Comme vont toutes choses ?" Et je lui répondis: "Sur votre joue en fleur Les roses, en mourant, Ont laissé leur couleur." Elle me demandait Pourquoi des violettes Le tendre bleu pâlit Si prématurément. Et je lui répondis Que dans son œil charmant Ces gentiles fleurettes Avaient voulu laisser Leur teinte que le temps Ne saurait effacer. "Dis-moi pourquoi la brise, Qui nous grise En été Et souffle son haleine Chaude de volupté, Cesse-t-elle, soudain, L'hiver, sa cantilène ?" Je lui dis : "Dans ta voix J'entends de cet été Toutes les harmonies Infinies Qui chantaient dans la plaine Et murmuraient au bois." "Hélas!" dit-elle enfin, Que n'ai-je la puissance ! Je voudrais arrêter le printemps Dans son cours !" Cher ange, ton sourire, Exquis d'adolescence, Est pour moi l'éternel Mois de mai des amours !
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- by Georges Louis Edmond Docquois (1863 - 1927)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]8. Mai  [sung text checked 1 time]
Mai ! Les arbres du verger Sont poudrés de neige rose ! Mai ! S'envole ma névrose ! Mai ! Mon cœur est plus léger ! Mai ! La brise est plus câline ! Mai ! Va-t'en, nuage gris ! Les fillettes de Paris Se voilent de mousseline. Mai ! Le moine en sa cellule Est troublé par les oiseaux. Mai ! Déjà sur les roseaux Voltige la libellule. Mai ! Madame l'hirondelle Fait des trilles sur le toit. Je me sens renaître. Et toi, ne renais-tu point, ma belle ! Mai ! Le garςon fait le guet Avec un amoureux zèle Pour parer sa demoiselle De quatre brins de muguet. Mai ! L'on parque les moutons ! Jouons une pastorale ! Mai ! La joie est générale ! Mai ! Tous nous ressuscitons ! Mai ! Quel délice physique ! Mai ! Quel aimable frisson ! Mai ! J'ai fait cette chanson ! Mai ! Qu'on la mette en musique !
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- by Georges Louis Edmond Docquois (1863 - 1927)
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Garrett Medlock) , "May", copyright © 2020, (re)printed on this website with kind permission
9. Petite main  [sung text checked 1 time]
Dans mon indigne main lorsque je t'emprisonne Et lorsque tu veux bien qu'on te garde un moment, Il se produit en moi comme un apaisement, Ô main, petite main, main mignonne, mignonne! Et je n'ai plus besoin de rien ni de personne, Ô minuscule main, frèle adorablement, Dans mon indigne main lorsque je t'emprisonne Et lorsque tu permets qu'on te garde un moment. Ô main souple, main tiède aux doigts fins, Je te donne, avec ces pauvres vers un doux remerciement, Pour daigner demeurer, oh! si suavement, Ô main, petite main, main blanche de madone, Dans mon indigne main lorsque je t'emprisonne.
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- by Georges Louis Edmond Docquois (1863 - 1927)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]10. Reviens  [sung text checked 1 time]
Subtitle: Epilogue
Amour, amour cruel et tendre, Amour, cruel et tendre amour, Il n'est pas de nuit, pas de jour Que je ne languisse a t'attendre! Je n'ai d'autre recours que toi. C'est de toi seul que je suis ivre. Amour, sans toi je ne puis vivre. Pourquoi m'as-tu quitté ? Pourqoi ? Amour, amour, doux et perfide amour, Qu'un instant sans toi semble lourd! Qu'une heure sans toi semble vide! Je souffre de ne plus souffrir, Et je regrette tes supplices: Ils etaient mes seules délices! Amour, sans toi je vais mourir. Amour, de tous mes maux le pire, Amour, le plus grand de mes biens, Bourreau charmant, vers moi reviens: A tes traits douloureux j'aspire! Ô cher petit dieu sans rival, Rejette moi dans ta folie! Amour, reviens, je t'en supplie! Reviens, et refais-moi du mal!
Authorship:
- by Georges Louis Edmond Docquois (1863 - 1927)
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]