by Hector Berlioz (1803 - 1869)
Première partie: Le songe d'Hérode
Language: French (Français)
Available translation(s): ITA
Le récitant Dans la crèche, en ce temps, Jésus venait de naȋtre. Mais nul prodige encor ne l'avait fait connaȋtre; Et déjà les puissants tremblaient, Déjà les faibles espéraient, Tous attendaient... Or apprenez, Chrétiens, quel crime épouvantable Au roi des Juifs alors suggéra la terreur, Et le céleste avis que, dans leur humble étable, Aux parents de Jésus envoya le Seigneur.Scène 1
Une rue de Jérusalem. Un corps de garde. Soldats romains faisant une ronde de nuit. Marche nocturne Un centurion Qui vient? Polydorus Rome! Un centurion Avancez! Polydorus Halte! Le centurion Polydorus! Je te croyais déjà, soldat, aux bords du Tibre! Polydorus J'y serais en effet si Gallus, Notre illustre Prêteur, m'eût enfin laissé libre. Mais il m'a sans raison Imposé pour prison Cette triste cité pour y voir ses folies, Et d'un Roitelet juif garder les insomnies. Le centurion Que fait Hérode? Polydorus Il rêve, il tremble, Il voit partout des traîtres, il assemble Son conseil chaque jour; et du soir au matin Il faut sur lui veiller; il nous obsède enfin. Le centurion Ridicule Tyran! Mais va, poursuis ta ronde... Polydorus Il le faut bien. Adieu! Jupiter le confonde! La patrouille se remet en marche et s'éloigneScène 2
Songe d'Hérode Intérieur du palais d' Hérode Hérode Toujours ce rêve! Encore cet enfant Qui doit me détrôner! Et ne savoir que croire De ce présage menaçant Pour ma vie et ma gloire... Ô misère des Rois! Régner et ne pas vivre! À tous donner des lois, Et désirer de suivre Le chevrier au fond des bois! Ô nuit profonde Qui tient le monde Dans le repos plongé! À mon sein ravagé Donne la paix une heure, Et que ton voile effleure Mon front d'ennuis chargé... Ô misère des Rois, etc. Effort stérile! Le sommeil fuit; Et ma plainte inutile Ne hâte point ton cours, interminable nuit!Scène 3
Polydorus Seigneur! Hérode Lâches, tremblez! Je sais tenir encore une épée! Polydorus Arrêtez! Hérode Ah! c'est toi, Polydore. Que viens-tu m'annoncer? Polydorus Seigneur, le devins Juifs viennent de s'assembler Par vos ordres. Hérode Enfin! Polydorus Ils sont là. Hérode Qu'ils paraissent.Scène 4
Choeur de devins Les Devins Les sages de Judée, ô roi, te reconnaissent Pour un prince savant et généreux; Ils te sont dévoués. Parle, qu'attends-tu d'eux? Hérode Qu'ils veuillent m'éclairer, est-il quelque remède Au souci dévorant qui dès longtemps m'obsède? Les Devins Quel est-il? Hérode Chaque nuit Le même songe m'épouvante; Toujours une voix grave et lente Me répète ces mots: «Ton heureux temps s'enfuit, Un enfant vient de naître Qui fera disparaître Ton trône et ton pouvoir». Puis-je de vous savoir Si cette terreur qui m'accable Est fondée, et comment ce danger redoutable Peut être détourné? Les Devins Les esprits le sauront, Et par nous consultés, bientôt ils répondront. Évocation cabalistiques des devins Les Devins La voix dit vrai, Seigneur. Un enfant vient de naître Qui fera disparaître Ton trône et ton pouvoir. Mais nul ne peut savoir. Ni son nom, ni sa race. Hérode Que faut-il que je fasse? Les Devins Tu tomberas, à moins que l'on ne satisfasse Les noirs esprits, et si, pour conjurer le sort, Des enfants nouveaux-nés tu n'ordonnes la mort. Hérode Eh bien... eh bien! par le fer qu'ils périssent! Je ne puis hésiter. Que dans Jérusalem, À Nazareth, à Bethléem, Sur tous le nouveaux-nés mes coups s'appesantissent! Malgré les cris, malgré les pleurs De tant de mères éperdues, Des rivières de sang vont être répandues, Je serai sourd à ces douleurs. La beauté, la grâce, ni l'âge Ne feront faiblir mon courage: II faut un terme à mes terreurs! Les Devins Oui, oui! Par le fer qu'ils périssent! N'hésite pas. Que dans Jérusalem, À Nazareth, à Bethléem, Sur tous les nouveaux-nés tes coups s'appesantissent! Malgré les cris, malgré les pleurs De tant de mères éperdues, Les rivières de sang qui seront répandues, Demeure sourd à ces douleurs! Que rien n'ébranle ton courage! Et vous, esprits, pour attiser sa rage, Redoublez ses terreurs.Scène 5
L'étable de Béthléem Duo Marie Ô mon cher fils, donne cette herbe tendre À ces agneaux qui vers toi vont bêlant; Ils sont si doux! Laisse, laisse-les prendre. Ne les fais pas languir, ô mon enfant. Marie, Joseph Répands encor ces fleurs sur leur litière. Ils sont heureux de tes dons, cher enfant; Vois leur gaieté, vois leurs jeux, vois leur mère Tourner vers toi son regard caressant. Marie Oh! sois béni, mon cher et tendre enfant! Joseph Oh! sois béni, divin Enfant!Scène 6
Cœur d'Anges invisibles Les Anges Joseph! Marie! Écoutez-nous! Marie, Joseph Esprits de vie, Est-ce bien vous? Les Anges II faut sauver ton fils, D'un grand péril menacé,Marie! Marie Ô ciel, mon fils! Les Anges Oui, vous devez partir Et de vos pas bien dérober la trace; Dès ce soir au désert, vers l'Egypte il faut fuir. Marie, Joseph À vos ordres soumis, purs esprits de lumière, Avec Jésus, au désert nous fuirons. Mais accordez à notre humble prière La prudence, la force, et nous le sauverons. Les Anges La puissance céleste Saura de vos pas écarter Toute encontre funeste. Marie, Joseph En hâte allons tout préparer. Les Anges Osanna! Osanna!
Authorship:
- by Hector Berlioz (1803 - 1869) [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Hector Berlioz (1803 - 1869), "Première partie: Le songe d'Hérode", op. 25 no. 1, H 130 no. 1 (1850), published 1855, first performed 1854 [ soli, chorus and orchestra ], from oratorio L'Enfance du Christ : Trilogie sacrée, no. 1, revised 1853-1854 [sung text checked 1 time]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ITA Italian (Italiano) (Ferdinando Albeggiani) , "Parte Prima. Il sogno di Erode.", copyright © 2013, (re)printed on this website with kind permission
Researcher for this page: Ferdinando Albeggiani
This text was added to the website: 2012-03-25
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