Comme il l'avait quittée un jour
Rompant brusquement leur amour,
Après l'avoir tant adorée,
Seul au milieu de la forêt,
Qui savait par cœur leur secret,
Elle marchait toute éplorée.

Si grand chagrin brisait son cœur,
Que tout partagea sa douleur;
Le ciel se couvrit de mystère,
Les oiseaux se turent longtemps,
Et l'on pouvait croire au printemps,
Que les fleurs resteraient sous terre !

Alors voyant tout devasté,
Tout delaisé, tout attristé,
Ce deuil augmentait ses alarmes,
Et chaque jour dans la forêt,
Qui savait par cœur leur secret,
Elle marchait versant des larmes.

Les pleurs miséricordieux,
Qui tombaient ainsi de ses yeux,
Par besoin et par habitude
Apportèrent tout doucement
L'ineffable attendrissement,
Par qui la terre fut moins rude !

Puis tout d'un coup lorsque vint Mai,
Tout fut debout et ranimé;
Voyant refleurir la ramée
Elle chanta comme l'oiseau
Répétant partout qu'à nouveau.
Elle s'était sentie aimée.

Rien ne doit finir ici-bas
La fleur où l'âme ne meurt pas
Il lui suffit d'être arrosée.
Et d'un chagrin nait un bonheur,
Puisque souvent pour notre cœur,
Les larmes sont une rosée.