Je change d'état, 
M'a-t-il dit Marie,
Un pauvre soldat 
N'a plus de patrie.
Moi j'ai fait serment 
De cesser de vivre
Ou bien de le suivre
A son régiment.
Ma pauvre folle,
Où donc s'envole
Ton cœur, hélas !
Songe à ta mère,
A ta chaumière,
Tu ne le suivras pas !

Aux champs de l'exil,
Loin du beau village,
Au sein du péril,
A travers l'orage,
Moi je veux courir,
Et s'il y succombe,
Je veux sur sa tombe
Prier et mourir.
Ma pauvre folle,
Où donc s'envole
Ton cœur, hélas !
Songe à ta mère,
A ta chaumière,
Tu ne le suivras pas !

Elle s'en fuyait,
Mais de son enfance
Soudain lui renait
Tendre souvenance,
Et bientôt, rentrant 
Près de sa famille,
Simple jeune fille,
Elle dit pleurant :
O pauvre folle,
Où donc s'envole
Mon cœur, hélas !
O toi, ma mère,
Et ma chaumière,
Je ne le suivrai pas !