Perruques poudrées. Trois Lieds pour chant et piano

Exquise Marquise, Voulez-vous ? Dansons.
Les violons caquettent ; causons.
Bonjour. Bonsoir. A genoux. Dansons
Les danses d'autrefois coquettes et naïves.
Salut, moi ; Salut, vous. Je baise votre main,
Et vous prenez, ma mie en des poses lascives.
Un ton sous vos cheveux poudrés que ce soir maint
Page admire, marquise.
Que faut-il que je dise
A genoux. Je vous suis, tournons.
Je me rappelle tous vos noms.
Eglé, Léa, Vénus, oh ! tout cela me plonge
Au fond du tourbillon galant. C'est un beau songe.
Les violons se taisent. Cessons, Voulez-vous ?
Au boudoir, les divans sont doux.
Passons.

Je voudrais parfois faire un peu le maître
Et dire : « Vos torts n'ont point de pardon ! »
Et rire des pleurs que je verrais naître,
Et même parler tout haut d'abandon;

Je voudrais parfois qu'une longue absence,
Qui serait pour moi (dirais-je) un plaisir,
Fit autour de vous comme un vide immense
Où palpiterait votre vain désir ;

Je voudrais parfois refuser ma joue
A votre baiser et prendre un air las ;
Si vous pouviez croire alors que je joue,
Je voudrais parfois, mais je ne veux pas !

Plus légèrement que gazelles,
Dans le bois, dans être genés,
Les madrigaux et les sonnets
Vont s'égarer, mesdemoiselles.
Les duègnes sont bien loin ; sans elles
Nous irons voir si les bonnets
S'envoleront enrubanés
Sans s'accrocher aux grandes ailes,
Qui font sauter loin du moulin
Les brides de chanvre ou de lin,
Les capes de vair ou d'hermine.
Du moulin, dont le chant joyeux
« Tic-tac, tic-tac » a jeté sa farine
Blanche dans le cœur et les yeux.