O vous, les vieux planteurs ! On vous dit de semer Et vous semez ... Pourquoi, dites-moi, vous semez ? Certes, c'est pas pour vous, car les arbres sont Longs à venir, à pousser ... et les semeurs s'en vont. Pour d'autres vous plantez, pour protéger les jours Des enfants, qui naîtront de nouvelles amours ... Je me révolte, moi ! Je ne fais pas si vite ! Je n'ai jamais trouvé des arbres qui m'abritent. Mon avenir n'est pas. Ma vie est son passé ... J'ai pleuré, vous savez ... Ô ce que j'ai pleuré ! J'ai souffert, biens souffert, j'ai trop souffert. J'ai la mort dans mon cœur, dans mon sang vit l'enfer ! Le sillon est tout fait et mon semoir est là : L'arbre y serait un jour ... Moi, je n'y serais pas. Je sèmerais la vie en lâchant la semence, Et, comblé le sillon, percerait la souffrance ... Je ne sèmerai pas ... Il jette son semoir, Les seminules d'or s'éparpillent aux vents ... Les rides de son front voulaient dire : En avant ! Il partira ce soir ...
La miracle de la semence
by Alberto Nepomuceno (1864 - 1920)
1. Le Semeur
Text Authorship:
- by José de Freitas Valle (1870 - 1958), as Jacques D'Avray
Go to the general single-text view
Please note: this text, provided here for educational and research use, is in the public domain in Canada and the U.S., but it may still be copyright in other legal jurisdictions. The LiederNet Archive makes no guarantee that the above text is public domain in your country. Please consult your country's copyright statutes or a qualified IP attorney to verify whether a certain text is in the public domain in your country or if downloading or distributing a copy constitutes fair use. The LiederNet Archive assumes no legal responsibility or liability for the copyright compliance of third parties.
Researcher for this page: Johann Winkler2. L'Ancien
Tu as tort. C'est bien vrai que, cet arbre planté, Tu n'aurais pu jouir de son ombre bénie ... Écoute : Comme toi, j'ai souffert dans la vie, Comme toi, j'ai souffert, comme toi, j'ai pleuré ... Au bord des sillons noirs Je criai ma révolte, et la haine assassine Empoisonnait mon sang, siégeait ma poitrine ... Je rejetais déjà ma bèche et mon semoir ... C'était mon droit, pensais-je, et dans quel avenir Allais-je voir sombrer ma sombre destinée ? L'enfant, mon seul enfant, gloire et bonheur d'emblée, La guerre l'avait pris ... je l'avais vu partir. Le temps fuit, le temps court ... Je travaille, j'endure, et mon espoir s'attarde A le croire sauvé ! ... Mais les ans me poignardent. Je n'ose que me plaindre et le plains chaque jour ... Et je pleurais tantôt. Bref, j'ai plongé ma main dans la semaille ... Quelques ans sont passés ... Mais, regarde sa taille : L'arbre est là, grand, branchu, campé sur le coteau !
Text Authorship:
- by José de Freitas Valle (1870 - 1958), as Jacques D'Avray
Go to the general single-text view
Please note: this text, provided here for educational and research use, is in the public domain in Canada and the U.S., but it may still be copyright in other legal jurisdictions. The LiederNet Archive makes no guarantee that the above text is public domain in your country. Please consult your country's copyright statutes or a qualified IP attorney to verify whether a certain text is in the public domain in your country or if downloading or distributing a copy constitutes fair use. The LiederNet Archive assumes no legal responsibility or liability for the copyright compliance of third parties.
Researcher for this page: Johann Winkler3. Le Cavalier
Un pauvre cavalier, par la plaine, Que le soleil brûlant enveloppe, Un pauvre cavalier par la plaine Galope, galope, galope ... Sa cocarde tombe et son épée, Noircie et dégainée cabriole, Sa cocarde tombe et son épée Danse, danse la farandole. Il traverse les landes désertes, Il perd son sang, son sang et sa vie, Il traverse les landes désertes Pour voir son père et sa patrie. Près de l'arbre aux rameaux d'émeraude Son cheval tombe à bout de courage ... Près de l'arbre aux rameaux d'émeraude Le cavalier trouve l'ombrage. Et sous la touffe aux fleurs repoussées Il sourit aux malheurs de naguère Et sous la touffe aux fleurs repoussées Il s'endort au cou de son père.
Text Authorship:
- by José de Freitas Valle (1870 - 1958), as Jacques D'Avray
Go to the general single-text view
Please note: this text, provided here for educational and research use, is in the public domain in Canada and the U.S., but it may still be copyright in other legal jurisdictions. The LiederNet Archive makes no guarantee that the above text is public domain in your country. Please consult your country's copyright statutes or a qualified IP attorney to verify whether a certain text is in the public domain in your country or if downloading or distributing a copy constitutes fair use. The LiederNet Archive assumes no legal responsibility or liability for the copyright compliance of third parties.
Researcher for this page: Johann Winkler4. La Semence
Torturé par l'espoir, qui survit à lui même, Le semeur entendit quelqu'un lui dire : Sème ! L'air se trouble, le ciel se voile, le vent vole, La poussière bondit, les feuilles caracolent. Et sur le sillon noir, aux lèvres échancrées, Descend du tourbillon la semence dorée. Le caprice divin l'a pensé ... De ses yeux Le semeur croit saisir la volonté des cieux ... Son orgueil disparaît et sa colère, vaine, Se calme, en contemplant la minuscule graine. Il voit venir sa fin, plus fatale et plus proche, Il s'oublie un moment pour penser à ses proches. Il sent son cœur parler et ses lèvres se taire ... Et la semence est là qui perle sur la terre. Il la prend et la pose entombant à genoux Comme dans un écrin l'on mettrait un bijou ; La berce de son chant et de ses pleurs l'arrose, Elle germe ... et se fait l'arbre ... et l'arbre grandit ... Pour ombrager le vieux, qui rayonnant repose, Ayant pu par son âme atteindre l'Infini.
Text Authorship:
- by José de Freitas Valle (1870 - 1958), as Jacques D'Avray
Go to the general single-text view
Please note: this text, provided here for educational and research use, is in the public domain in Canada and the U.S., but it may still be copyright in other legal jurisdictions. The LiederNet Archive makes no guarantee that the above text is public domain in your country. Please consult your country's copyright statutes or a qualified IP attorney to verify whether a certain text is in the public domain in your country or if downloading or distributing a copy constitutes fair use. The LiederNet Archive assumes no legal responsibility or liability for the copyright compliance of third parties.
Researcher for this page: Johann Winkler