Quand l'amour suffisant nous joint es tnous revêt, Et qu'en nous sa noblesse monte, Comme on est délivré des plaisirs qu'on avait, Comme on les renie avec honte. Je me suis concentré mais non pas amoindri. J'ai, sur tout ce que je réclame, Sur mon amour complet, éblouissant, fleuri, Fermé le cercle de mon âme ! Allez-vous en de moi, vous dont j'avais souci, Aurores fraîches et mouillées, Portant vos linges d'or sur votre tête, ainsi Que des servantes renvoyées. Comme un marchand déçu qui ne m'a pas séduit, L'été peut replier ses toiles ; Et tu peux refermer loin de mon œil, ô nuit, Le harem glacé des étoiles. Je croirais déroger en ne dédaignant pas La terre et toute son ivresse ; Car j'ai mon univers, mais il tient dans mes bras J'ai l'infini sous ma caresse !
Amour
by André Wormser (1851 - 1926)
1. Consécration  [sung text checked 1 time]
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- by Abel Bonnard (1883 - 1968)
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Researcher for this page: Johann Winkler2. L'Amour ne donne pas de chaînes  [sung text checked 1 time]
L'amour ne donne pas de chaînes, il les ôte ; Oui, je vivais de mauvais gré, Mais, jeté brusquement aux splendeurs les plus hautes, J'aime, je me sens délivré ! Maintenant, réunis, nous vivons loin des hommes Comme deux éclairs pénétrés. Ils ne peuvent parler de l'extase où nous sommes, Puisqu'ils n'y sont jamais entrés. Accueillant les fureurs que l'amour nous destine, Acceptant tous nos lendemains, Nous avons à la fois une joie enfantine Et des triomphes surhumains. Et pouvons emporter, hors du monde menteur, Où tout est bassesse et désastres, Notre amour enflammé jusqu'à cette hauteur, Où les feux deviennent des astres !
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- by Abel Bonnard (1883 - 1968)
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Researcher for this page: Johann Winkler3. Notre vie à présent est digne de nous deux  [sung text checked 1 time]
Notre vie à présent est digne de nous deux. Dans le silence tout s'allège ; Et l'univers sent bien, chaste, religieux, Qu'un bruit serait un sacrilège.
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- by Abel Bonnard (1883 - 1968)
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Researcher for this page: Johann Winkler4. Absence  [sung text checked 1 time]
Tandis qu'au loin tu vis près du flot exultant, Qui change en hymnes ses orages, Mes jours où tu n'es plus sont pleins de toi pourtant Comme un désert plein de mirages. Je reste remué de vœux inassouvis, Encombré de toutes mes heures, Et suis comme arraché des endroits où je vis, Sans être à ceux où tu demeures. Ah ! tu n'aurais pas dû m'inspirer de pitié. Mon espoir fut trop téméraire ; Retombe, pauvre cœur, par toi seul châtié, Dans l'immonde foule ordinaire. Ainsi les jours fuiront et tu seras bientôt Par le temps inerte envahie ; Et tâche, mon amour, car tu souffrirais trop, D'oublier que tu t'es trahie !
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- by Abel Bonnard (1883 - 1968)
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Researcher for this page: Johann Winkler5. Je souffre de la bien‑aimée  [sung text checked 1 time]
L'amoureux porte, âpre, détruit, Parmi la foule inanimée, Son secret qui flamboie en lui ; Je souffre de la bien aimée. De tout ce qu'elle a de regards, De douceur, de charme, de gloire, Je me fais autant de poignards Que je plante dans ma mémoire. Je ne presque plus de couleur Et mes yeux sont pleins d'incendies. Mais on voit que cette pâleur N'est pas celle des maladies.
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- by Abel Bonnard (1883 - 1968)
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Researcher for this page: Johann Winkler6. Solitude
— Tacet —
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7. Épilogue  [sung text checked 1 time]
Comme du fond d'un lac s'élève vers le bord Un grand lotus de cire, Ainsi, parfois, du fond de notre passé mort, Remonte ton sourire. Je n'ai pas découvert cet être suffisant Que je cherchais ; je sors de l'effort épuisant, Et mon besoin d'amour finit en solitude. Pourtant la vie hostile, en son inquiétude, Ne peut rien inventer qui me fasse abdiquer. C'est à soi, je le sais, qu'on ne doit pas manquer. On s'est trompé parfois, on se déchire, on souffre, Mais on jette l'amour infirme dans le gouffre, Et fort, et sans jamais se laisser désarmer, On est libre et l'on peut recommencer d'aimer. Pour lui faire livrer les feux qu'elle recèle, Apre, frappe la vie afin qu'elle étincelle ! Ce qui fut imparfait que ce soit aboli. Ose royalement te servir de l'oubli. Acclame, des sommets hardis, où tu t'élèves, L'avenir, le chantier splendide de tes rêves. Si tu n'es pas resté courageux, invincible, Toi seul empêcherais la merveille possible. Reprends tous les désirs, où t'emporte ton sang, Et dicte à ton destin, ton ordre éblouissant !
Authorship:
- by Abel Bonnard (1883 - 1968)
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