J’aime tes yeux d’azur qui, tout pailletés d’or, Ont une lueur bleue et blonde, Tes yeux câlins et clairs où le rêve s’endort, Tes grands yeux bougeurs comme l’onde. Jusque dans leurs regards savants et nuancés, Si doux qu’ils te font deux fois femme, Ils reflètent le vol de tes moindres pensers Et sont les vitres de ton âme. Dans la rue on subit leur charme ensorceleur ; Ils étonnent sur ton passage, Car ils sont plus jolis et plus fleurs que la fleur Que tu piques à ton corsage. Oui, tes yeux sont si frais sous ton large sourcil, Qu’en les voyant on se demande S’ils n’ont pas un arôme harmonieux aussi, Tes longs yeux fendus en amande. Dans le monde on les voit pleins de morosité, Ils sont distraits ou sardoniques Et n’ont pour me parler amour et volupté Que des œillades platoniques ; Mais, tout seuls avec moi sous les rideaux tremblants, Ils me font te demander grâce, Et j’aspire, enlacé par tes petits bras blancs, Ce qu’ils me disent à voix basse.
Dix mélodies - Paroles et musique de Maurice Rollinat
by Maurice Rollinat (1846 - 1903)
1. La Chanson des yeux  [sung text not yet checked]
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "La Chanson des yeux", appears in Les névroses, in 2. Les Luxures
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Fasquelle, 1917, pages 87-88.
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2. L’Aboiement des chiens  [sung text not yet checked]
L’aboîment des chiens dans la nuit Fait songer les âmes qui pleurent, Qui frissonnent et qui se meurent, À bout de souffrance et d’ennui. Ils ne comprennent pas ce bruit, Ceux-là que les chagrins effleurent ! L’aboîment des chiens dans la nuit Fait songer les âmes qui pleurent. Mais, hélas ! quand l’espoir s’enfuit, Et que, seuls, les regrets demeurent, Quand tous les sentiments nous leurrent, Alors on écoute et l’on suit L’aboîment des chiens dans la nuit.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Nocturne", appears in Les névroses, in 1. Les Âmes
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 20.
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3. Nuit tombante  [sung text not yet checked]
Les taureaux, au parfum De la mousse, Arpentent l’herbe rousse, Et chacun Beugle au soleil défunt ; La rafale qui glousse Se trémousse Dans l’air brun. Et le ravin cruel, Sourd et chauve, A l’humidité fauve D’un tunnel ; Et comme un criminel, Le nuage se sauve, Gris et mauve, Dans le ciel. Des saules convulsés Et difformes, Des trous, des rocs énormes, Des fossés, Des vieux chemins gercés, Des buissons multiformes, Et des ormes Crevassés, De l’eau plate qui dort Dans la terre, Noire et plus solitaire Qu’un remord : Un long murmure sort, Un long murmure austère De mystère Et de mort. Au clapotis que font Les viornes, Sous la voûte sans bornes Et sans fond, Tout s’éloigne et se fond ; L’ombre efface les cornes Des bœufs mornes Qui s’en vont. Et l’escargot sans bruit Rampe et bave ; L’obscurité s’aggrave, Le vent fuit ; Et l’oiseau de minuit Flotte comme une épave Dans la cave De la nuit.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Nuit tombante", appears in Les névroses, in 3. Les Refuges
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, pages 140-142.
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4. Les Deux Serpents  [sung text not yet checked]
Fuis la femme, crains la vipère, En tous lieux, en toute saison, Et prends garde à leur trahison, Même à l’heure où ton âme espère ! Ces deux serpents-là font la paire : L’Amour est jumeau du Poison. Fuis la femme, crains la vipère, En tous lieux, en toute saison ! Avec le soupçon pour compère, Avec la Mort pour horizon, Cours la Vie ! et que la Raison Soit toujours ton point de repère ! Fuis la femme, crains la vipère !
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Les Deux Serpents", appears in Les névroses, in 2. Les Luxures
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 109.
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5. La Maladie  [sung text not yet checked]
La maladie est une femme Invisible comme un remord Qui flétrit, tout prêts pour la mort, La bouche rose et l’œil de flamme. Elle vous surprend dans sa trame Et vous plante sa dent qui mord. La maladie est une femme Invisible comme un remord. Qu’elle soit noble, étrange, infâme, Avec elle on a toujours tort ! Elle vous vide, elle vous tord La chair, l’esprit, le cœur et l’âme ; La maladie est une femme.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "La Maladie", appears in Les névroses, in 4. Les Spectres
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 306.
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6. Les Yeux morts  [sung text not yet checked]
De ses grands yeux chastes et fous Il ne reste pas un vestige : Ces yeux qui donnaient le vertige Sont allés où nous irons tous. En vain, ils étaient frais et doux Comme deux bluets sur leur tige ; De ses grands yeux chastes et fous Il ne reste pas un vestige. Quelquefois, par les minuits roux Pleins de mystère et de prestige, La morte autour de moi voltige, Mais je ne vois plus que les trous De ses grands yeux chastes et fous !
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Les Yeux morts", appears in Les névroses, in 4. Les Spectres
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 331.
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7. La Folie  [sung text not yet checked]
La tarentule du chaos Guette la raison qu’elle amorce. L’Esprit marche avec une entorse Et roule avec d’affreux cahots. Entendez hurler les manchots De la camisole de force ! La tarentule du chaos Guette la Raison qu’elle amorce. Aussi la Mort dans ses caveaux Rit-elle à se casser le torse, Devant la trame obscure et torse Que file dans tous les cerveaux La tarentule du chaos.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "La Folie", appears in Les névroses, in 4. Les Spectres
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 319.
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8. Les Larmes du monde  [sung text not yet checked]
Dans les yeux de l’Humanité La Douleur va mirer ses charmes. Tous nos rires, tous nos vacarmes Sanglotent leur inanité ! En vain l’orgueil et la santé Sont nos boucliers et nos armes, Dans les yeux de l’Humanité La Douleur va mirer ses charmes. Et l’inerte Fatalité Qui se repaît de nos alarmes, Sourit à l’océan de larmes Qui roule pour l’éternité Dans les yeux de l’Humanité !
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Les Larmes du monde", appears in Les névroses, in 1. Les Âmes
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 12.
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9. Tranquillité  [sung text not yet checked]
Mon sentiment s’écroule et tombe, L’indifférence me remplit, Car ma haine s’ensevelit Pendant que ma pitié succombe. La femme couleuvre et colombe N’est pour moi qu’un fait accompli Mon sentiment s’écroule et tombe, L’indifférence me remplit. Sous la rafale, sous la trombe, Mon calme inerte et sans un pli Dort les longs sommeils de l’oubli En attendant ceux de la tombe : Mon sentiment s’écroule et tombe.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Tranquillité", appears in Les névroses, in 5. Les Ténèbres
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 386.
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10. La Neige  [sung text not yet checked]
Avec ma brune, dont l’amour N’eut jamais d’odieux manège, Par la vitre glacée, un jour, Je regardais tomber la neige. Elle tombait lugubrement, Elle tombait oblique et forte. La nuit venait et, par moment, La rafale poussait la porte. Les arbres qu’avait massacrés Une tempête épouvantable, Dans leurs épais manteaux nacrés Grelottaient d’un air lamentable. Des glaçons neigeux faisaient blocs Sur la rivière congelée ; Murs et chaumes semblaient des rocs D’une blancheur immaculée. Aussi loin que notre regard Plongeait à l’horizon sans borne, Nous voyions le pays hagard Dans son suaire froid et morne. Et de la blanche immensité Inerte, vague et monotone, De la croissante obscurité, Du vent muet, de l’arbre atone, De l’air, où le pauvre oiselet Avait le vol de la folie, Pour nos deux âmes s’exhalait Une affreuse mélancolie. Et la neige âpre et l’âpre nuit Mêlant la blancheur aux ténèbres, Toutes les deux tombaient sans bruit Au fond des espaces funèbres.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "La Neige", appears in Dans les brandes, poèmes et rondels
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Confirmed with Maurice Rollinat, Dans les brandes, poèmes et rondels, Paris, Charpentier, 1883, pages 97-99.
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