Difference(s) between text #151461 and text #1160425
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| 1 | 1 | Pauvres et misérables peuples insensés | Pauvres et misérables peuples insensés, nations opiniâtres |
| 2 | 2 | en votre mal et aveugles en votre bien, vous vous laissez | |
| 3 | 3 | emporter devant vous le plus beau et le plus clair de votre | |
| 4 | 4 | e | revenu, piller vos champs, voler vos maisons et les dépouiller |
| 5 | 5 | des meubles anciens et paternels ! Vous vivez de sorte que | |
| 6 | 6 | vous ne vous pouvez vanter que rien soit à vous ; et semblerait | |
| 7 | 7 | que meshui ce vous serait grand heur de tenir à ferme vos biens, | |
| 8 | 8 | vos familles et vos vies ; et tout ce dégât, ce malheur, cette | |
| 9 | 9 | ruine, vous vient, non pas des ennemis, mais certes oui bien de | |
| 10 | l’ennemi, et de celui que vous faites si grand qu’il est, pour | ||
| 11 | lequel vous allez si courageusement à la guerre, pour | ||
| 12 | la grandeur duquel vous ne refusez point de présenter à la mort | ||
| 13 | vos personnes. Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux, | ||
| 14 | n’a que deux mains, n’a qu’un corps, et n’a autre chose que ce | ||
| 15 | qu’a le moindre homme du grand et infini nombre de nos villes, | ||
| 10 | 16 | sinon que l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. | sinon que l’avantage que vous lui faites pour vous détruire. |
| 11 | 17 | D’où a-t-il pris tant d’yeux, dont il vous épie, | D’où a-t-il pris tant d’yeux, dont il vous épie, si vous ne les |
| 12 | 18 | lui baillez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, | |
| 13 | 19 | s’il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule vos cités, | |
| 14 | 20 | s’il ne | d’où les a-t-il, s’ils ne sont des vôtres ? Comment a-t-il aucun |
| 15 | 21 | pouvoir sur vous, que par vous ? Comment vous oserait-il courir | |
| 16 | 22 | sus, s’il n’avait intelligence avec vous ? Que vous pourrait-il | |
| 17 | 23 | faire, si vous n’étiez recéleurs du larron qui vous pille, | |
| 18 | 24 | complices du meurtrier qui vous tue et traîtres à vous-mêmes ? | |
| 19 | 25 | Vous semez vos fruits, afin qu’il en fasse le dégât ; vous meublez | |
| 20 | 26 | et remplissez vos maisons, afin de fournir à ses pilleries ; vous | |
| 21 | 27 | nourrissez vos filles, afin qu’il ait de quoi soûler sa luxure ; | |
| 22 | 28 | vous nourrissez vos enfants, afin que, pour le mieux qu’il leur | |
| 23 | 29 | saurait faire, il les mène en ses guerres, qu’il les conduise à | |
| 24 | 30 | la boucherie, qu’il les fasse les ministres de ses convoitises, | |
| 25 | 31 | et les exécuteurs de ses vengeances ; vous rompez à la peine | |
| 32 | vos personnes, afin qu’il se puisse mignarder en ses délices et se | ||
| 33 | vautrer dans les sales et vilains plaisirs ; vous vous affaiblissez, | ||
| 34 | afin de le rendre plus fort et roide à vous tenir plus courte | ||
| 35 | la bride ; et de tant d’indignités, que les bêtes mêmes ou ne | ||
| 36 | les sentiraient point, ou ne l’endureraient point, vous pouvez vous | ||
| 37 | en délivrer, si vous l’essayez, non pas de vous en délivrer, | ||
| 38 | mais seulement de le vouloir faire. Soyez résolus de ne servir plus, | ||
| 39 | et vous voilà libres. Je ne veux pas que vous le poussiez ou | ||
| 40 | l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, | ||
| 41 | comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même | ||
| 42 | fondre en bas et se rompre. |
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