Colas, Colas, sois-moi fidèle,
  Conserve-moi toujours ta foi.
  Il est plus gente pastourelle,
  Mais non qui t’aime autant que moi.

1. Quand tu venais près village
Le soir, attendre mon retour,
J’étais encor naive et sage ;
Tu me tins doux propos d’amour.
D’avoir écouté ton langage,
Dois-je me repentir un jour ?
  Colas, Colas, sois-moi fidèle,
  Conserve-moi toujours ta foi.
  Il est plus gente pastourelle,
  Mais non qui t’aime autant que moi.

2. J’arrive toujours la première
Au rendezvous que tu donas;
Le temps s’écoule, envain j’espère
Entendre le bruit de tes pas.
Autrefois j’étais la dernière,
Mais du moins je ny’ manquais pas !
  Colas, Colas, sois-moi fidèle,
  Conserve-moi toujours ta foi.
  Il est plus gente pastourelle,
  Mais non qui t’aime autant que moi.

3. Des le matin j’étais parée
De la fleur que tu m’apportais ;
Le soir encor, à la veillée,
Pour une autre tu l’échangeais.
Depuis trois jours elle est fanée,
N’est-il plus de fleurs aux bosquets ?
  Colas, Colas, sois-moi fidèle,
  Conserve-moi toujours ta foi.
  Il est plus gente pastourelle,
  Mais non qui t’aime autant que moi.

4. Tu craignais mon indifférence,
Et c’est moi qui t’aime toujours ;
Ti faisais serment de constance
Et tu formes d’autres amours.
N’est-ce donc plus qu’en souvenance,
Qu’il est pour moi quelques beaux jours !
  Colas, Colas, sois-moi fidèle,
  Conserve-moi toujours ta foi.
  Il est plus gente pastourelle,
  Mais non qui t’aime autant que moi.