by Germain Collin-Bucher (1475 - 1545)
Despitz contre Gylon
Language: French (Français)
Apres ma mort je te feray la guerre. Et quand mon corps sera remis en terre, J'en souffleray la cendre sur tes yeulx. Et si mon ame est repetee aux cieulx, Croy seurement, dame trop rigoreuse, Je t'envoyray flamme si chaleureuse De traictz a feu flamboyantz si tres fort Que tant vauldroit sentir armes de mort. Et si je n'ay les droicts de bonne vie Bien accomplis, je courray a l'envye, Sans distinguer le temps ny la saison Comme un garou entour de ta maison. Toutes les nuictz, en ton lit avallee, De moy lutin seras en peur soullee, Et greveray incessamment ton corps. Je te feray ainsy misericords Comme tu es a l'amoureuse essence. Et si je fais en l'air ma penitence, Leiger yray te nuyre et laidenger. Si suys en l'eau, je t'y ferai plonger. Et si je suys cache entre les nues, Glaces alors ne seront retenues ; Gresles, escler, ny tonnerres aussy. Je t'en battray, sans grace ny mercy. Finablement quelque chose que soye, Je te feray la guerre en toute voye. Si rien deviens, de rien te combattray, Et sur tout rien a te veoir m'esbatray. Moyen prendray d'issir de Phlegetonte Et des paluz infernaulx d'Ascheronte, Pour te grever comme je l'ay songe. Et si je n'ay des Parques ce conge, Ma bonne amour que tu as offensee Rompra l'enfer comme toute incensee Et s'en ira tes plaisirs estranger. Car quand vivant je ne me peulx venger Ne rendre aussy les angoisses semblables Que tu me fais par rigueurs execrables, Mort, te feray tant de griefs recepvoir Que ce sera grand pitie de te veoir.
Confirmed with Les Poésies de Germain Colin Bucher, ed. by M. Joseph Denais, Paris, Librairie Léon Techener, 1890, pages 58-59.
Here is the poem with modernized spelling (the title would be "Dépit contre Gilon"):
Après ma mort, je te ferai la guerre, Et quand mon corps sera remis en terre J'en soufflerai la cendre sur tes yeux. Et si mon âme est répétée aux Cieux, Crois sûrement, dame très rigoureuse, Je t'enverrai flamme si chaleureuse, De traits à feu flamboyant si très fort, Que tant vaudrait sentir armes de mort. Et si je n'ai les droits de bonne vie. Bien accomplis, je courrai, à l'envie, Sans distinguer le temps ni la saison, Comme un garou autour de ta maison. Toutes les nuits, en ton lit avallée, De moi lutin seras en peur soûlée, Et grèverai incessamment ton corps. Je te ferai ainsi miséricords Comme tous à l'amoureuse essence. Et si je fais en l'air ma pénitence, Léger irai te nuire et laidenger*. Si suis en l'eau, je t'y ferai plonger. Et si je suis caché entre les nues, Glaces alors ne seront retenues, Grêles, éclairs, ni tonnerres aussi, Je t'en battrai sans grâce ni merci. Finalement quelque chose que soie, Je te ferai la guerre en toute voie. Si rien deviens, de rien te combattrai Et sur tout rien à te voir m'ébattrai. Moyen prendrai d'issir de Phlégétonte Et des palus infernaux d'Achéronte, Pour te grever comme je l'ai songé. Et si je n'ai des Parques ce congé, Ma bonne amour que tu as offensée Rompra l'Enfer comme toute insensée, Et s'en ira tes plaisirs étranger, Car quand vivant je ne me peux venger, Ni rendre aussi les angoisses semblables Que tu me fais par rigueurs exécrables, Mort, te ferai tant de griefs recevoir Que ce sera grand' pitié de te voir.
Text Authorship:
- by Germain Collin-Bucher (1475 - 1545), "Despitz contre Gylon" [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
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- Also set in French (Français), [adaptation] ; composed by André Jolivet.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2017-06-29
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