by Léon Valade (1841 - 1884)
Aubade vénitienne
Language: French (Français)
Colombine, mon cher souci Ouvre les yeux, et dis-moi si L’aurore fut jamais plus rose ? Debout ! sois prête en un clin d’œil ; Car c’en est fini du long deuil Q.u’au ciel faisait l’hiver morose. Tiens mes nouvelles en crédit : La pierre même reverdit Aux canaux qu’Avril vêt de mousses ; Et partout les balcons en fleurs Egayent de vives couleurs L’air embaumé de senteurs douces ! Ma barque, amarrée au poteau. T’attend devant la porte d’eau, Repeinte à neuf, tu peux m’en croire, Et portant l’abri blanc et bleu Du léger tendelet, au lieu De la maussade felché noire... Tout est prêt pour l’enlèvement. Colombine, fais vivement, Mon cœur ! ma perle ! mon idole ! Viens, faut-il tant te supplier ? L’Amour sera le gondolier. Viens, mets le pied dans la gondole ! Ton tuteur, le vieux Pantalon, [N’eut jamais d’ailes au talon]1 : Evade-toi sans crainte aucune !! Viens, laissant ronfler cet aïeul, Parfumer ta jupe au ghaïeul Qui fleurit la claire lagune. Vois ! j’apporte pour te lier Ces bracelets et ce collier De nacre qu’un reflet argente ; Et les verriers de Murano Ont filé pour toi cet anneau, Frêle au gré de ta foi changeante ! L’amoureux n’a ni soif ni faim ; L’amante ? je ne sais... Afin Qu’il ne te reste aucune excuse, Connaissant ton goût délicat. J’ai là des glaces au muscat Et du vin blanc de Syracuse. Scaramouche et Tartaglia, Q.u’un fol espoir à toi lia, Te verront envoler à tire D’ailes, — pauvres sots abusés ! — Et la douceur de nos baisers S’augmentera de leur martyre. Donne ta valise au faquin. — Sous tes beaux yeux, foi d’Arlequin. Mon cœur se change en solfatare ! Mais je m’abstiendrai, si tu veux, De toucher un de tes cheveux, Et je pincerai la guitare... Ou je te dirai mon sonnet (Que nul encore ne connaît !). Le vers final te divinise : Tu souriras... Si le départ Pour Cythère a lieu quelque pnrt, Colombine, c’est à Venise ! Les dômes, à l’horizon fin, Monteront, — pour décroitre enfin... — Voyager, quelle douce chose ! — Et bientôt penchant, le soleil Empourprera ton front vermeil En lies rougeurs d’apothéose. Puis nous verrons poindre, pensifs, Cyihére entre ses bleus massifs, Cythère, l’ile merveilleuse, A l’heure où s’allumera, pour Les longues extases d’amour, La lune comme une veilleuse.
L. Dauphin sets stanzas 1, 5, 4
1 Dauphin: "Ronfle encor comme un violon"
Text Authorship:
- by Léon Valade (1841 - 1884), "Aubade vénitienne", appears in Poésies posthumes, in 1. Poèmes vénitiens, no. 3, Paris, Éd. Alphonse Lemerre, first published 1890 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Léopold Dauphin (1847 - 1921), "Aubade vénitienne", published [1879], stanzas 1,5,4 [ high voice and piano ], from Nouvelles mélodies, 2ème livraison, no. 5, Éd. E. & A. Girod [sung text checked 1 time]
Researcher for this page: François Le Roux [Guest Editor]
This text was added to the website: 2021-02-27
Line count: 72
Word count: 375