Vous avez pris un jour une fleur, ô ma belle,
    Cruellement, pour la briser,
Et vous avez posé votre bouche sur elle
    En lui donnant un frais baiser.

Puis vous l’avez tenue en votre main gantée,
    Cherchant quelque hochet nouveau,
Et dans le fleuve enfin vous l’avez rejetée,
     Sans un regret, au fil de l’eau.

Moi, j’ai longtemps suivi des yeux la fleur chétive
     Qui s’en allait vers le néant,
Mais vous, vous en cherchiez une autre sur la rive,
      Tout en chantant !

Vous m’avez rejeté, comme la fleur flétrie,
      Sans entendre mes pleurs,
Et vous continuez votre chemin, ravie,
      Tandis que moi… j’en meurs !