Ô nuit clémenté, Ô nuit berceuse, Ô nuit profonde !
Ô nuit chaude, où tout s'adore au lieu de reposer, 
Où le doux clair de lune, étendu sur le monde, 
Descend de l'infini dans un vaste baiser.
Où les amants, sous tous les cieux. partout les mêmes, 
Pâles, muets, cherchant des tendresses suprêmes, 
Sentent leurs mains frémir et leurs cœurs se briser !
Partout, sous cette nuit splendide et languissante.
Devant la majesté du vide lumineux, 
Les amants défaillants d'une ivresse puissante, 
Écoutent l'infini vivre et gémir en eux.

Partout, au fond des bois, et sur toutes les grèves, 
Ils vont mêler la voix confuse de leurs rêves
Au murmure paisible et sublime des flots :
Ô nuit clémenté, Ô nuit berceuse, Ô nuit profonde !
Ô nuit chaude, où tout s'adore au lieu de reposer, 
Où le doux clair de lune, étendu sur le monde, 
Descend de l'infini dans un vaste baiser.
Partout, au fond des bois, sur les monts, dans les plaines, 
Il monte éperdûment de ces âmes trop pleines
Le même appel d'angoisse et les mêmes sanglots !
Ô nuit mélodieuse, ô nuit tiède et divine, 
Tu mets dans notre amour des désirs d'infini !