Je cheminais, seul et rêveur :
« Cueille-moi, » me dit une rose,
« De ce matin je suis éclose,
Et l'aube a pleuré sur mon cœur ! »
Parcourant le jardin en fleur
Je cheminais, seul et rêveur.

Je marchais, un jour, altéré :
« Bois, » me dit une source pure,
Qui sur un tapis de verdure
Promenait son ruisseau nacré.
Au milieu des bois égaré,
Je marchais, un jour, altéré.

Un jour, sans force, je tombais ;
« Repose-toi ! » me dit un chêne
Qui sur la colline prochaine
Etendait son ombrage épais ;
Du sommeil appelant la paix
Un jour, sans force, je tombais.

Comme je songeais, triste, un soir,
« Aimez-moi, » me dit une femme,
Dont la voix pénétra mon âme
D'amour, de courage et d'espoir ! ...
Voyant l'avenir sombre et noir,
Comme je songeais, triste, un soir.

La rose a déchiré mon bras ;
La source pure était amère ;
L'arbre cachait une vipère ! ...
Et la femme ne m'aimait pas !