Vois au-dehors cette journée d'été,
alors que les paysans passent le rouleau :
la campagne devant, le village derrière,
le chant des alouettes et des bourdons.
L'orge est en herbe et les baies en fleur,
des enfants jouent autour du rhododendron ;
le parfum de cidre du seigle en fleur
se répand sur les fermes alentour.

Le Danemark est un beau pays,
du nord au sud son territoire
fournit assez de pain pour tous ses habitants,
commerçants aussi bien que paysans.
Le seigle aux généreux épis
pousse au loin à l'abri des collines ;
les bourgeons de houblon  et les poiriers
reçoivent le soleil près des pignons blancs.

Les bacs au large poitrail,
habillés d'acier et de plaques de fer
labourent leurs chemins d'un bord à l'autre
de la surface des détroits.
Clochers de cuivre et toits de tuiles
se mirent dans le miroir des eaux ;
loin au large de blanches voiles
foisonnent parmi les vertes îles.

Le train part avec un grand gémissement
et souffle haut sa fumée ;
Le cheval qui se tient près de la barrière
prend ses ébats et renifle.
Le bouvier couple ses vaches ;
le soir soupire dans les joncs et les roseaux ;
de la porte ouverte de la forge
s'échappent les étincelles du crépuscule.

Homme du Danemark, si la ville
te devient par trop insupportable,
prends la mesure du Danemark
depuis ses propres hauteurs :
La vue s'étendant tout droit au loin,
sans obstacle, vers les détroits et les baies,
t'apportera plénitude, comme le vol du héron,
le soir, quand se couche le soleil.