Tout est lumière, tout est joie, L’araignée au pied diligent Attache aux tulipes de soie Ses rondes dentelles d’argent. La frissonnante libellule Mire les globes de ses yeux Dans l’étang splendide où pullule Tout un monde mystérieux ! La rose semble, rajeunie, S’accoupler au bouton vermeil ; L’oiseau chante plein d’harmonie Dans les rameaux pleins de soleil. Sa voix bénit le Dieu de l’âme Qui, toujours visible au cœur pur, Fait l’aube, paupière de flamme, Pour le ciel, prunelle d’azur ! Sous les bois, où tout bruit s’émousse, Le faon craintif joue en rêvant ; Dans les verts écrins de la mousse Luit le scarabée, or vivant. La lune au jour est tiède et pâle Comme un joyeux convalescent ; Tendre, elle ouvre ses yeux d’opale D’où la douceur du ciel descend ! La giroflée avec l’abeille Folâtre en baisant le vieux mur ; Le chaud sillon gaîment s’éveille, Remué par le germe obscur. Tout vit, et se pose avec grâce, Le rayon sur le seuil ouvert, L’ombre qui fuit sur l’eau qui passe, Le ciel bleu sur le coteau vert ! La plaine brille, heureuse et pure ; Le bois jase ; l’herbe fleurit. — Homme ! ne crains rien ! la nature Sait le grand secret, et sourit.
Deux chœurs , opus 20
by Charlotte Marie Louise Durey (1887 - 1955)
1. Lumière et joie  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Victor Hugo (1802 - 1885), "Spectacle rassurant", appears in Les Rayons et les Ombres, no. 17
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Confirmed with Victor Hugo, Les Rayons et les Ombres, Ollendorf, 1909, pages 587-588.
2. Ronde d’enfants  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Ohé, Daniel le pâtre, et toi, petit Elo, Déjà grand écolier malgré ta tête blonde, Et toi, Pol, bûcheron aussi droit qu’un bouleau, Et toi, Jan, petic mousse aux yeux verts comme l’onde, Allez-vous pas danser la ronde ? Iou, iou, La lande est belle et l’on est fou, La ronde tourne on ne sait où, Iou ! D’abord, chanta Daniel : Je garde des moutons, Je les conduis, gaiment, par les bois et la plaine, Et j’irai, Dieu le veuille, à beaucoup de pardons Avant que mes cheveux soient blancs comme leur laine ; Aussi, je chante à perdre haleine ! lou, iou, La lande est belle et l’on est fou, La ronde tourne on ne sait où, Iou ! Elo dit, le second : Je sais lire en latin ; Je fais de beaux écrits sur des pages bien blanches, Je suis un trop bon clerc pour rester sacristain ; Quand je serai recteur, j’aurai de longues manches ; Et je prêcherai, les dimanches ! Iou, iou, La lande est belle et l’on est fou, La ronde tourne on ne sait où, Iou ! Pol chanta, le troisième : À l’ombre des forêts La hache, sans repos, taille la branche torse, J’ai déjà les bras forts et souples les jarrets ; Je sais des arbrisseaux à la légère écorce Qui vont grandir avec ma force ! Iou, iou, La lande est belle et l’on est fou, La ronde tourne on ne sait où, Iou ! Jan, le dernier, chanta : Moi, j’irai sur les flots ; La mort, qui rôde autour, me prendra petit mousse ; Dieu ne laisse vieillir que peu de matelots ; Bien avant qu’on vous fasse une tombe de mousse, Je serai sous la mer qui mousse ! Iou, iou, La lande est belle et l’on est fou, La ronde tourne on ne sait où, Iou !
Text Authorship:
- by Eugène Le Mouël (1859 - 1934), "Ronde d'enfants", appears in Bonnes Gens de Bretagne
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Confirmed with Anthologie des poètes français du XIXème siècle, Volume 1852 à 1866, Paris: Alphonse Lemerre, 1888, p.215