Nos yeux seuls ont été les muets interprètes Du sentiment caché qui croissait dans nos cœurs. Les tiens m’ont révélé tes tristesses secrètes ; J’ai su tes longs combats en devinant leurs pleurs, Et compris ta tendresse aux clartés inquiètes Dont se troublaient parfois leurs rêveuses douceurs ; Et les miens t’ont redit les incertaines fêtes Dont mon âme était ivre en voyant tes pâleurs. Maintenant un amour grandissant se déroule Entre nous, sans avoir d’autre langage qu’eux. Quand nous nous rencontrons au milieu de la foule, Nos regards, se croisant, échangent des aveux, Comme à travers l’espace et par-dessus la houle, Des phares éloignés se parlent par leurs feux.
À l'amie perdue
by Marcel Dupré (1886 - 1971)
1. Nos yeux seuls  [sung text not yet checked]
Text Authorship:
- by Auguste Angellier (1848 - 1911), "Nos yeux seuls ont été les muets interprètes", written 1896, appears in À l'amie perdue, in 1. La floraison, no. 7, Éd. L. Chailley, first published 1896
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Researcher for this page: Andrew Schneider [Guest Editor]2. Quand je l'embrasserai  [sung text not yet checked]
Quand je l’embrasserai sous un treillis de roses, Je veux que vous ayez notre premier baiser, O chers yeux qui m’avez avoué tant de choses. Et mon âme sur vous montera l’épouser ; Je veux que vous sentiez sur vos paupières closes Les prémices de ma tendresse se poser, Sources de mon bonheur, clartés des jours moroses, Dont l’émoi découvert me permit seul d’oser ; Afin que vos regards, quand vous vous rouvrirez, Reparaissent changés et déjà rassurés Par cet avant-coureur d"un long amour fidèle. Il est juste, ô chers yeux, chers yeux tristes et doux, Que sur vous, sur vous seuls, mon premier baiser scelle L’amour inespéré qui m’est venu par vous.
Text Authorship:
- by Auguste Angellier (1848 - 1911), "Quand je l'embrasserai sous un treillis de roses", written 1896, appears in À l'amie perdue, in 1. La floraison, no. 10, Éd. L. Chailley, first published 1896
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Confirmed with Auguste Angellier, À l’amie perdue, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1920, page 12.
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3. Si mon amour  [sung text not yet checked]
Si mon amour n’est point l’amour que tu rêvais, S’il a failli d’atteindre au faîte de ce rêve, Si ton souhait de cœur par dessus lui s’achève, S’il n’est point le rayon des jours bons ou mauvais., S’il n’enveloppe point l’horizon de tes vœux, S’il reste, dans son cercle immense de tendresse, Un seul point entr’ouvert par lequel apparaisse Un azur plus lointain où t’entraînent tes yeux ; Dis-le ! je jetterai de ma main le poème, Et je m’en irai, par un sentier sans retour, Portant, dans cet exil que son poids fera court, La consolation et la fierté suprême De t’avoir, en partant, montré que mon amour Etait digne d’aimer comme tu veux qu’on aime.
Text Authorship:
- by Auguste Angellier (1848 - 1911), "Si mon amour n'est point l'amour que tu rêvais", written 1896, appears in À l'amie perdue, in 1. La floraison, no. 46, Éd. L. Chailley, first published 1896
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Confirmed with Auguste Angellier, À l’amie perdue, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1920, page 48.
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4. O les divins moments  [sung text not yet checked]
O les profonds, les purs et les divins moments, Moments qu’un infini de bonheur solennise, Où je tins contre moi, pleurante et reconquise, L’amie aux chers regards redevenus aimants ! Car ses yeux, qui mouillés et pleins de diamants Avaient gardé leurs pleurs, vaincus par la surprise Les laissaient s’écouler en une douce crise, Et sa voix se mourait en lents sanglots calmants. Nous étions arrêtés auprès d’un ancien saule, Dont le feuillage gris nous avait abrités, Et sur son front pâli tombé sur mon épaule, À travers ses cheveux épars et tourmentés. Ma lèvre encore tremblante où l’adieu frémissait Posa le long baiser qui nous réunissait.
Text Authorship:
- by Auguste Angellier (1848 - 1911), "O les profonds, les purs et les divins moments", written 1896, appears in À l'amie perdue, in 4. La querelle, no. 13, Éd. L. Chailley, first published 1896
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Confirmed with Auguste Angellier, À l’amie perdue, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1920, page 97.
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5. Je ne t'ai point connue  [sung text not yet checked]
Je ne t’ai point connue au bourgeon de ton âge, Alors que tes seize ans éblouissaient les yeux, Quand ton rire éclatait, clair, frais, pur et joyeux, Comme un chant d’alouette un matin sans nuage ; Mais j’ai vu dans sa fleur ton noble et doux visage, Grave comme un camée antique, et sérieux, Avec son air profond de regarder les cieux : Et mon cœur désormais suivra ta chère image ; Car tu traverseras les beautés successives Que la vie, en son cours, garde aux faces pensives Dont le sourire est triste et les jeux consolants : Tes traits mûris auront des accents fiers et lents. Puis la sérénité des saisons plus tardives, Va je te verrai belle avec des cheveux blancs.
Text Authorship:
- by Auguste Angellier (1848 - 1911), "Je ne t'ai point connue au bourgeon de ton âge", written 1896, appears in À l'amie perdue, in 1. La floraison, no. 47, Éd. L. Chailley, first published 1896
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Confirmed with Auguste Angellier, À l’amie perdue, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1920, page 49.
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6. Viens chercher sur mon cœur  [sung text not yet checked]
Viens chercher sur mon sein le calme du sommeil. Chère âme fatiguée, endolorie et triste ; Je veux que, pour ton cœur, ce repos soit pareil Au lac limpide et large où le chevreuil dépiste, À l’abri des rayons dangereux du soleil, La meute dont l’écho derrière lui persiste. Viens dormir dans mes bras, afin qu’à ton réveil Les sombres souvenirs, ayant perdu ta piste. Se dispersent grondants comme des chiens déçus ; Et toi-même, oubliant leur clameur et ta fuite, Ne te souviendras d’eux que pour t’avoir conduite Vers des lieux autrement restés inaperçus. Car t’aurais-je jamais, sans leur âpre poursuite, Donné les longs baisers que ton front a reçus?
Text Authorship:
- by Auguste Angellier (1848 - 1911), "Viens chercher sur mon sein le calme du sommeil", written 1896, appears in À l'amie perdue, in 1. La floraison, no. 34, Éd. L. Chailley, first published 1896
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Confirmed with Auguste Angellier, À l’amie perdue, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1920, page 36.
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7. Une lueur au ciel  [sung text not yet checked]
Une lueur au ciel est mauve comme un col De tourterelle lasse et presque inanimée ; De lourds lilas s’emplit la vallée embrumée, El les chauves-souris ont commencé leur vol ; Dans la forêt muette où chante un rossignol, Le crépuscule exhale une haleine embaumée ; La rosée a semé de perles la ramée : Les feuilles dans les airs, et les fleurs sur le sol, Et les mousses autour des trones, dans l’ombre brune Scintillent d’une étrange et claire broderie, Où ruisselle l’étrange et claire rêverie De l’oiseau qui toujours redit son infortune. Viens, pour parer le bois de toute sa féerie, Y montrer tes yeux bleus dans des rayons de lune.
Text Authorship:
- by Auguste Angellier (1848 - 1911), "Une lueur au ciel est mauve comme un col", written 1896, appears in À l'amie perdue, in 1. La floraison, no. 25, Éd. L. Chailley, first published 1896
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Confirmed with Auguste Angellier, À l’amie perdue, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1920, page 27.
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