Quatre Chants mystiques

C'était dans un jardin plein de fleurs et de roses, 
Et l'amour s'unissait à la gloire des Cieux 
Pour chasser les désirs et les langueurs moroses 
Et bénir ma pensée en enchantant mes yeux. 

Les Anges descendaient dans le jardin mystique 
Et les femmes, offrant de merveilleuses fleurs, 
Répondaient par leurs chants au céleste cantique,
Chants doux comme leur grâce et purs comme leurs cœurs. 

Et nous abandonnions aux heures fortunées 
Nos rêves, nos chansons, nos rires, nos baisers, 
Affranchis de la mort comme des destinées,
Rois par l'oubli du mal et de nos fers brisés. 

[ ... ]

Le printemps est revenu 
Comme un oiseau merveilleux ;
Il chante au plus haut des cieux 
Un hymne, un chant inconnu :

Il dit que tout va fleurir, 
Que l'homme sera pareil 
A des rayons de soleil, 
A des fleurs qui vont s'ouvrir. 

Tous ceux qui l'ont espéré 
Connaîtront l'amour du Ciel 
Et le printemps éternel, 
Et la Rose au cœur sacré. 

[ ... ]

Le vent du soir tombait en plaintes étouffées... 
L'épouse de ses bras m'enlaçait doucement, 
Et l'odeur de la mer se mêlait par bouffées,
Aux parfums que les fleurs exhalent en dormant. 

L'unité de nos cœurs et l'extase infinie 
Exaltaient mon amour au delà du désir 
Pour posséder en moi l'essence de Sa vie 
Et le frisson divin qui ne peut pas mourir. 

Nos lèvres et nos mains s'unirent en silence... 
Les cieux tremblant d'amour et de bonheur fervent,
Aux Anges enivrés chantaient notre espérance, 
Et nos cœurs, sans mourir, voyaient le Dieu vivant.

Au galop de nos chevaux de feu 
Entrons dans la ville aux murs d'airain, 
Et nous combattrons jusqu'à demain.
Gloire à Dieu ! Gloire à Dieu ! Gloire à Dieu ! 

Nous frapperons ta face de fer, 
Toi qui voulais braver l'Éternel ! 
Tu seras un cadavre immortel 
Que Salan rongera dans l'Enfer. 

Et nos chevaux fouleront aux pieds, 
Ville de fer, ville ivre de sang, 
Ton roi qui se croyait tout-puissant, 
Tes palais, ton peuple et tes guerriers.