Ton cœur est un bourgeon que l'approche du printemps agite avec indifférence. Il demeure immobile et droit comme un enfant que rêve. Au milieu de la vie, ton coeur reste fermé. Fille du soleil, voice venir la joie. Tiède, douce, rieuse, la joie frôle ton cœur. Tâche d'y pénétrer, suspend à ton existence incertaine toutes les caresses et les clartés de la vie. Au milieu du bonheur, ton cœur reste fermé. Et puis, voici l'amour suivi de ton cortège de tristesses et de voluptés. L'amour baise ton coeur comme on touche un oiseau. Sous la tendresse de sa bouche, il se sent rester clos et cherche à l'entr'ouvrir avec ses mains charmeuses. Ton coeur a frémi, mais obstinément il reste fermé. Voice la souffrance. Son visage au front lourd, depuis toujours connu, nous est presque amical . . . N'était-il pas possible que tu fusses jamais un cœur épanoui ? A présent, la douleur venue sans qu'on le sache, pareille à la tempête, a passé sur ton cœur. Et ton cœur s'est ouvert comme une immense fleur parfumée et tragique.
Seven French Songs
by (Julianus Marie) August De Boeck (1865 - 1937)
1. Éclosion
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Jeanne Cuisinier (1890 - 1964)
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Researcher for this page: Malcolm Wren [Guest Editor]2. Été
Language: French (Français)
Je viens à toi, les bras chargés de tout l'Eté ! J'apporte des épis de la paille dorée, des fougères, des mousses pleines de fraîcheur. J'apporte des plumes d'oiseaux presque tièdes encore, et de douces toisons d'agnelles blanches. J'apporte des fruits savoureux nourris de Soleil et la chère odeur des vergers. Si tu veux, je te donnerai tout ; Je te le donnerai si tu veux sourire. Je viens à toi le cœur chargé de tout l'amour ! J'apporte mes bras parfumés et mes mains habiles aux caresses. J'apporte mes yeux pareils à des lacs silencieux et ma bouche éclairée pour toi d'un obscur sourire. J'apporte toute ma ferveur, ma tristesse et ma joie. Si tu veux, je te donnerai tout; Je te le donnerai si tu veux me dire : « Je te dois mon bonheur !» Et j'apporte aussi ma tendresse comme une grappe mûre inclinée lourdement vers la terre. Je te l'apporte et ne demande plus même de paroles. Prends la ; je te la donne si je puis me pencher sur tes lèvres, Car je veux boire et me griser du vin clair de ton rire; Et je veux écouter ton cœur chanter joyeusement comme je t'aimerai !
Text Authorship:
- by Jeanne Cuisinier (1890 - 1964)
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Researcher for this page: Malcolm Wren [Guest Editor]3. Fidélité
Language: French (Français)
Mon bel amour agonisant Je vous regarde encore. Mon bel amour qui si souvent M'a fait pleurer jusqu'à la mort ; Mon cher amour que j'amais tant, Je vous souris encore. Est-ce vrai que pour vous je ne vais plus souffrir, Et que je vais vous oublier? Ah ! de quelle voix faut-il dire : Mourez en paix ; je vais prier ? . . . Est-ce vrai, mon amour, que vous allez mourir ? J'entends la voix de mon amour Au fond de ma pauvre tristesse . . . J'attends l'impossible retour De l'aimé qui fuit ma vieillesse. Effrayé du nombre des jours Malgré l'ardeur de ma tendresse. Oui, j'entends votre voix, La voix de mon amour, Lasse et navrée, ô chère voix ! Elle appelle sans qu'il entende, Elle se brise quelque fois, Mais elle vit, et mon amour vit par sa voix. Que m'importent mes vieux tourments Si tout mon amour vit encore ? Et de quels mots reconnaissants Puis-je vous saluer encore ? O mon bel amour renaissant, Regardez moi : Je pleure encore.
Text Authorship:
- by Jeanne Cuisinier (1890 - 1964)
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Researcher for this page: Malcolm Wren [Guest Editor]4. Sonnet
Language: French (Français)
Si vous voulez ce soir, regarder dans mon cœur D'un regard amical, vous verrez la confiance Entière de mon être et le désir intense De reconnaître en vous mon ami le meilleur. Le soir est silencieux. Vous saurez la douceur Que m'apporte toujours votre chère présence. Même je vous dirai que ma tendresse immense Et mon plus cher secret et mon rare bonheur. Il suffira ce soir de vos yeux dans mon âme : Vous y verrez l'amour danser comme une flamme. Les sourires, les pleurs, les rêves de toujours. Mais je ne dirai pas, ô cher, je vous le jure Les longs instants cruels de muette torture, Ni le deuil désolé qui nourrit mon amour.
Text Authorship:
- by Jeanne Cuisinier (1890 - 1964)
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Researcher for this page: Malcolm Wren [Guest Editor]5. Élégie
Language: French (Français)
Si ma seul tendresse, ami, ne peut suffire A ton cœur exigeant, prends sur ma bouche amère, Qui se pare pour toi d'un douloureux sourire Le baiser qui dispense une joie éphémère. Hélas! ce baiser triste et donné sans amour Peut-être autant qu'à toi me paraît doux et grave Mais mieux vaut oublier la douceur de ce jour Qui nous ferait plus las tous les deux et moins braves. Car ma seule tendresse, ami, pourra suffire A ton cœur exigeant, quand sur ma bouche amère Silencieusement s'éteindra le sourire Ainsi que le baiser et la joie éphémère.
Text Authorship:
- by Jeanne Cuisinier (1890 - 1964)
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Researcher for this page: Malcolm Wren [Guest Editor]6. Mystère
Language: French (Français)
J'ai regardé tes paupières closes ; J'ai souri de les regarder si blanches et si claires ! De la lumière filtrait à travers l'épaisseur douce et palpitante des cils . . . Mais j'ai voulu savoir qu'y a-t-il sous ces paupières ? Avec des caresses, avec des baisers j'ai forcé tes paupières à s'ouvrir ; J'ai vu tes yeux. Tes yeux pensifs comme un grand fleuve, Mettaient autour de nous du ciel et de la joie. Mais j'ai voulu savoir qu'y a-t-il sous ces yeux ? Avec beaucoup de sagesse et beaucoup de tendresse j'ai lu dans tes yeux ; J'ai découvert ton âme. Ton âme passait en beauté les plus beaux rêves que j'avais rêvés. J'ai puisé en elle toutes mes joies . . . Mais une angoisse m'a déchiré. Qu'y a-t-il après l'âme ? J'ai cherché vainement. Alors l'élan de ta pitié et de ton abandon m'a révélé l'amour. En face de l'amour je connais l'extase. Je sens à la fois tous les bonheurs et toutes les souffrances. Mais maintenant l'angoisse est affreuse et me meurtrit . . . Qu'y a-t-il, oh qu'y a-t-il après l'amour ?
Text Authorship:
- by Jeanne Cuisinier (1890 - 1964)
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Researcher for this page: Malcolm Wren [Guest Editor]7. Le Don
Language: French (Français)
Je t'ai donné les fleurs des aubes brèves et leurs parfums . . . Qu'en as-tu fait ? Dis-moi ? D'elles, je fis le parfum de nos rêves ; Et nos rêves, je les fis tous pour toi. Je t'ai donné les beaux fruits de l'automne, ma douce enfant: Qu'en as-tu fait ? Dis-moi ? Je trouve en eux la saveur qui t'étonne. Dans mes baisers qui sont tous nés pour toi. Je t'ai donné la paleur émouvante de l'étoile. Dis-moi, qu'en as-tu fait ? Ami, je fis de la clarté vivante l'éclat des yeux qui pour toi seul brillaient. Je t'ai donné les gouttes scintillantes de la rosée. Enfant, qu'en as-tu fait ? Ami, je fis des perles ruisselantes, source de pleurs qui pour toi seul coulaient. Je te donne mon cœur. L'amour, vertu suprême en lui resplendit et chatoie . . . Ta vie aussi, me la donneras-tu ? Qu'en veux-tu faire, Oh mon enfant ? Ta joie !
Text Authorship:
- by Jeanne Cuisinier (1890 - 1964)
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