Beauté, mon cher souci, de qui l’âme incertaine A, comme l’Océan, son flux et son reflux, Pensez de vous résoudre à soulager ma peine, Ou je me résoudrai à ne la souffrir plus. Vos yeux ont des appas que j’aime et que je prise, Et qui peuvent beaucoup dessus ma liberté, Mais pour me retenir, s’ils font cas de ma prise, Il leur faut de l’amour autant que de beauté. Quand je pense être au point que cela s’accomplisse, Quelque excuse toujours en empêche l’effet ; C’est la toile sans fin de la femme d’Ulysse, Dont l’ouvrage du soir au matin se défait. Madame, avisez-y, vous perdez votre gloire De me l’avoir promis et vous rire de moi. S’il ne vous en souvient, vous manquez de mémoire ; Ou s’il vous en souvient, vous n’avez point de foi. J’avois toujours fait compte, aimant chose si haute, De ne m’en séparer qu’avecque le trépas ; S’il arrive autrement, ce sera votre faute, De faire des serments et ne les tenir pas.
Deux poèmes de Malherbe
by Maurice Jaubert (1900 - 1940)
1. Dessein de quitter une dame qui ne le contentoit que de promesses  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by François de Malherbe (1555 - 1628), "Stances", written 1598
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Confirmed with Poésies de François Malherbe, Texte établi par J. B. Tenant de Latour et A. de Latour, Paris, Charpentier, 1842, page 37.
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
2. Chanson  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Sus, debout la merveille des belles ; Allons voir sur les herbes nouvelles Luire un émail dont la vive peinture Défend à l’art d’imiter la nature. L’air est plein d’une haleine de roses, Tous les vents tiennent leurs bouches closes, Et le soleil semble sortir de l’onde Pour quelque amour plus que pour luire au monde. On diroit, à lui voir sur la tête Ses rayons comme un chapeau de fête, Qu’il s’en va suivre en si belle journée Encore un coup la fille de Pénée. Toute chose aux délices conspire, Mettez-vous en votre humeur de rire ; Les soins profonds d’où les rides nous viennent A d’autres ans qu’aux vôtres appartiennent. Il fait chaud ; mais un feuillage sombre Loin du bruit nous fournira quelque ombre Où nous ferons, parmi les violettes, Mépris de l’ambre et de ses cassolettes. Pres de nous, sur les branches voisines Des genêts, des houx et des épines, Le rossignol déployant ses merveilles, Jusqu’aux rochers donnera des oreilles. Et peut-être, à travers les fougères, Verrons-nous de bergers à bergères, Sein contre sein et bouche contre bouche, Naitre et finir quelque douce escarmouche. C’est chez eux qu’Amour est à son aise ; Il y saute, il y danse, il y baise, Et foule aux pieds les contraintes serviles De tant de lois qui le gênent aux villes. O qu’un jour mon ame auroit de gloire D’obtenir cette heureuse victoire, Si la pitié de mes peines passées Vous disposoit à semblables pensées ! Votre honneur, le plus vain des idoles, Vous remplit de mensonges frivoles ; Mais quel esprit que la raison conseille, S’il est aimé, ne rend point la pareille ?
Text Authorship:
- by François de Malherbe (1555 - 1628), "Chanson", written 1614
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