Ô Fontaine Bellerie, Belle fontaine chérie De nos Nymphes, quand ton eau Les cache au creux de ta source, Fuyantes le Satyreau, Qui les pourchasse à la course Jusqu'au bord de ton ruisseau, Tu es la Nymphe éternelle De ma terre paternelle : Pource en ce pré verdelet Vois ton Poète qui t'orne D'un petit chevreau de lait, A qui l'une et l'autre corne Sortent du front nouvelet. L'Été je dors ou repose Sur ton herbe, où je compose, Caché sous tes saules verts, Je ne sais quoi, qui ta gloire Enverra par l'univers, Commandant à la Mémoire Que tu vives par mes vers. L'ardeur de la Canicule Ton vert rivage ne brûle, Tellement qu'en toutes parts Ton ombre est épaisse et drue Aux pasteurs venant des parcs, Aux bœufs las de la charrue, Et au bestial épars. Iô ! tu seras sans cesse Des fontaines la princesse, Moi célébrant le conduit Du rocher percé, qui darde Avec un enroué bruit L'eau de ta source jasarde Qui trépillante se suit.
Ciel, air et vents
Song Cycle by Rudolf Escher (1912 - 1980)
1. Ode
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Ô Fontaine Bellerie", appears in Les Odes
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
2. Chanson
Language: French (Français)
Quand ce beau Printemps je vois,
J'aperçois
Rajeunir la terre et l'onde
Et me semble que le jour,
Et l'Amour,
Comme enfants naissent au monde.
Le jour qui plus beau se fait,
Nous refait
Plus belle et verte la terre,
Et Amour armé de traits
Et d'attraits,
En nos coeurs nous fait la guerre.
Il répand de toutes parts
Feux et dards
Et dompte sous sa puissance
Hommes, bestes et oiseaux,
Et les eaux
Lui rendent obeïssance.
...
Je sens en ce mois si beau
Le flambeau
D'Amour qui m'échauffe l'âme,
Y voyant de tous côtés
Les beautés
Qu'il emprunte de ma Dame.
Quand je vois tant de couleurs
Et de fleurs
Qui émaillent un rivage,
Je pense voir le beau teint
Qui est peint
Si vermeil en son visage.
Quand je vois les grand rameaux
Des ormeaux
Qui sont lacés de lierre,
Je pense être pris és lacs
De ses bras,
Et que mon col elle serre.
...
Quand je vois dans un jardin,
Au matin,
S'éclore une fleur nouvelle,
J'accompare le bouton
Au teton
De son beau sein qui pommelle.
...
Quand je sens parmi les prés
Diaprés
Les fleurs dont la terre est pleine,
Lors je fais croire à mes sens
Que je sens
La douceur de son haleine.
...
Je voudrais au bruit de l'eau
D'un ruisseau,
Déplier ses tresses blondes,
Frisant en autant de noeuds
Ses cheveux.
Que je verrais friser d'ondes.
Je voudrois, pour la tenir,
Devenir
Dieu de ces forêts désertes,
La baisant autant de fois
Qu'en un bois
Il y a de feuilles vertes.
Hà ! maîtresse, mon souci,
Viens ici,
Viens contempler la verdure !
Les fleurs de mon amitié
Ont pitié,
Et seule tu n'en as cure.
Au moins lève un peu tes yeux
Gracieux,
Et vois ces deux colombelles,
Qui font naturellement,
Doucement
L'amour du bec et des ailes.
Et nous, sous ombre d'honneur,
Le bonheur
Trahissons par une crainte:
Les oiseaux sont plus heureux
Amoureux,
Qui font l'amour sans contrainte.
Toutefois ne perdons pas
Nos ébats
Pour ces lois tant rigoureuses;
Mais, si tu m'en crois, vivons,
Et suivons
Les colombes amoureuses.
Pour effacer mon émoi,
Baise-moi,
Rebaise-moi, ma Déesse!
Ne laissons passer en vain
Si soudain
Les ans de notre jeunesse.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), "Chanson"
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (David Wyatt) , "When I see the fair Springtime", copyright © 2012, (re)printed on this website with kind permission
3. Sonnet
Language: French (Français)
Ciel, air et vents, plains et monts découverts, Tertres vineux et forêts verdoyantes, Rivages tors et sources ondoyantes, Taillis rasés et vous, bocages verts, Antres moussus à demi-front ouverts, Prés, boutons, fleurs et herbes rousoyantes, Vallons bossus et plages blondoyantes, Et vous rochers, les hostes de mes vers ! Puisqu'au partir, rongé de soin et d'ire, A ce bel œil adieu je n'ai su dire, Qui près et loin me détient en émoi, Je vous suppli', ciel, air, vents, monts et plaines, Taillis, forêts, rivages et fontaines Antres, prés, fleurs, dites-le-lui pour moi.
Text Authorship:
- by Pierre de Ronsard (1524 - 1585), no title, appears in L'amour de Cassandre , no. 11
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Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- CHI Chinese (中文) [singable] (Dr Huaixing Wang) , copyright © 2024, (re)printed on this website with kind permission
- ENG English (Faith J. Cormier) , "Sky, air and winds", copyright © 2005, (re)printed on this website with kind permission
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