Introduction : Combats -- Tumulte -- Intervention du Prince Prologue CONTRALTO ET PETIT CHŒUR D'anciennes haines endormies Ont surgi comme de l'enfer ; Capulets, Montagus, deux maisons ennemies, Dans Vérone ont croisé le fer. Pourtant, de ces sanglants désordres Le Prince a réprimé le cours, En menaçant de mort ceux qui, malgré ses ordres, Aux justices du glaive auraient encor recours. Dans ces instants de calme une fête est donnée Par le vieux chef des Capulets. CONTRALTO Le jeune Roméo, plaignant sa destinée, Vient tristement errer à l'entour du palais ; Car il aime d'amour Juliette... la fille Des ennemies de sa famille !... CONTRALTO ET PETIT CHŒUR Le bruit des instruments, les chants mélodieux Partent des salons où l'or brille, Excitant et la danse et les éclats joyeux. PETIT CHŒUR La fête est terminée, et quand tout bruit expire, Sous les arcades on entend Les danseurs fatigués s'éloigner en chantant. Hélas ! et Roméo soupire, Car il a dû quitter Juliette ! -- Soudain, Pour respirer encor cet air qu'elle respire, Il franchit les murs du jardin. Déjà sur son balcon la blanche Juliette Paraît... et, se croyant seule jusques au jour, Confie à la nuit son amour. Roméo, palpitant d'une joie inquiète, Se découvre à Juliette, Et de son cœur les feux éclatent à leur tour. Strophes CONTRALTO Premiers transports que nul n'oublie ! Premiers aveux, premiers serments De deux amants Sous les étoiles d'Italie ; Dans cet air chaud et sans zéphyrs Que l'oranger au loin parfume, Où se consume Le rossignol en longs soupirs ! Quel art, dans sa langue choisie, Rendrait vos célestes appas ? Premier amour, n'êtes-vous pas Plus haut que toute poésie ? Ou ne seriez-vous point, dans notre exil mortel, Cette poésie elle-même, Dont Shakespeare lui seul eut le secret suprême Et qu'il remporta dans le ciel ? PETIT CHŒUR ... dans le ciel ! CONTRALTO Heureux enfants aux cœurs de flamme ! Liés d'amour par le hasard D'un seul regard, Vivant tous deux d'une seule âme, Cachez-le bien sous l'ombre en fleurs, Ce feu divin qui vous embrase, Si pure extase Que ses paroles sont des pleurs ! Quel roi de vos chastes délires Croirait égaler les transports ? Heureux enfants !... et quels trésors Paieraient un seul de vos sourires ! Ah ! savourez longtemps cette coupe de miel, Plus suave que les calices Où les anges de Dieu, jaloux de vos délices, Puisent le bonheur dans le ciel ! PETIT CHŒUR ... dans le ciel ! TÉNOR ET PETIT CHŒUR Bientôt de Roméo la pâle rêverie Met tous ses amis en gaieté : TÉNOR »Mon cher, dit l'élégant Mercutio, je parie Que la reine Mab t'aura visité !« Scherzetto TÉNOR ET PETIT CHŒUR Mab, la messagère Fluette et légère ! Elle a pour char une coque de noix TÉNOR Que l'écureuil a façonnée ; Les doigts de l'araignée Ont filé ses harnois. TÉNOR ET PETIT CHŒUR Durant les nuits, la fée, en ce mince équipage, Galope follement dans le cerveau d'un page TÉNOR Qui rêve espiègle tour Ou molle sérénade TÉNOR ET PETIT CHŒUR Au clair de lune sous la tour. En poursuivant sa promenade TÉNOR La petite reine s'abat TÉNOR ET PETIT CHŒUR Sur le col bronzé d'un soldat. TÉNOR Il rêve canonnades Et vives estocades... Le tambour !... la trompette !... il s'éveille, et d'abord jure, et prie en jurant toujours, TÉNOR ET PETIT CHŒUR puis se rendort TÉNOR Et ronfle avec ses camarades. -- TÉNOR ET PETIT CHŒUR C'est Mab qui faisait tout ce bacchanal ! C'est elle encor qui, dans un rêve, habille La jeune fille Et la ramène au bal. TÉNOR Mais le coq chante, le jour brille, Mab fuit comme un éclair TÉNOR ET PETIT CHŒUR Dans l'air ! PETIT CHŒUR Bientôt la mort est souveraine. Capulets, Montagus, domptés par les douleurs, Se rapprochent enfin pour abjurer la haine, Qui fit verser tant de sang et de pleurs.
Roméo et Juliette
Symphony by Hector Berlioz (1803 - 1869)
1. Premier Mouvement  [sung text checked 1 time]
Authorship:
- by Émile Deschamps (1791 - 1871), loosely based on Shakespeare's play
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Researcher for this page: Guy Laffaille [Guest Editor]2. Deuxième Mouvement
— Tacet —
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Roméo seul -- Tristesse -- Bruit lointain de bal et de concert -- Grande Fête chez Capulet3. Troisième Mouvement  [sung text checked 1 time]
Nuit sereine --- Le Jardin de Capulet, silencieux et désert. Les jeunes Capulets, sortant de la fête, passent en chantant des réminiscences de la musique du bal CHŒURS I & II (derrière la scène) Ohé ! Capulets, bonsoir ! Cavaliers, au revoir ! Ah ! quelle nuit ! quel festin ! Bal divin ! Que de folles Paroles ! Belles Véronaises, Sous les grands mélèzes, Allez rêver de bal et d'amour Jusqu'au jour ! Tra la la... Scène d'amour Juliette sur le balcon et Roméo dans l'ombre
Authorship:
- by Émile Deschamps (1791 - 1871), loosely based on Shakespeare's play
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Researcher for this page: Guy Laffaille [Guest Editor]4. Quatrième Mouvement
— Tacet —
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La Reine Mab, ou la Fée des songes. Scherzo5. Cinquième Mouvement  [sung text checked 1 time]
Convoi funèbre de Juliette CHŒUR DES CAPULETS (pendant la marche funèbre) Jetez des fleurs pour la vierge expirée ! Suivez jusqu'au tombeau notre sœur adorée !
Authorship:
- by Émile Deschamps (1791 - 1871), loosely based on Shakespeare's play
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Researcher for this page: Guy Laffaille [Guest Editor]6. Sixième Mouvement
— Tacet —
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Roméo au tombeau des Capulets : Invocation -- Réveil de Juliette. Joie délirante, désespoir, dernières angoisses et mort des deux amants7. Septième Mouvement  [sung text checked 1 time]
Final : La foule accourt au cimetière -- Rixe des Capulets et des Montagus -- Récitatif et Air du Père Laurence -- Serment de réconciliation CHŒUR DES MONTAGUS Quoi ! Roméo de retour ! Roméo ! Pour Juliette il s'enferme au tombeau Des Capulets que sa famille abhorre ! Ah ! malédiction sur eux ! Roméo ! Ciel ! Morts, tous les deux ! Et leur sang fume encore ! Ah ! quel mystère affreux ! CHŒUR DES CAPULETS Quoi ! Roméo de retour ! Roméo ! Des Montagus ont brisé le tombeau De Juliette, expirée à l'aurore ! Ah ! malédiction sur eux ! Juliette ! Ciel ! Morts, tous les deux ! Et leur sang fume encore ! Ah ! quel mystère affreux ! Récitatif LE PÈRE LAURENCE Je vais dévoiler le mystère : Ce cadavre, c'était l'époux De Juliette ! -- Voyez-vous Ce corps étendu sur la terre ? C'était la femme, hélas ! de Roméo ! -- C'est moi Qui les ai mariés ! LES DEUX CHŒURS Mariés ! LE PÈRE LAURENCE Oui, je dois L'avouer. -- J'y voyais le gage salutaire D'une amitié future entre vos deux maisons... LES DEUX CHŒURS Amis des Montagus/Capulets, nous !... Nous les maudissons ! LE PÈRE LAURENCE Mais vous avez repris la guerre de famille ! Pour fuir un autre hymen, la malheureuse fille, Au désespoir, vint me trouver : »Vous seul, s'écria-t-elle, auriez pu me sauver ! Je n'ai plus qu'à mourir !« -- Dans ce péril extrême, Je lui fis prendre, afin de conjurer le sort, Un breuvage qui, le soir même, Lui prêta la pâleur et le froid de la mort. LES DEUX CHŒURS Un breuvage ! LE PÈRE LAURENCE Et je venais sans crainte Ici la secourir. Mais Roméo, trompé, dans la funèbre enceinte M'avait devancé pour mourir Sur le corps de sa bien-aimée ; Et, presqu'à son réveil, Juliette, informée De cette mort qu'il porte en son sein dévasté, Du fer de Roméo s'était contre elle armée, Et passait dans l'éternité Quand j'ai paru ! -- Voilà toute la vérité ! LES VIEILLARDS CAPULETS ET MONTAGUS (avec consternation) Mariés ! Air LE PÈRE LAURENCE Pauvres enfants que je pleure, Tombés ensemble avant l'heure, Sur votre sombre demeure Viendra pleurer l'avenir ! Grande par vous dans l'histoire, Vérone, un jour, sans y croire, Aura sa peine et sa gloire Dans votre seul souvenir ! Où sont-ils maintenant ces ennemis farouches, Capulets, Montagus ! Venez, voyez, touchez... La haine dans vos cœurs, l'injure dans vos bouches, Des ces pâles amants, barbares, approchez ! Dieu vous punit dans vos tendresses, Ses châtiments, ses foudres vengeresses, Ont le secret de nos terreurs ! Entendez-vous sa voix qui tonne : »Pour que là-haut ma vengeance pardonne, Oubliez vos propres fureurs !« Rixe des Capulets et des Montagus CHŒUR DES CAPULETS Mais notre sang rougit leur glaive ! CHŒUR DES MONTAGUS Le nôtre aussi contre eux s'élève. LES CAPULETS Ils ont tué Tybalt ! LES MONTAGUS Qui tua Mercutio ? LES CAPULETS Et Pâris donc ? LES MONTAGUS Et Benvolio ? LES CAPULETS Perfides ! point de paix ! LES MONTAGUS Non, lâches, point de trêve ! LES DEUX CHŒURS Non, non, non, non ! Invocation du Père Laurence LE PÈRE LAURENCE (avec indignation) Silence ! malheureux ! pouvez-vous sans remords, Devant un tel amour étaler tant de haine ? Faut-il que votre rage en ces lieux se déchaîne, Rallumée aux flambeaux des morts ? Grand Dieu qui vois au fond de l'âme, Tu sais si mes vœux étaient purs ! Grand Dieu ! d'un rayon de ta flamme Touche ces cœurs sombres et durs ! Et que ton souffle tutélaire, A ma voix sur eux se levant, Chasse et dissipe leur colère, Comme la paille au gré du vent ! CHŒURS DES MONTAGUS Ô Juliette, douce fleur, Dans ces moments suprêmes Les Montagus sont prêts eux-mêmes A s'attendrir sur ton destin. CHŒURS DES CAPULETS Ô Roméo, jeune astre éteint, Dans ces moments suprêmes Les Capulets sont prêts eux-mêmes A s'attendrir sur ton destin. LES DEUX CHŒURS Dieu ! quel prodige étrange ! Plus d'horreur, plus de fiel ! Mais des larmes du ciel ! Toute notre âme change ! Serment LE PÈRE LAURENCE Jurez donc, par l'auguste symbole, Sur le corps de la fille et sur le corps du fils, Par ce bois douloureux qui console, Jurez tous, jurez par le saint crucifix, De sceller entre vous une chaîne éternelle De tendre charité, d'amitié fraternelle ; Et Dieu, qui tient en main le futur jugement, Au livre du pardon inscrira ce serment ! PETIT CHŒUR DU PROLOGUE ET LE PÈRE LAURENCE Jurez tous, par l'auguste symbole, Sur le corps de la fille et sur le corps du fils, Par ce bois douloureux qui console, Jurez tous par le saint crucifix, De sceller entre vous une chaîne éternelle De tendre charité, d'amitié fraternelle ; Et Dieu, qui tient en main le futur jugement, Au livre du pardon inscrira ce serment ! Vous jurez tous d'éteindre enfin tous vos ressentiments. Amis !... Ah ! LES DEUX CHŒURS Nous jurons, par l'auguste symbole, Sur le corps de la fille et sur le corps du fils, Par ce bois douloureux qui console, Nous jurons tous par le saint crucifix, De sceller entre nous une chaîne éternelle De tendre charité, d'amitié fraternelle ; Et Dieu, qui tient en main le futur jugement, Au livre du pardon inscrira ce serment ! Nous jurons tous d'éteindre enfin tous nos ressentiments. Amis !... pour toujours !
Authorship:
- by Émile Deschamps (1791 - 1871), loosely based on Shakespeare's play
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