— « Oh ! chère mignonne, tu saignes ! » Et je suçai son joli doigt, Comme tout amoureux le doit. Gare aux piqûres de châtaignes ! Libres des grands et petits peignes, Ses cheveux flottaient dans l’air froid. — « Oh ! chère mignonne, tu saignes ! » Et je suçai son joli doigt. — « Fi ! c’est mal qu’ainsi tu m’étreignes. » C’était l’heure où le jour décroît. — « Laisse-moi bien vite ! on nous voit ! » — « Ce n’est pas quelqu’un que tu craignes ! « Oh ! chère mignonne, tu saignes. »
Amoureuses, vingt mélodies, paroles de Maurice Rollinat
by Maurice Rollinat (1846 - 1903)
1. Les Châtaignes  [sung text not yet checked]
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Les Châtaignes", appears in Dans les brandes, poèmes et rondels
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Confirmed with Maurice Rollinat, Dans les brandes, poèmes et rondels, Paris, Charpentier, 1883, pages 179-180.
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2. Les Visions roses  [sung text not yet checked]
Corolles et boutons de roses, La fraise et la mousse des bois Mettent le désir aux abois Au fond des cœurs les plus moroses ! Qui rappelle certaines choses Aux bons vieux galants d’autrefois ? Corolles et boutons de roses, La fraise et la mousse des bois. — Je revois tes chairs toutes roses, Les dards aigus de tes seins froids, Et puis tes lèvres ! quand je vois Dans leurs si langoureuses poses Corolles et boutons de roses ! —
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Les Visions roses", appears in Les névroses, in 2. Les Luxures
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 83.
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3. L’Ange gardien  [sung text not yet checked]
Archange féminin dont le bel œil, sans trêve, Miroite en s’embrumant comme un soleil navré, Apaise le chagrin de mon cœur enfiévré, Reine de la douceur, du silence et du rêve. Inspire-moi l’effort qui fait qu’on se relève, Enseigne le courage à mon corps éploré, Sauve-moi de l’ennui qui me rend effaré, Et fourbis mon espoir rouillé comme un vieux glaive. Rallume à ta gaîté mon pauvre rire éteint ; Use en moi le vieil homme, et puis, soir et matin, Laisse-moi t’adorer comme il convient aux anges ! Laisse-moi t’adorer loin du monde moqueur, Au bercement plaintif de tes regards étranges, Zéphyrs bleus charriant les parfums de ton cœur !
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "L’Ange gardien", appears in Les névroses, in 1. Les Âmes
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 21.
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4. Les Cloches  [sung text not yet checked]
Les cloches de nos basiliques S’esquivent tous les jeudis saints, Et vont à Rome par essaims Taciturnes et symboliques. Quand leurs battants, à coups obliques, Ont sonné de pieux tocsins, Les cloches de nos basiliques S’esquivent tous les jeudis saints, Et dans leurs robes métalliques À l’abri des regards malsains, En rang, comme des capucins, Elles s’en vont, mélancoliques, Les cloches de nos basiliques.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Les Cloches", appears in Les névroses, in 1. Les Âmes
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 45.
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5. Les Pâquerettes  [sung text not yet checked]
Les pâquerettes sont en deuil Depuis que Marguerite est morte. Hélas ! on a fermé la porte Et sa bière a quitté le seuil. Elles se miraient dans son œil : C’était leur âme en quelque sorte ! Les pâquerettes sont en deuil Depuis que Marguerite est morte. Chacune, avec un tendre orgueil, Câline et tristement accorte, Eût voulu lui servir d’escorte Et se faner dans son cercueil ! Les pâquerettes sont en deuil.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Les Pâquerettes", appears in Les névroses, in 3. Les Refuges
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 165.
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6. La Dame en cire  [sung text not yet checked]
Je regardais tourner le mannequin, Et j’admirais sa taille, sa poitrine, Ses cheveux d’or et son minois taquin, Lorsque j’ai vu palpiter sa narine Et son cou mince à forme vipérine. — « Elle vit donc ! » me dis-je, épouvanté : Et depuis lors, à toute heure hanté Par un amour que rien ne peut occire, J’ai la peur et la curiosité De voir entrer chez moi la dame en cire. Par tous les temps, sous un ciel africain, Et sous la nue inquiète ou chagrine, Comme un nageur que poursuit un requin, Sans pouvoir fuir je reste à sa vitrine, Et là j’entends mon cœur qui tambourine. J’ai beau me dire : « Horreur ! Insanité ! » Il est des nuits d’affreuse obscurité, — Tant je l’évoque et tant je la désire ! — Où je conçois la possibilité De voir entrer chez moi la dame en cire ! Telle qu’elle est, en robe de nankin, Avec ses yeux couleur d’aigue-marine Et son sourire attirant et coquin, La pivoteuse à bouche purpurine Dans mon cerveau s’installe et se burine Je m’hallucine avec avidité, Et je m’enfonce, ivre d’étrangeté, Dans un brouillard que ma raison déchire, Car c’est mon rêve ardemment souhaité De voir entrer chez moi la dame en cire. ENVOI Ô toi qui m’as si souvent visité, Satan ! vieux roi de la perversité, Fais-moi la grâce, ô sulfureux Messire, Par un minuit lugubrement tinté, De voir entrer chez moi la dame en cire !
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "La Dame en cire", appears in Les névroses, in 4. Les Spectres
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, pages 328-329.
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7. Les Cheveux champêtres  [sung text not yet checked]
En plein air, sans une épingle, Ils aiment à paresser, Et la brise qui les cingle A l’air de les caresser, Ils vont sous les branches torses Des vieux chênes roux et bruns, Et la feuille et les écorces Les grisent de leurs parfums. Dans la campagne déserte, Au fond des grands prés muets, Ils dorment dans l’herbe verte Et se coiffent de bluets ; Le soleil les importune, Mais ils aiment loin du bruit Le glacis du clair de lune Et les frissons de la nuit. Comme les rameaux des saules Se penchant sur les marais, Ils flottent sur ses épaules, À la fois tristes et frais. Quand, plus frisés que la mousse, Ils se sont éparpillés, On dirait de l’or qui mousse, Autour des blancs oreillers.
Text Authorship:
- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Les Cheveux champêtres", appears in Les névroses, in 3. Les Refuges
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, pages 211-212.
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8. Les Vierges  [sung text not yet checked]
Le cœur des vierges de vingt ans Est inquiet comme la feuille, Et tout leur corps aspire et cueille Les confidences du Printemps. Le jour, aux parfums excitants Du lilas et du chèvrefeuille, Le cœur des vierges de vingt ans Est inquiet comme la feuille. Le soir, sur le bord des étangs, Chacune rôde et se recueille, Et leur secret que l’ombre accueille Fait sourire ou pleurer longtemps Le cœur des vierges de vingt ans.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Les Vierges", appears in Les névroses, in 1. Les Âmes
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 25.
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9. La Créole  [sung text not yet checked]
Voici l’heure décolorée : La créole a quitté l’ombrelle Et bâille dans son hamac frêle Au bruit de la vague éplorée. Les chatoîments du clair de lune Vont et viennent sur sa peau brune : Cependant que sur l’âpre dune Les algues soufflent leur parfum. Plus d’un boa cherchant fortune Dans la forêt se traîne à jeun, Et les colibris, un par un, S’effacent dans le jour défunt. Gracieux fantôme indistinct, Elle dort d’un sommeil profond, Et la couleur de l’air se fond Avec la couleur de son teint.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "La Créole", appears in Les névroses, in 1. Les Âmes
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 18.
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10. L’Ange pâle  [sung text not yet checked]
À la longue, je suis devenu bien morose : Mon rêve s’est éteint, mon rire s’est usé. Amour et Gloire ont fui comme un parfum de rose ; Rien ne fascine plus mon cœur désabusé. Il me reste pourtant un ange de chlorose, Enfant pâle qui veille et cherche à m’apaiser ; Sorte de lys humain que la tristesse arrose Et qui suspend son âme aux ailes du baiser. Religieux fantôme aux charmes narcotiques ! Un fluide câlin sort de ses doigts mystiques ; Le rythme de son pas est plein de nonchaloir. La pitié de son geste émeut ma solitude ; À toute heure, sa voix infiltreuse d’espoir Chuchote un mot tranquille à mon inquiétude.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "L’Ange pâle", appears in Les névroses, in 1. Les Âmes
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 27.
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11. Les Yeux des vierges  [sung text not yet checked]
Ce qui luit dans les yeux des vierges C’est un songe vague et tremblant, Un songe végétal et blanc Comme le nénuphar des berges. Tant que l’Amour, dans ses auberges, Ne leur sert que du vin troublant, Ce qui luit dans les yeux des vierges C’est un songe vague et tremblant. Mais du jour où tu les héberges, Ô Plaisir, hôtelier brûlant, Ton souffle humide, âcre et dolent Éteint, comme on éteint des cierges, Ce qui luit dans les yeux des vierges !
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Les Yeux des vierges", appears in Les névroses, in 2. Les Luxures
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 89.
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12. La Pluie magique  [sung text not yet checked]
Immense, et d'un pompeux magique si bizarre, Apparaissant partout planté de rosiers blancs, Le parc, abandonné des frais zéphyrs tremblants, Souffle son parfum mort dans le jour qui s'effare... Soudain, l'orage éclate et la voix du tonnerre Au milieu du silence horrible de l'endroit Roule ! le tourbillon de l'ouragan s'accroît, Aussi fou que la pluie est extraordinaire. Car, au torrent à pic de ses gouttes énormes Se mêle un flux d'infiniment petites formes Qu'on voit bientôt ramper sous la nue au repos, Et, la lune glissant sur les brumes décloses, Diamante et verdit ces âmes de crapauds Qui savourent la nuit dans la pâleur des roses.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Pluie magique", appears in Les Apparitions
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Apparitions, Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1896, pages 175-176.
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13. L’Amoureuse fantôme
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14. L’Amour  [sung text not yet checked]
L’Amour est un ange malsain Qui frémit, sanglote et soupire. Il est plus moelleux qu’un coussin, Plus subtil que l’air qu’on respire, Plus provocant qu’un spadassin. Chacun cède au mauvais dessein Que vous chuchote et vous inspire Le Dieu du meurtre et du larcin, L’Amour. Il voltige comme un essaim. C’est le prestigieux vampire Qui nous saigne et qui nous aspire : Et nul n’arrache de son sein Ce perfide et cet assassin, L’Amour !
Text Authorship:
- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "L’Amour", appears in Les névroses, in 2. Les Luxures
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 79.
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15. La Mariée  [sung text not yet checked]
La mariée est toute pâle, Aussi pâle que son bouquet, Lorsque la danse et le banquet Ont cessé dans la grande salle. Le père sourit d’un air mâle, Et la mère a l’œil inquiet. La mariée est toute pâle, Aussi pâle que son bouquet. — Plainte exquise, harmonieux râle, Interminable et doux hoquet ! — Aussi, quand le matin coquet Montre sa rose et son opale, La mariée est toute pâle.
Text Authorship:
- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "La Mariée", appears in Les névroses, in 2. Les Luxures
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 102.
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16. Le Ciel  [sung text not yet checked]
Le Ciel est le palais des Âmes Et des bonheurs éternisés : Là, joignant ses doigts irisés, La Vierge prie avec ses dames. Les Esprits y fondent leurs flammes, Les Cœurs s’y donnent des baisers ! Le Ciel est le palais des Âmes Et des bonheurs éternisés. Sur l’aile pure des Cinnames Et des zéphyrs angélisés, Les corps blancs et divinisés, Flottent comme des oriflammes, Le Ciel est le palais des âmes !
Text Authorship:
- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Le Ciel", appears in Les névroses, in 1. Les Âmes
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 46.
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17. La Chanson des amoureuses  [sung text not yet checked]
Nos soupirs s’en vont dans la tombe Comme des souffles dans la nuit, Et nos plaintes sont un vain bruit Comme celles de la colombe. Tout prend son vol et tout retombe, Tout s’enracine et tout s’enfuit ! Nos soupirs s’en vont dans la tombe Comme des souffles dans la nuit. C’est toujours la mort qui surplombe Le nouvel amour qui séduit, Et pas à pas, elle nous suit Dans la volupté qui nous plombe. Nos soupirs s’en vont dans la tombe.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Chanson des amoureuses", appears in Les névroses, in 5. Les Ténèbres
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 369.
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18. La Chanson de l’amant  [sung text not yet checked]
Je t’ensevelis pour jamais, Idole si mièvre et si fausse : Dans l’oubli j’ai creusé la fosse Oblongue et froide où je te mets. Ne crois pas que sur mes sommets Jusqu’à moi ton spectre se hausse ! Je t’ensevelis pour jamais, Idole si mièvre et si fausse. Je suis tout seul au monde, mais Contre moi-même je m’adosse, Et l’ascétisme que j’endosse Me revêtira désormais : Je t’ensevelis pour jamais.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Chanson de l’amant", appears in Les névroses, in 5. Les Ténèbres
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 370.
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19. Lèvres pâmées  [sung text not yet checked]
Les lèvres des femmes pâmées Ont des sourires qui font peur Dans la convulsive torpeur Qui les tient à demi fermées. Quand leurs plaintes inanimées S’exhalent comme une vapeur, Les lèvres des femmes pâmées Ont des sourires qui font peur. Le désir qui les a humées Recule devant leur stupeur, Et le mystère enveloppeur Clôt dans ses gazes parfumées Les lèvres des femmes pâmées.
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- by Maurice Rollinat (1846 - 1903), "Lèvres pâmées", appears in Les névroses, in 2. Les Luxures
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Confirmed with Maurice Rollinat, Les Névroses, Paris, Fasquelle, 1917, page 71.
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20. Mon Dieu !
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