by Émile Souvestre (1806 - 1854)
Le Sentier
Language: French (Français)
Le jour allait finir, et la brise nouvelle Agitait sur nos fronts les fleurs de l'églantier ; Tout reposait au loin, j'étais seul avec elle Et je côtoyais le sentier. Effleurant quelquefois son front pur et modeste, Le saule la couvrait de rameaux éplorés ; Et le soleil mourant, comme un rayon céleste. Tombait sur ses traits adorés. Muets, nous descendions la route solitaire, Nos pas seuls réveillaient les échos de ces lieux ; Loin de nous expiraient tous les bruits de la terre, Et je rêvais d'elle et des cieux ! Alors, un char parut, venant de la prairie, Derrière lui marchaient de nombreux moissonneurs, Il portait du vallon la verdure flétrie Et les débris des jeunes fleurs. Ainsi qu'une guirlande, au loin, l'herbe séchée S'arrêtait, près de nous, au flexible églantier, Et, par le vent du soir, des rameaux détachée Voltigeait dans l'étroit sentier. Quelquefois, au travers de la route fleurie, Un oiseau paraissait sous les feuillages verts, Et, chargé d'un débris de cette herbe flétrie, Joyeux s'élevait dans les airs. Et moi, je me disais : « L'homme avare et sauvage Contemple sans pitié son frère qui gémit, Et pour la tourterelle il sème à son passage De quoi lui composer son nid. « Aussi du faible oiseau la vie est courte et douce, Dieu veille sur ses jours, et dans son bois chéri Il trouvera toujours une couche de mousse, Une feuille pour son abri. » Je disais ; mais sa main sur mes lèvres posée Vint éteindre ma plainte ; et son souris charmant, Comme une fleur qui brille à travers la rosée, Sous des pleurs parut plus touchant. « Pourquoi, jeune insensé, ce coupable murmure ? Dit-elle (et son regard brillait du plus doux feu) ; Le Dieu qui pour l'oiseau trouve un toit de verdure N'est-il donc pas aussi ton Dieu ? « Vois-tu le rossignol, lorsque sous la tempête L'ombrage de ses bois tombe et va se flétrir, Demander quel rameau protégera sa tête Et si l'été doit revenir ? « Tranquille, il reste encor sur la branche effeuillée, Et là, seul, attendant le soleil des hivers, Lorsqu'un påle rayon brille dans la vallée, Heureux il reprend ses concerts. « Poëte, comme lui, laisse à la Providence Le soin de ramener et la nuit et le jour. Attends et chante !... un Dieu t'a donné l'espérance !... Et moi, je t'ai donné l'amour ! »
Confirmed with La Lune de Miel par Émile Souvestre, Paris, Michel Lévy Frères, 1861, pages 55-58. The poem is preceded by the following epigram by Racine:
Aux petits des oiseaux il donne la pâture, Et sa bonté s'étend sur toute la nature.
Text Authorship:
- by Émile Souvestre (1806 - 1854), "Le Sentier", appears in La lune de miel, Paris, Éd. Michel Lévy Frères, first published 1861 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Benjamin Louis Paul Godard (1849 - 1895), "Le Sentier", op. 7 no. 3 [ high voice and piano ], from 12 morceaux pour chant et piano, 1re série, no. 3, Éd. Durand, Schoenewerck & Cie. [sung text not yet checked]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2022-11-26
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