« Gai marinier de Mergelline, 
Je suis plus riche que le roi : 
La plaine immense et la colline, 
Le ciel et l'onde sont à moi ! 
J'ouvre à tout vent mes blanches voiles, 
Comme un oiseau, libre et joyeux ; 
Mes pièces d'or sont les étoiles :
J'en ai de quoi remplir les cieux !»

Pour toucher la belle Ninette,
Ainsi chantait le gai marin. -- 
Faisons claquer la castagnette,
Faisons sonner le tambourin ! 

« Si je n'ai pas voile et tartane,
J'ai des cheveux brillants à voir,
Longs et bruns, comme une soutane,
Une soutane en satin noir. 
J'ai pour dot un regard de flamme, 
Qui porte au soleil un défi,
Et sur la rive on me proclame 
Reine de Naple et d'Amalfi !»

Ce disant, la belle Ninette
Daigna sourire au beau marin. --
Faisons claquer la castagnette, 
Faisons sonner le tambourin ! 

Les beaux enfants de la marine
Se sont bientôt donné la main :
Jamais seigneur et signorine 
N'ont célébré si riche hymen ;
Le vent du soir, mieux qu'un poète, 
Chanta la belle et son amant -- 
Et Dieu, pour éclairer la fête,
Illumina son firmament.

Or, dit-on la belle Ninette
Resta fidèle au beau marin. --
Faisons claquer la castagnette,
Faisons sonner le tambourin !