by Théodore Faullin de Banville (1823 - 1891)
La divine
Language: French (Français)
DIANE
La divine
Musique ! Ravissant les monts aériens,
Malgré moi ce doux bruit m'attirait, et je viens !
Personne. Ai-je rêvé ? Que la nuit est brûlante !
D'où vient que regardant la nue étincelante,
Je soupire ? D'où vient que mes yeux furieux
S'épouvantent de voir les étoiles des cieux,
Que je m'égare seule, ayant laissé mes armes,
Et que, pâle d'horreur, je bois l'eau de mes larmes ?
Je pleure ton parjure, infidèle Glaucé !
Le poison que je bois, c'est toi qui l'as versé.
La haine est dans mon sein. Le feu qui me dévore
C'est le courroux. Hélas ! pourquoi mentir encore ?
Non, ce n'est pas la haine ! toi, qui me poursuis,
Quel es-tu ? Connais-tu ma peine et mes ennuis !
Celle dont le glacier vierge était le royaume
Tremble, pâle victime éprise d'un fantôme.
La vision, toujours !
[Un enfant ! Qu'il est beau !
Doux incarnat de rose ! Oh ! jamais le flambeau
De la nuit n" éclaira des formes si divines !
C'était lui, c'était lui, mon cœur, tu le devines,
Que me montrait toujours la blanche vision !
Ce fantôme charmant de mon illusion
Était là, près de moi, dormant dans la ravine,
Et c'est pourquoi tu bats si fort dans ma poitrine !]1
Il est là, radieux, apaisé, triomphant.
Oh ! donner un baiser chaste à ce front d'enfant,
Et mourir ! Mon secret dans le bois qui frissonne
Restera. Qui jamais peut le savoir ? Personne.
Quant à lui, mon pouvoir empêche, si je veux,
Qu'il ne s'éveille. O dieux ! sur l'or de ses cheveux
Poser ma lèvre, et puis... Ah ! qu'ai-je dit ! ruisselle
Encor, source des pleurs, je suis une immortelle !
Fuyons. Je n'irai pas. Je ne veux pas. [Je suis
La divinité morne et farouche des nuits,
Qui teint ses mains de sang en son mâle délire !
Fuyons. Je ne peux pas.]1 Non, mon cœur se déchire !
Eh bien, voile-toi donc, lumière ! Voilez-vous,
Flammes, clartés, flambeaux, regards du ciel jaloux !
Astres qui de l'azur brûlant fixez en foule
Sur moi vos yeux railleurs, éteignez- vous ! Je foule
Aux pieds ma froideur sainte et ma divinité,
Et pour me repentir j'aurai l'éternité !
Sur son visage l'ombre errante du platane
Rit. Ne t'éveille pas, divin enfant !
About the headline (FAQ)
View original text (without footnotes)Confirmed with Théodore de Banville, Diane au bois, comédie héroïque en deux actes, en vers, Paris: Michel Lévy Frères, 1864, Act II, scene iv, pages 49-51.
Note for Debussy's setting: in stanza 3, "et ma divinité" is omitted in the repetition.
1 omitted by DebussyText Authorship:
- by Théodore Faullin de Banville (1823 - 1891), no title, appears in Diane au bois, comédie héroïque en deux actes, en vers, Paris, Michel Lévy Frères, first published 1864 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Claude Achille Debussy (1862 - 1918), "La divine musique!", L. 51 no. 2 (1883-1886) [ soprano and piano ], from opera Diane au bois, no. 2 [sung text checked 1 time]
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