Vous partez brillante et parée
Pour ce bal où je n'irai pas!
De voeux et d'hommage entourée,
A moi pensez-vous, hélas!
Qu'alors ce bouquet vous rappelle
Un amant absent et fidèle;
Et si je ne suis pas là,
Mon bouquet du moins y sera.

Vous partez, et moi, je demeure
Avec mon amour et ma foi!
A vous, moi je pense à toute heure.
Vous, à minuit, pensez à moi!
Presse alors cette fleur jolie
Sur ton coeur, seul bien que j'envie,
Et si je ne suis pas là,
Mon bouquet du moins y sera.

Regarde-le, quand avec grâce,
Mes rivaux viendront te vanter;
Regarde-le, si leur audace
A walser voulait t'inviter:
Que ce bouquet ma seule offrande,
Et vous sépare et me défende;
Et si je ne suis pas là,
Mon bouquet du moins y sera.

Elle partit fraîche et brillante,
Et les soupirs de mille amants,
Du bal, la musique ennivrente,
Bientôt égarèrent les sens.
Effleurant à peine la terre,
Elle walsait vive et légère;
Quand soudain minuit sonna...
Et le bouquet n'était plus là.