by Émile Verhaeren (1855 - 1916)
Chanson de Fou
Language: French (Français)
Je les ai vus, je les ai vus, Ils passaient par les sentes, Avec leurs yeux, comme des fentes, Et leurs barbes, comme du chanvre. Deux bras de paille, Un dos de foin, Blessés, troués, disjoints, Ils s’en venaient des loins, Comme d’une bataille. Un chapeau mou sur leur oreille, Un habit vert comme l’oseille ; Ils étaient deux, ils étaient trois, J’en ai vu dix, qui revenaient du bois. L’un d’eux a pris mon âme Et mon âme comme une cloche Vibre en sa poche. L’autre a pris ma peau — Ne le dites à personne — Ma peau de vieux tambour Qui sonne. Quant à mes pieds, ils sont liés, Par des cordes au terrain ferme ; Regardez-moi, regardez-moi, Je suis un terme. Un paysan est survenu Qui nous piqua dans le sol nu, Eux tous et moi, vieilles défroques, Dont les enfants se moquent. Et nous servons d’épouvantails qui veillent Aux corbeaux lourds et aux corneilles.
Confirmed with Émile Verhaeren, Les Villes tentaculaires, précédées des Campagnes hallucinées, Mercure de France, 1920 (18e éd.), pages 30-32.
Authorship:
- by Émile Verhaeren (1855 - 1916), "Chanson de fou", written 1893, appears in Les campagnes hallucinées, no. 4, Bruxelles, Éd. Edmond Deman, first published 1893 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Paul Martineau (d. 1915), "Chanson de Fou", 1913, published 1919 [ tenor and piano ], Paris, Ricordi [sung text not yet checked]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2022-08-15
Line count: 30
Word count: 159