by Hippolyte Stupuy (1832 - 1900)
Le Novice
Language: French (Français)
Dans la brume où se perd la lointaine colline, Voyez ce vieux couvent ; Son noirâtre clocher que le ciel seul domine, Semble porter sa flèche au front du firmament ; Là, tout est froid ; les vains bruits de la terre Ne troublent pas les coeurs. Là, les humains peuvent dans le mystère Endormir leurs douleurs ! La cloche gémissait, Annonçant la prière En sons harmonieux ! Et les moines chantaint, Inclinant sur la pierre Leurs fronts religieux ! Mais leurs hymnes bientôt se perdirent dans l'ombre Puis tout fut calme. Alors, quittant la voute sombre, Le novice, rêveur, vint mêler ses soupirs Aux suaves accords de l'onde et des zéphyrs ; Et sa voix lente et belle Eveillant les échos A la plage éternelle Tristement dit ces mots : Ah ! je le sens, mon Dieu, Ma profane jeunesse Est trop ardente, hélas ! Pour ton morne séjour ! Il lui faut les désirs Et la brûlante ivresse Qu'allume dans le coeur Un beau rayon d'amour ! Pour rester dans l'oubli Que ton culte réclame, Aux froideurs du tombeau Je me suis condamné ! D'un immense linceul J'ai recouvert mon âme, Et devant tes autels, Je me suis prosterné ! Mais un songe éphémère En moi Change en douleur amère La foi ! Ah ! je le sens, mon Dieu, Ma profane jeunesse Est trop ardente, hélas ! Pour ton morne séjour ! Il lui faut les désirs Et la brûlante ivresse Qu'allume dans le coeur Un beau rayon d'amour ! Pauvre insensé, j'ai cru, Pour m'écarter du monde, Devoir mettre un abîme Entre la terre et moi ! J'ai voulu me plonger Dans une paix profonde, J'ai voulu le sépulcre Et son suprême effroi ! Mais un songe éphémère En moi Change en douleur amère La foi ! Ah ! je le sens, mon Dieu, Ma profane jeunesse Est trop ardente, hélas ! Pour ton morne séjour ! Il lui faut les désirs Et la brûlante ivresse Qu'allume dans le coeur Un beau rayon d'amour ! Il disait ; et déjà, déroulant sa parure Sur son voile pâli La nuit chaste et pensive embaumait la nature De fraicheur et d'oubli. Le moine alors, abaissant sa paupière, De pleurs amers couvrit le saint habit ; Puis, retrouvant sa force au sein de la prière, Il reprit : Mon Dieu, que t'ai-je fait pour ta main puissante A mon coeur jeune et pur apporte la douleur ? Dans ton asile saint, à mon âme innocente, Ah ! Pourquoi refuser le calme et le bonheur ? Hélas, j'ai tout quitté, c'est du fond d'un abîme Que s'élèvent vers toi mes douloureux accents ! Qu'ils montent jusqu'au pied de ton trône sublime, Pleurs et soupirs, Seigneur, voilà mon seul encens !
Text Authorship:
- by Hippolyte Stupuy (1832 - 1900) [author's text not yet checked against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Edouard Lalo (1823 - 1892), "Le Novice", op. 5 (1849?) [ baritone and piano ], Paris, Éd. Mme Veuve Launer; confirmed with a CD booklet [sung text checked 1 time]
Researcher for this page: Malcolm Wren [Guest Editor]
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