by François Joseph Pierre André Méry (1798 - 1865)
Chère à mon souvenir, jamais je ne...
Language: French (Français)
Chère à mon souvenir, jamais je ne t'oublie, Éternel sujet de mes pleurs, Sois toujours avec moi, douce mélancolie, Volupté des nobles douleurs ! Attachons notre esprit au malheur qui nous blesse, Qu'il suive chacun de nos pas ; Soyons fiers de souffrir sans indigne faiblesse : Souvenons-nous, n'oublions pas ! Éternel entretien de ma sainte pensée, Ange adoré que je perdis ! Sur la terre un instant le ciel l'avait placée. Elle a revu le paradis ! Dans la divine erreur où parfois tu me plonges, Sommeil, baume délicieux, Je la vois, sur le fond azuré de mes songes, Qui m'ouvrent la porte des cieux ! Elle est plus belle encor : c'est la beauté première Des jeunes vierges du Jourdain, Quand l'ange du Thabor dorait de sa lumière Ces lis du céleste jardin ! Elle mêle sa voix mélodieuse et tendre Au concert de l'hymne sans fin ; O douce illusion, je crois encor l'entendre, Comme l'entend le séraphin ! Puis je la vois courir sur des fleurs inconnues Aux jardins du terrestre lieu, Fleurs d'or et de saphir, qui descendent des nues A chaque sourire de Dieu ! Et son visage alors exprime une allégresse Que notre monde cherche en vain ; L'âme seule ressent cette angélique ivresse, Épurée au souffle divin. Et je la vois aussi, pour quelque chant sublime, Saisir la noble harpe d'or. Celle qui faisait taire autrefois dans Solyme La voix des sibylles d'Endor. Ô mensonges du rêve, ô vérité divine, Venus du firmament vermeil, Qui montrez à mes yeux tout ce que je devine Avant les heures du sommeil ; Songes d'or et d'azur, oh ! revenez encore ! Aux douleurs un remède est dû : A travers ces vapeurs, qu'un doux rayon décore, Rendez-moi le bonheur perdu ! Oui, je le sens, un ange écoute ma prière, Ce monde fuit devant mes yeux ; Un invisible doigt a touché ma paupière, Le sommeil va m'ouvrir les cieux. Dors, ô mon bien-aimé, dors, me dit-elle ; oublie Les tourments de l'esprit, les orages du cœur ; Je me souviens toujours du serment qui nous lie, Notre corps peut mourir, mais non l'amour vainqueur ! Tu viendras dans un monde où Dieu n'a plus de voiles : Je t'attends sur les fleurs de ce jardin béni, Où nos jours sont dorés par des gerbes d'étoiles, Où, d'un regard, nos yeux embrassent l'infini !
F. Godefroid sets stanzas 10-14
About the headline (FAQ)
Confirmed with Poesies intimes. Mélodies par Méry, 1864, Paris: Michel Lévy, pages 253-255.
Text Authorship:
- by François Joseph Pierre André Méry (1798 - 1865), "Mélancolie", appears in Poésies intimes, mélodies [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Félix Godefroid (1818 - 1897), "Le rêve", published [1859], stanzas 10-14 [ high voice and piano ], Paris, Éd. Henri Heugel; note: stanzas 10-12 are spoken and the last two are sung [sung text not yet checked]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2018-10-29
Line count: 56
Word count: 377