Madame, vous voyez des hommes,
Baiser la trace de vos pas ;
Les imbéciles que nous sommes !
Qu'ils sont plutôt ! je n'en suis pas !
Ils portent, comme une amulette,
La fleur que toucha votre doigt !
Si vous voulez une amourette,
Ne vous adressez pas à moi !

D'une voix blonde, ils savent dire,
Que jamais ange au paradis,
N'eut votre ineffable sourire,
Ni votre teint pareil au lys ...
Dans leur poitrine de poupée,
Un cœur sommeille sans réveil ;
Mon âme à moi c'est une épée
Qui brûle de luire au soleil.
Vous faut-il ma vie ? elle est prête,
Je vous la donne avec ma foi !
Si vous voulez une amourette,
Ne vous adressez pas à moi !

Mais, point de ces baisers qu'on vole,
En tremblant, au déclin du jour,
Et qui font croire, ma parole,
Que l'on rougit de son amour.
Ma passion n'est pas discrète,
Et si j'aime, on saura pourquoi.
Si vous voulez une amourette,
Ne vous adressez pas à moi !

S'il vous plait, de mon front rebelle,
Faites un coussin pour vos pieds ;
Mais soyez-moi toujours fidèle ;
Si par malheur vous me trompiez,
Je voudrais te briser la tête
Contre un rocher, sans nul émoi !
Si vous voulez une amourette,
Ne vous adressez pas à moi !