by Paul Verlaine (1844 - 1896)
Nuit du Walpurgis classique
Language: French (Français)
C'est plutôt le sabbat du second Faust que l'autre. Un rhythmique sabbat, rhythmique, extrêmement Rhythmique. — Imaginez un jardin de Lenôtre, Correct, ridicule et charmant. Des ronds-points ; au milieu, des jets d'eau ; des allées Toutes droites ; sylvains de marbre ; dieux marins De bronze ; çà et là, des Vénus étalées ; Des quinconces, des boulingrins ; Des châtaigniers ; des plants de fleurs formant la dune ; Ici, des rosiers nains qu'un goût docte effila ; Plus loin, des ifs taillés en triangles. La lune D'un soir d'été sur tout cela. Minuit sonne, et réveille au fond du parc aulique Un air mélancolique, un sourd, lent et doux air De chasse : tel, doux, lent, sourd et mélancolique, L'air de chasse de Tannhäuser.1 Des chants voilés de cors lointains où la tendresse Des sens étreint l'effroi de l'âme en des accords Harmonieusement dissonants dans l'ivresse ; Et voici qu'à l'appel des cors S'entrelacent soudain des formes toutes blanches, Diaphanes, et que le clair de lune fait Opalines parmi l'ombre verte des branches, — Un Watteau rêvé par Raffet ! — S'entrelacent parmi l'ombre verte des arbres D'un geste alangui, plein d'un désespoir profond, Puis, autour des massifs, des bronzes et des marbres Très-lentement dansent en rond. — Ces spectres agités, sont-ce donc la pensée Du poète ivre, ou son regret, ou son remords, Ces spectres agités en tourbe cadencée, Ou bien tout simplement des morts ? Sont-ce donc ton remords, ô rêvasseur qu'invite L'horreur, ou ton regret, ou ta pensée, — hein ? — tous Ces spectres qu'un vertige irrésistible agite, Ou bien des morts qui seraient fous ? — N'importe ! ils vont toujours, les fébriles fantômes, Menant leur ronde vaste et morne et tressautant Comme dans un rayon de soleil des atomes, Et s'évaporent à l'instant Humide et blême où l'aube éteint l'un après l'autre Les cors, en sorte qu'il ne reste absolument Plus rien — absolument — qu'un jardin de Lenôtre, Correct, ridicule et charmant.
View original text (without footnotes)
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
Confirmed with Paul Verlaine, Poëmes saturniens, Paris: Alphonse Lemerre, 1866, in Paysages tristes, pages 53-56.
The spelling variant "poëte" as appears in the 1866 edition has been changed to "poète". "cadencée" is mispelled in the 1866 edition as "cadensée".
1 Likely an allusion to the opera, Tannhäuser. Verlaine does not include the dieresis.Text Authorship:
- by Paul Verlaine (1844 - 1896), "Nuit du Walpurgis classique", appears in Poèmes saturniens, in 3. Paysages tristes, no. 4, Paris, Alphonse Lemerre, first published 1866 [author's text checked 2 times against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Thomas Alexandrovitch de Hartmann (1885 - 1956), "Nuit du Walpurgis classique", op. 69 no. 4, published 1941 [ voice and piano ], from Paysages tristes, no. 4, Paris, Hawkes [sung text not yet checked]
- by Émile Tournand , "Nuit du Walpurgis classique", 1948 [ voice and piano ] [sung text not yet checked]
Available translations, adaptations or excerpts, and transliterations (if applicable):
- ENG English (Bergen Weeks Applegate) , "Valpurgis Night, Classic", appears in Poems Saturnine, in 3. Somber Landscapes, no. 4
Research team for this page: Emily Ezust [Administrator] , Poom Andrew Pipatjarasgit [Guest Editor]
This text was added to the website: 2012-01-17
Line count: 44
Word count: 315