by Léon Dierx (1838 - 1912)
De la gothique cathèdrale
Language: French (Français)
De la gothique cathèdrale Les cloches ont sonné minuit ; À la clarté de mon front pâle, Vous qui ne vivez que la nuit, Allons, éveillez-vous sans bruit ! Ne craignez rien : la paix profonde S'étend sur la moitié du monde : Tout dort, et la vague qui gronde Veille seule, et parle tout bas Au zéphyr qui passe la-bas. Éveillez-vous dans la prairie, Elfes légers, sylphes joyeux ; Vous couronnant d'herbe fleurie. Voltigez gaîment sous les cieux, Balançant vos corps gracieux. Au fond des bois, dans les fontaines, Tournoyez, willis, les mains pleines De bleuets et de marjolaines ; Beaux rêves qu'on ne peut saisir, Allons, c'est l'heure du plaisir ! Quittez, ô morts, vos lits de pierre ; Allez-vous-en dans vos linceuls, Sous les saules du cimetière, Là-bas vous promener tout seuls. Vous qui souffrez dans vos cercueils, Allez rêver, maigres squelettes, Allez, pleins d'angoisses secrètes, Autour de vos tombes muettes, Regretter l'éclat des beaux jours, Pleurer vos premières amours. Éveillez-vous dans la nuit noire, Grands et superbes conquérants ; Éveillez-vous dans votre gloire, Vous tous, empereurs et tyrans ; Disputez-vous encor vos rangs ; Voyez, dans cette plaine immense, Au loin, personne à vous ne pense ; Oh ! pour vous quelle indifférence ! Quel oubli ! Grands ambitieux Qui vouliez être appelés dieux ! Hop ! hop ! venez sur la pelouse, Vieilles sorcières, au sabbat ; Engeance maudite et jalouse, Accourez prendre votre ébat, Comme un vol d'oiseaux qui s'abat Sur quelque cadavre livide : Et sous votre ronde rapide, De la rosée encore humide. Le gazon bientôt, sous vos pas, Séchera pour jamais, hélas ! Allons, vivez, esprits nocturnes ; Dansez, jouez jusqu'au matin. A moi les rêves taciturnes Et le solitaire chemin ; A moi le voyage sans fin. A mon cœur jamais d'espérance, Jamais de regret, de souffrance ; Toujours pâle d'indifférence, Je subis la fatalité, Songeant depuis l'éternité... De la gothique cathédrale Les cloches ont sonné minuit ; A la clarté de mon front pâle, Vous qui ne vivez que la nuit, Allons, éveillez-vous sans bruit ! Ne craignez rien : la paix profonde S'étend sur la moitié du monde ; Tout dort, et la vague qui gronde Veille seule, et parle tout bas Au zéphyr qui passe là-bas.
B. Godard sets stanza 2
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Confirmed with Léon Dierx, Aspirations, poésies, Paris : Dentu, 1858, pages 155-160. The poem is preceded by the following epigraph:
Reveillez-vous, petits génies, Petits gnomes, réveillez-vous. A. Karr.
Text Authorship:
- by Léon Dierx (1838 - 1912), "La Lune", appears in Aspirations, poésies, first published 1858 [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Benjamin Louis Paul Godard (1849 - 1895), "Les Sylphes", op. 8 no. 12, published 1868, stanza 2 [ voice and piano ], from Douze morceaux pour chant et piano, 2me série, no. 12, Paris : G. Flaxland [sung text checked 1 time]
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