Du mal secret qui le tourmente,
Vainement mon cœur se défend :
Je suis jaloux, chère âme aimante,
Jalons de ton passé d'enfant !

Car de ces heures de ta vie
Ma tendresse n'a pas sa part,
Sur la route par toi suivie
Je ne suis venu que plus tard.

Ce lointain inconnu m'attire,
et je suis jaloux, ô ma fleur,
Jaloux de ton premier sourire
Et jaloux de ton premier pleur.

Jaloux de la première aurore
Qui vint baiser ton front charmant,
Du printemps qui te vit éclore
Et du ciel ton premier amant ;

Jaloux follement et sans trêve,
Je le suis de l'ombre et du jour ;
Je le suis de ton premier rêve 
que n'a pas bercé mon amour !