by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872)
Déjà plus d'une feuille sèche
Language: French (Français)
Déjà plus d'une feuille sèche Parsème les gazons jaunis ; Soir et matin, la brise est fraîche : Hélas ! les beaux jours sont finis ! On voit s'ouvrir les fleurs que garde Le jardin, pour dernier trésor : Le dahlia met sa cocarde, Et le souci sa toque d'or. La pluie au bassin fait des bulles ; Les hirondelles sur le toit Tiennent des conciliabules : Voici l'hiver, voici le froid ! Elles s'assemblent par centaines, Se concertant pour le départ. L'une dit : « Oh ! que dans Athènes Il fait bon sur le vieux rempart ! « Tous les ans j'y vais et je niche Aux métopes du Parthénon. Mon nid bouche dans la corniche Le trou d'un boulet de canon. » L'autre : « J'ai ma petite chambre À Smyrne, au plafond d'un café. Les Hadjis comptent leurs grains d'ambre Sur le seuil, d'un rayon chauffé. « J'entre et je sors, accoutumée Aux blondes vapeurs des chiboucks, Et parmi les flots de fumée, Je rase turbans et tarbouchs. » Celle-ci : « J'habite un triglyphe Au fronton d'un temple, à Balbeck ; Je m'y suspends avec ma griffe Sur mes petits au large bec. » Celle-là : « Voici mon adresse : Rhodes, palais des chevaliers ; Chaque hiver, ma tente s'y dresse Au chapiteau des noirs piliers. » La cinquième : « Je ferai halte, Car l'âge m'alourdit un peu, Aux blanches terrasses de Malte, Entre l'eau bleue et le ciel bleu. » La sixième : « Qu'on est à l'aise Au Caire, en haut des minarets ! J'empâte un ornement de glaise, Et mes quartiers d'hiver sont prêts. » « À la seconde cataracte, -- Fait la dernière, -- j'ai mon nid ; J'en ai noté la place exacte, Dans le pschent d'un roi de granit. » Toutes : « Demain, combien de lieues Auront filé sous notre essaim, Plaines brunes, pics blancs, mers bleues Brodant d'écume leur bassin ! » Avec cris et battements d'ailes, Sur la moulure aux bords étroits, Ainsi jasent les hirondelles, Voyant venir la rouille aux bois. Je comprends tout ce qu'elles disent, Car le poète est un oiseau ; Mais, captif, ses élans se brisent Contre un invisible réseau ! Des ailes ! des ailes ! des ailes ! Comme dans le chant de Ruckert, Pour voler là-bas, avec elles, Au soleil d'or, au printemps vert !
P. Oliva sets stanzas 1-4, 14, 16
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Authorship:
- by Pierre-Jules-Théophile Gautier (1811 - 1872), "Ce que disent les hirondelles", subtitle: "Chanson d'automne", appears in Émaux et Camées [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Julie Bernard , "Ce que disent les hirondelles", published 1883 [ three-part chorus for equal voices ], from Recueil de Chœurs, no. 18, Paris, Lemoine [sung text not yet checked]
- by Nguyen-Phuc Buu-Phoi (b. 1945), "Ce que disent les hirondelles", c1990 [ mezzo-soprano and piano ], also set in Malaysian (2013) [sung text not yet checked]
- by Patrice Oliva (b. 1974), "Les derniers beaux jours", 2004, published 2012, stanzas 1-4,14,16 [ soprano and orchestra ], Weber-Edition Musikverlag [sung text not yet checked]
- by Bernard Reichel (1901 - 1992), "Les hirondelles", op. 1502 (1978) [ four-part mixed chorus a cappella ] [sung text not yet checked]
Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]
This text was added to the website: 2013-04-02
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