Nos clairons ont sonné la trêve, car le nuage de la nuit s'est abaissé,
Et les étoiles sentinelles montent la garde dans le ciel,
Et des milliers sont tombés sur le sol, accablés,
Les fatigués pour dormir et les blessés pour mourir.
Pendant que je reposais cette nuit sur ma paillasse,
Près du feu de bois pour effrayer les loups et garder les morts,
Dans la mort de la nuit, j'ai vu une douce vision,
Et trois fois avant le matin j'y rêvais à nouveau.

Il me semblait que des rangées horribles du champ de bataille,
Loin, loin j'avais erré sur une piste désolée ;
C'était l'automne, et le soleil se leva sur le chemin
Vers la maison de mes pères, qui m'accueillirent.
Je volais vers les jolis champs traversés si souvent
Dans le printemps de ma vie, quand mon cœur était jeune ;
J'entendais les chèvres de mes montagnes bêler en haut,
Et je reconnus le doux chant des moissonneurs.

Alors nous portâmes des toasts avec nos coupes de vin et je jurai joyeusement
De ne jamais quitter ma maison et mes amis en larmes ;
Mes petits me donnèrent des baisers mille fois,
Et ma femme sanglota fort du fond de son cœur.
Reste, reste avec nous, prends du repos, tu es fatigué et las ;
Et volontiers leur soldat brisé par la guerre serait resté ;
Mais le chagrin revint avec le point du jour,
Et la voix dans mon oreille rêveuse disparut.