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by Arthur Rimbaud (1854 - 1891)

Adieu
Language: French (Français) 
L'automne, déjà ! - Mais pourquoi regretter un éternel soleil, 
si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - 
loin des gens qui meurent sur les saisons.

L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles 
tourne vers le port de la misère, la cité énorme 
au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, 
le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours 
qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point 
cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts 
et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée 
par la boue et la peste, des vers plein les cheveux 
et les aisselles et encore de plus gros vers dans le coeur, 
étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment... 
J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! 
J'exècre la misère.

Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort !

- Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin 
couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or,
au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores 
sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, 
tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer 
de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, 
de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. 
Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! 
Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !

Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, 
je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, 
et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !

Suis-je trompé ? la charité serait-elle soeur de la mort, pour moi ?

Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge.
Et allons.

Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?

¯¯¯¯¯¯¯¯

Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère.

Car je puis dire que la victoire m'est acquise : 
les grincements de dents, les sifflements de feu, 
les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. 
Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, 
les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - 
Damnés, si je me vengeais !

Il faut être absolument moderne.

Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! 
le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, 
que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel 
est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision 
de la justice est le plaisir de Dieu seul.

Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur 
et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, 
nous entrerons aux splendides villes.

Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, 
c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, 
et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer 
des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder 
la vérité dans une âme et un corps.

Note: this is a prose text. Line breaks have been added arbitrarily.


Text Authorship:

  • by Arthur Rimbaud (1854 - 1891), "Adieu", written 1873, appears in Une saison en enfer [author's text checked 1 time against a primary source]

Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):

  • by Darius Milhaud (1892 - 1974), "Adieu", op. 410 (1964), published 1965 [ voice, flute, piccolo, viola, harp ], Paris, Éd. Elkan-Vogel [sung text not yet checked]

Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]

This text was added to the website: 2020-02-18
Line count: 54
Word count: 473

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