by Stéphane Mallarmé (1842 - 1898)
QUAND BIEN MÊME LANCÉ DANS DES
Language: French (Français)
UN COUP DE DÉS
JAMAIS
QUAND BIEN MÊME LANCÉ DANS DES
CIRCONSTANCES ÉTERNELLES
DU FOND D’UN NAUFRAGE
SOIT
que
l’abîme
blanchi
étale
furieux
sous une inclinaison
plane désespérément
d’aile
la sienne
par avance retombée d’un mal à dresser le vol
et couvrant les jaillissements
coupant au ras les bonds
très à l’intérieur résume
l’ombre enfouie dans la transparence par cette voile alternative
jusqu’adapter
à l’envergure
sa béante profondeur en tant que la coque
d’un bâtiment
penché de l’un ou l’autre bord
LE MAÎTRE
hors d’anciens calculs
où la manœuvre avec l’âge oubliée
surgi
inférant
jadis il empoignait la barre
de cette conflagration
à ses pieds
de l’horizon unanime
que se prépare
s’agite et mêle
au poing qui l’étreindrait
comme on menace un destin et les vents
le nombre unique qui ne peut pas en être un autre
esprit
pour le lancer
dans la tempête
en reployer l’âpre division et passer fier
hésite
tout chenu
cadavre par le bras écarté du secret qu’il détient
plutôt
que de jouer en maniaque la partie
au nom des flots
un envahit le chef
coule en barbe soumise
naufrage cela direct l’homme
sans nef
n’importe
où vaine
ancestralement à n’ouvrir pas la main
crispée
par delà l’inutile tête
leg en la disparition
à quelqu’un
ambigu
l’ultérieur démon immémorial
ayant
de contrées nulles
induit
le vieillard vers cette conjonction suprême avec la probabilité
celui
son ombre puérile
caressée et polie et rendue et lavée
assouplie par les ondes et soustraite
aux durs os perdus entre les ais
né
d’un ébat
la mer tentant par l’aïeul ou lui contre la mer
une chance oiseuse
fiançailles
dont
le voile d’illusion rejailli leur hantise
ainsi que le fantôme d’un geste
chancellera
s’affalera
folie
N’ABOLIRA
COMME SI
Une simple insinuation
d’ironie
enroulée à tout le silence
ou
précipité
hurlé
dans quelque proche tourbillon d’hilarité et d’horreur
voltige
autour du gouffre
sans le joncher
ni fuir
et en berce le vierge indice
COMME SI
plume solitaire éperdue
sauf
que la rencontre ou l’effleure une toque de minuit
et immobilise
au velours chiffonné par un esclaffement sombre
cette rigide blancheur
dérisoire
en opposition au ciel
trop
pour ne pas marquer
exigüment
quiconque
prince amer de l’écueil
s’en coiffe comme de l’héroïque
irrésistible mais contenu
par sa petite raison virile
en foudre
soucieux
expiatoire et pubère
muet
rire
que
Si
(La lucide seigneuriale aigrette de vertige
au front invisible
scintille
puis ombrage
une stature mignonne ténébreuse debout
en sa torsion de sirène
le temps
de souffleter
par d’impatientes squames ultimes bifurquées
un mystère
faux roc évaporé en brumes
qui imposa
une borne à l’infini)
c’était
issu stellaire
le nombre
EXISTÂT-IL
autrement qu’hallucination éparse d’agonie
COMMENÇÂT-IL ET CESSÂT-IL
sourdant que nié et clos quand apparu
enfin
par quelque profusion répandue en rareté
SE CHIFFRÂT-IL
évidence de la somme pour peu qu’une
ILLUMINÂT-IL
ce serait
pire
non
davantage ni moins
mais autant indifféremment
LE HASARD
(Choit
la plume
rhythmique
suspens du sinistre
s’ensevelir
aux écumes orginelles
naguères d’où sursauta leur délire jusqu’à une cime
flétrie
en la neutralité identique du gouffre)
RIEN
de la mémorable crise
ou se fut l’évènement accompli
en vue de tout résultat nul
humain
N’AURA EU LIEU
une élévation ordinaire verse l’absence
QUE LE LIEU
inférieur clapotis quelconque comme pour disperser l’acte vide
abruptement qui sinon
par son mensonge
eût fondé
la perdition
dans ces parages
du vague
où toute réalité se dissout
EXCEPTÉ
à l’altitude
PEUT-ÊTRE
aussi loin qu’un endroit
fusionne avec au delà
hors l’intérêt
quant à lui signalé
en général
selon telle obliquité par telle déclivité
de feux
vers
ce doit être
le Septentrion aussi Nord
UNE CONSTELLATION
froide d’oubli et de désuétude
pas tant
qu’elle n’énumère
sur quelque surface vacante et supérieure
le heurt successif
sidéralement
d’un compte total en formation
veillant
doutant
roulant
brillant et méditant
avant de s’arrêter
à quelque point dernier qui le sacre —
Toute Pensée émet un Coup de Dés
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Confirmed with Stéphane Mallarmé, Un coup de dés jamais n’abolira le hasard Armand Colin, Cosmopolis, mai 1897 (T6, N17), p.417
Text Authorship:
- by Stéphane Mallarmé (1842 - 1898), "Un coup de dés jamais n’abolira le hasard" [author's text checked 1 time against a primary source]
Musical settings (art songs, Lieder, mélodies, (etc.), choral pieces, and other vocal works set to this text), listed by composer (not necessarily exhaustive):
- by Graciane Finzi (b. 1945), "Un coup de dés jamais n’abolira le hasard", 1998, first performed 1998 [ baritone and violoncello ] [sung text not yet checked]
- by QChristina Viola Oorebeek (b. 1944), "from ‘Un coup de des’", 2003, copyright © 2003 [ soprano, mezzo-soprano, violoncello, percussion, tape and keyboard ], from ... and god invented dice, no. 6, Donemus
Publisher: Donemus [external link]  [sung text not yet checked]
Researcher for this page: Joost van der Linden [Guest Editor]
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