Je ne suis pas de ceux qui disent : Ce n'est rien : C'est une femme qui se noie. Je dis que c'est beaucoup ; et ce sexe vaut bien Que nous le regrettions, puisqu'il fait notre joie. Ce que j'avance ici n'est point hors de propos, [Puisqu'il]1 s'agit dans cette Fable, D'une femme qui dans les flots Avait fini ses jours par un sort déplorable. Son Epoux en cherchait le corps, Pour lui rendre en cette aventure Les honneurs de la sépulture. Il arriva que sur les bords Du fleuve auteur de sa disgrâce Des gens se promenaient ignorant l'accident. Ce mari donc leur demandant S'ils n'avaient de sa femme aperçu nulle trace : Nulle, reprit l'un d'eux ; mais cherchez-la plus bas ; Suivez le fil de la rivière. Un autre repartit : Non, ne le suivez pas ; Rebroussez plutôt en arrière. Quelle que soit la pente et l'inclination Dont l'eau par sa course l'emporte, L'esprit de contradiction L'aura fait flotter d'autre sorte. Cet homme se raillait assez hors de saison. Quant à l'humeur contredisante, Je ne sais s'il avait raison ; Mais que cette humeur soit, ou non, Le défaut du sexe et sa pente, Quiconque avec elle naîtra Sans faute avec elle mourra, Et jusqu'au bout contredira, Et, s'il peut, encor par-delà.
Fables sans morales
Song Cycle by Florent Schmitt (1870 - 1958)
1. La femme noyée  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Text Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "La Femme noyée", appears in Fables
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2. Le lion devenu vieux  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Le Lion, terreur des forêts, Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse, Fut enfin attaqué par ses propres sujets, Devenus forts par sa faiblesse. Le Cheval s'approchant lui donne un coup de pied ; Le Loup un coup de dent, le Boeuf un coup de corne. Le malheureux Lion, languissant, triste, et morne, Peut a peine rugir, par l'âge estropié. Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes ; Quand voyant l'Ane même à son antre accourir : "Ah ! c'est trop, lui dit-il ; je voulais bien mourir ; Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes."
Text Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Le Lion devenu vieux", written 1668, appears in Fables, Livre III, no. 14
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Parole de Socrate  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Socrate un jour faisant bâtir, Chacun censurait son ouvrage : L'un trouvait les dedans, pour ne lui point mentir, Indignes d'un tel personnage ; L'autre blâmait la face, et tous étaient d'avis Que les appartements en étaient trop petits. Quelle maison pour lui ! L'on y tournait à peine. Plût au ciel que de vrais amis, Telle qu'elle est, dit-il, elle pût être pleine ! Le bon Socrate avait raison De trouver pour ceux-là trop grande sa maison. Chacun se dit ami ; mais fol qui s'y repose : Rien n'est plus commun que ce nom, Rien n'est plus rare que la chose.
Text Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "Parole de Socrate", written 1668, appears in Fables, Livre IV, no. 17
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Squatters  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Une Lice étant sur son terme, Et ne sachant ou mettre un fardeau si pressant, Fait si bien qu'à la fin sa Compagne consent De lui prêter sa hutte, où la Lice s'enferme. Au bout de quelque temps sa Compagne revient. La Lice lui demande encore une quinzaine ; Ses petits ne marchaient, disait-elle, qu'à peine. Pour faire court, elle l'obtient. Ce second terme échu, l'autre lui redemande Sa maison, sa chambre, son lit. La Lice cette fois montre les dents, et dit : "Je suis prête à sortir avec toute ma bande, Si vous pouvez nous mettre hors." Ses enfants étaient déjà forts. [Ce qu'on donne aux méchants, toujours on le regrette. Pour tirer d'eux ce qu'on leur prête, Il faut que l'on en vienne aux coups ; Il faut plaider, il faut combattre. Laissez-leur prendre un pied chez vous, Ils en auront bientôt pris quatre.]1
Text Authorship:
- by Jean de La Fontaine (1621 - 1695), "La Lice et sa Compagne", written 1668, appears in Fables, Livre II, no. 7
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View original text (without footnotes)1 omitted by Schmitt.
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