Si tant de maux passez ne m'ont acquis ce bien, Que vous croyez au moins que je vous suis fidelle, Ou si vous le croyez, qu'à la moindre querelle Vous me faciez semblant de n'en plus croire rien ; Belle, pour qui je meurs, belle, pensez vous bien Que je ne sente point cette injure cruelle ? Plus sanglante beaucoup, que la peine éternelle Où malgré tout le monde encor je me retiens, Il est vray toutesfois, vos beautez infinies, Quand je vivrois encor cent mille et mille vies, Ne se pourroyent jamais servir si dignement Que je ne fusse à leur valeur parfaicte : Mais croyez-le ou non, la preuve est toute faicte Qu'au près de moy, l'amour aime imparfaitement.
Quatre Sonnets de J. de Sponde
by Robert Caby (1905 - 1992)
1. Sonnet IX  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Authorship:
- by Jean de Sponde (1557 - 1595), written 1575
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]2. Sonnet VII  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Si j'avais comme vous, mignardes colombelles, Des plumages si beaux sur mon corps attachés, On aurait beau tenir mes esprits empêchés De l'indomptable fer de cent chaînes nouvelles, Sur les ailes du vent je guiderais mes ailes, J'irais jusqu'au séjour où mes biens sont cachés, Ainsi, voyant de moi ces ennuis arrachés, Je ne sentirais plus ces absences cruelles. Colombelles, hélas ! que j'ai bien souhaité Que mon corps vous semblât autant d'agilité, Que mon âme d'amour à votre âme ressemble : Mais quoi ! je le souhaite, et me trompe d'autant. Ferais-je bien voler un amour si constant D'un monde tout rempli de vos ailes ensemble ?
Authorship:
- by Jean de Sponde (1557 - 1595), written 1575
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]3. Sonnet XIX  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Je contemplais un jour le dormant de ce fleuve Qui traîne lentement les ondes dans la mer, Sans que les Aquilons le fassent écumer Ni bondir, ravageur, sur les bords qu'il abreuve. Et contemplant le cours de ces maux que j'épreuve, Ce fleuve, dis-je alors, ne sait que c'est d'aimer ; Si quelque flamme eût pu ses glaces allumer, Il trouverait l'amour ainsi que je le treuve. S'il le sentait si bien, il aurait plus de flots, L'Amour est de la peine et non point du repos, Mais cette peine enfin est du repos suivie, Si son esprit constant la défend du trépas ; Mais qui meurt en la peine il ne mérite pas Que le repos jamais lui redonne la vie.
Authorship:
- by Jean de Sponde (1557 - 1595), written 1575
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]4. Sonnet sur la mort IX  [sung text not yet checked]
Language: French (Français)
Qui sont, qui sont ceux-là, dont le coeur idolâtre Se jette aux pieds du Monde, et flatte ses honneurs, Et qui sont ces valets, et qui sont ces Seigneurs, Et ces âmes d'Ebène, et ces faces d'Albâtre ? Ces masques déguisés, dont la troupe folâtre S'amuse à caresser je ne sais quels donneurs De fumées de Cour, et ces entrepreneurs De vaincre encor le Ciel qu'ils ne peuvent combattre ? Qui sont ces louvoyeurs qui s'éloignent du Port ? Hommagers à la Vie, et félons à la Mort, Dont l'étoile est leur Bien, le Vent leur fantaisie ? Je vogue en même mer, et craindrais de périr Si ce n'est que je sais que cette même vie N'est rien que le fanal qui me guide au mourir.
Authorship:
- by Jean de Sponde (1557 - 1595), written 1575
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Researcher for this text: Emily Ezust [Administrator]Total word count: 478